Ce nouvel objet connecté trouvera-t-il sa place sous votre sapin de noël en fin d'année ? C'est le souhait de Loïc Griffié et Yann Lecommandoux, deux technophiles bordelais, qui se targuent de mettre sur le marché Slide-R, la première planche de surf intelligente et connectée. Concrètement, un boîtier de 70 grammes logé au cœur de la planche permet de mesurer toute une série d'indicateurs sur la performance sportive : temps de rame, nombre de vagues, distance sur la vague, localisation précise, tracé, nombre de sauts, etc.
"Ces données seront disponibles dès la première version mais nous prévoyons ensuite de pouvoir mesurer la hauteur et la distance des sauts voire même, à terme, d'identifier le type de manœuvres réalisées", explique Loïc Griffié, 40 ans, l'un des deux fondateurs.
A l'issue de chaque session de surf, les données sont restituées automatiquement, via bluetooth ou wifi, vers une application dédiée. Les deux créateurs promettent une autonomie de batterie de 580 heures rechargeable par photovoltaïque et par un chargeur à induction, compatible notamment avec l'allume-cigare d'un véhicule.
Une planche 100 % made in France
Si des projets comparables ont déjà été imaginés par d'autres acteurs ces dernières années, notamment le Coréen Samsung et l'Espagnol Pukas, ils sont restés à l'état de prototype ou de coup de pub. "A notre connaissance, en termes de planche de surf connectée sans add-on et avec un process industrialisé, notre produit est une innovation au plan mondial", indique Loïc Griffié. Le projet Slide-R est le fruit de près de trois ans de travail de recherche et développement et d'un investissement de l'ordre de 300.000 euros financés avec l'aide du label French Tech, du Réseau Entreprendre Aquitaine, d'Initiative France, de la BPI et de l'accélérateur Héméra Bordeaux.
Fait remarquable : toute la chaîne de conception-réalisation est située en France. La R&D, la fabrication de l'application et la data intelligence sont localisées à Bordeaux, la fabrication des planches a été confiée à la référence UWL-Surfboards, à Angoulins, près de La Rochelle, tandis que les cartes électroniques sont conçues à Caen, par l'entreprise Ob'dO Contact Agile, et produite à Boulazac, en Dordogne. Enfin, les moules et les plastiques du capteur viennent de Nantes et le film promotionnel sera le fruit d'une collaboration entre le surfeur et réalisateur Thomas Queyraud (Carcans) et le surfeur professionnel Ugo Robin (Hossegor).
Un objectif de 60 précommandes d'ici fin 2017
Premier crash-test en conditions réelles : la période de pré-commande du 1er au 31 décembre 2017. Surf'in ambitionne de vendre 60 planches, à comparer à un marché mondial de l'ordre de 400.000 planches neuves par an. Les planches Slide-R, taillées sur mesure pour chaque acheteur, seront proposées à partir de 750 euros pièce, un tarif préférentiel appelé à évoluer en 2018. Pour la suite, Loïc Griffié préfère rester prudent :
"Il est trop tôt pour fixer un objectif pour l'année 2018. On va voir comment se déroule la phase de pré-commande. Mais au-delà des chiffres de vente, on se concentrera également sur des partenariats avec des industriels et des équipementiers pour répondre à leurs besoins spécifiques."
Si tout se passe bien Surf'in ambitionne des recrutements l'an prochain dans le domaine du design de produit et en matière d'algorithmes.
L'enjeu des données personnelles
En ce qui concerne l'enjeu du traitement des données personnelles, qui pourraient grandement intéresser des équipementiers, par exemple, Loïc Griffié se veut rassurant : "Les données collectées appartiennent à l'utilisateur qui peut les consulter et les utiliser". Néanmoins Surf'in n'exclut pas, dans un second temps, "des projets d'utilisation de ces données, anonymisées évidemment, pour aider des équipementiers à affiner leurs produits, notamment le design des planches en fonction de l'usage."
Pour l'heure, les deux fondateurs assurent se concentrer uniquement sur la collecte et le rendu des données et ne veulent pas s'éparpiller. "Nous avons appris de notre premier projet, le réseau social sur le surf lancé en 2015, qui proposait trop de fonctionnalités et n'a finalement pas rencontré son public", relate, lucide, Loïc Griffié. Malgré un millier d'utilisateurs inscrits, le réseau a finalement été débranché. Pas de quoi déstabiliser l'entrepreneur girondin : "C'était un projet bac-à-sable avec lequel on a beaucoup appris et qui nous laisse des briques à réutiliser, par exemple, dans l'application liée aux planches Slide-R". De quoi prendre la prochaine vague du bon pied.
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