Moon Harbour, le whisky de Bordeaux cornaqué par un Ecossais

La distillerie bordelaise Moon Harbour est désormais opérationnelle. Ses barriques de whisky vieilliront pendant trois ans dans un ancien bunker de l’armée allemande, derrière la base sous-marine.
Le premier des deux alambics de la distillerie, fabriqué par la maison Stupfler à Bègles.

Après la pose de la première pierre, en décembre 2016, la distillerie bordelaise Moon Harbour, première du genre dans le port de la Lune, a été inaugurée le 7 septembre en présence de Virginie Calmels, 1re adjointe (LR) au maire de Bordeaux, Alain Juppé, vice-présidente de Bordeaux Métropole, Philippe Dorthe, conseiller régional (PS) de Nouvelle-Aquitaine, conseiller départemental de la Gironde, des deux associés à l'origine de ce projet : Yves Médina et Jean-Philippe Ballanger, président de Jock, et du maître distillateur et assembleur écossais John McDougall, spécialiste mondialement reconnu du whisky, qui supervise ce projet depuis l'origine.

Comme l'avait précédemment expliqué Jean-Philippe Ballanger à La Tribune, Moon Harbour est une autre façon de dire port de la Lune, avec une consonance plus proche d'Aberlour, whisky bien connu à l'international, que Port of the Moon, qui vient plus spontanément à l'esprit.

Moon Harbour

Yves Médina, Philippe Dorthe, Virginie Calmels, Jean-Philippe Ballanger (Agence Appa)

Un chai taillé à la scie à fil de diamant

La nouvelle distillerie, qui donne sur le boulevard Alfred Daney, est adossée à un énorme bunker allemand construit derrière la base sous-marine pendant l'Occupation, à proximité immédiate du quartier des Bassins à flot (quartier Bacalan). Cet impressionnant réservoir, d'une capacité de 4 millions de litres, est un cylindre posé à l'horizontale presque entièrement clos par 4,50 mètres de béton armé. Une coque à l'épreuve des bombes construite par des prisonniers de guerre essentiellement républicains espagnols. Il n'a pourtant jamais approvisionné le moindre sous-marin allemand ou italien en carburant ni reçu la plus petite goutte de fioul pendant la dernière guerre mondiale.

"Il a fallu tailler ce réservoir à la scie à fil de diamant pour percer une entrée. Comme Bordeaux a été bombardé pendant la guerre, nous avons d'abord été obligés de faire une recherche de bombe" relève Jean-Philippe Ballanger.

Moon Harbour

Le réservoir à l'intérieur du bunker avant la soirée d'inauguration (Agence Appa)

Les spécialistes n'ont repéré aucune bombe oubliée à proximité de ce chai en béton armé, qui a nécessité 400.000 € de dépenses en travaux, sur un investissement global de 3 M€. Un lieu d'autant plus stratégique que ce réservoir va servir au stockage des barriques du premier vrai whisky bordelais.

Barriques de Sauternes et de rouge Pessac-Léognan

Pour pouvoir prétendre au nom de whisky, l'alcool de malt distillé doit vieillir pendant trois ans. Ainsi la première bouteille de Moon Harbour 100 % port de la Lune ne sera pas disponible avant 2020. Si le malt est cultivé à quelques kilomètres de Bordeaux, à Saint-Jean-d'Illac, la distillerie est équipée d'un premier alambic qui a été fabriqué encore plus près : à Bègles, par la maison Stupfler. La distillerie atteindra son potentiel de production nominal après l'installation du deuxième alambic.

"Il devrait être ici dans trois semaines, précise Jean-Philippe Ballanger. En vitesse de croisière la distillerie produira en moyenne 612 litres d'alcool par jour. Et dans un an nous commencerons à vendre notre première production, ce ne sera pas du whisky et nous l'appelleront Malt" éclaire le patron de Jock.

Moon Harbour

Le coeur de la distillerie de Moon Harbour (Agence Appa)

L'équation d'un bon whisky tient selon Maître McDougall à 50 % à la qualité du malt, à 50 % à celle de l'alambic et à 150 % à celle de la barrique ! D'où l'importance de faire le bon choix... Les whiskys bordelais seront finis dans des barriques ayant contenu du Sauternes tandis que d'autres le seront dans des futs imprégnées par les vins rouges, en particulier le Château La Louvière (Pessac-Léognan).

Côté distribution, les fondateurs de Moon Harbour ont passé un accord avec la maison de négoce bordelaise Mähler-Besse, qui va distribuer la production en France via 55 agents commerciaux, et entamer les ventes à l'export en Chine et au Brésil. C'est que Moon Harbour a déjà réalisé deux whiskys sous-titrés Pier 1 et Pier 2, pas encore pleinement bordelais, mais quand même marqué par des barriques de Sauternes et de La Louvière et griffés par John McDougall. Le grand maître écossais a tellement confiance dans le projet qu'il a préféré être rémunéré sur les ventes de Moon Harbour plutôt qu'en monnaie sonnante et trébuchante...

Moon Harbour

Vue du bunker de la distillerie où vont vieillir les barriques de whisky (Agence Appa)

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Commentaires 3
à écrit le 05/12/2017 à 10:31
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adepte de très bon whisky voila enfin sur BORDEAUX 2 audacieux qui nous proposent un EXCELLENT WHISKY DIGNE DU NOM DE BORDEAUX BRAVO!!!! A quand la dégustation sur les lieux

à écrit le 26/09/2017 à 9:12
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Très belle initiative Très beau projet J'irai certainement visiter Aprés 20 ans dans les spiritueux et entre autres les whiskies Je trouve ce challenge très intéressant Encore bravo Et tous mes souhaits de reussite

à écrit le 19/09/2017 à 9:45
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A part les single malt , japonais, ecossais ou de chez nos amis Irish, le reste c'est de la bibine.

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