A Bordeaux REGARD scrute l’eau pour mater les micropolluants

Le programme de recherche REGARD doté de 3,3 M€ associe Bordeaux Métropole, des universitaires bordelais et Suez, via son centre de recherche bordelais le LyRE a un objectif ambitieux : la réduction de la présence de micropolluants notamment les rejets médicamenteux, dans les eaux. Explications.
Comprendre l'origine des micropolluants pour mieux freiner leur rejet en milieu naturel, tel est l'objet de l'étude pluridisciplinaire REGARD portée par Bordeaux Métropole et coordonnée par le centre de recherche le LyRE de Suez Eau France.

Il y a quelques jours, Anne-Lise Jacquet, vice-présidente de Bordeaux Métropole en charge  de l'eau et de l'assainissement, Nicolas Gendreau directeur de l'eau à Bordeaux Métropole, et Mélodie Chambolle, directrice adjointe du LyRE, centre de recherche sur l'eau du groupe Suez basé à Bordeaux, ont reçu un prix national (Prix environnement et santé du groupe pharmaceutique LFB), à Paris. Un prix remis par le climatologue Jean Jouzet (Prix Nobel de la paix 2007 en tant que membre du Giec) qui récompensait autant la nature même du projet porté par Bordeaux Métropole que son pilotage innovant.
Un pilotage qui, depuis mars 2015 et le lancement du programme, associe le service de l'eau de Bordeaux Métropole à son délégataire de service public, Suez, via son centre d'études bordelais le LyRE qui coordonne sept équipes pluridisciplinaires de chercheurs issus des rangs des universités et des labos de Bordeaux.

3,3 M€ pour 4 ans d'une recherche tous azimuts

Distingué à l'occasion de la première édition des Prix Environnement et Santé ce programme REGARD (REduction et Gestion des micro-polluAnts sur la métRopole bordDelaise) fait partie des 13 projets de recherche retenus par le ministère de l'écologie. Des programmes destinés à lutter contre les micropolluants de l'eau. REGARD est plutôt richement doté puisque sur les 10 M€ consacrés aux 13 projets de recherche, il bénéficie à lui seul d'une enveloppe de 3,3 M€  (50 % financés par l'Office National de l'eau et des milieux aquatiques - Onéma, ainsi que par l'Agence de l'Eau Adour Garonne) "La métropole bordelaise s'intéresse depuis de nombreuses années à cette problématique des micro-polluants," rappelle Nicolas Gendreau, "ce thème est inscrit dans les relations contractuelles qui nous lient à notre délégataire Suez pour l'assainissement des eaux. Quand l'appel à projet a été lancé, nous avions donc de l'avance sur cette problématique."

Cibler l'amont de la pollution pour protéger l'eau rendue au milieu naturel

Une problématique ciblée il y a sept ans et identifiée dès mars 2014 avec les conclusions de l'étude ETIAGE. Réalisée par le CNRS et des Universitaires, comme les chimistes du réseau Epoc par exemple financée par l'Agence Adour Garonne, la métropole, Suez, l'Europe. ETIAGE avait pour but de comprendre l'impact des rejets d'effluents de l'agglomération bordelaise sur le fonctionnement de la Garonne estuarienne.

"L'étude ETIAGE a permis de faire le constat de la pollution, notamment la présence de métaux lourds, de micro-polluants et notamment de rejets médicamenteux" explique Anne-Lise Jacquet. "Nous savons aussi que malgré les importants investissements consentis pour rendre toujours plus efficace le fonctionnement des stations de traitement des eaux usées, l'évolution de nos modes de vie représente un challenge toujours plus relevé pour ces équipements et plus on en limite la quantité dans l'eau à traiter mieux c'est..."


Scruter les molécules, étudier nos comportements

C'est précisément pourquoi le programme de recherche REGARD ne se contente pas de scruter 250 molécules polluantes, il passe aussi au crible nos comportements.

"Nous avons constitué un consortium d'équipes pluridisciplinaires, issues de la recherche sur la chimie de l'environnement ou l'ecotoxicologie, bien sûr, avec l'UMR Epoc par exemple, mais aussi de la recherche en sociologie,en biologie, en économie et même en médiation scientifique puisque nous travaillons à des programmes de sensibilisation avec Cap Sciences par exemple" souligne Xavier Litrico, directeur du LyRE.


"Le but pour REGARD, c'est d'identifier les sources de pollution, de comprendre leur origine. Travailler sur des solutions de traitement à la source, notamment à la sortie des hôpitaux. Mais aussi de travailler sur les comportements qui vont nous permettre de limiter voire stopper nos rejets de micro-polluants, notamment médicamenteux" ajoute Anne-Lise Jacquet vice-présidente de Bordeaux Métropole en charge  de l'eau et de l'assainissement.

"Je dois reconnaître que je suis très fière de ce programme REGARD. De nombreux élus de villes qui comme Lyon, ou encore Toulouse ont choisi d'autres approches en termes de lutte contre les micro-polluants, regardent cette étude bordelaise avec beaucoup d'intérêt. C'est un beau projet, qui touche, in fine, toutes les strates économiques de notre société", glisse au passage l'élue métropolitaine.

Un projet à quatre ans qui arrive au bout de sa première phase.

"Il fallait pendant un an et demie analyser, échantillonner les micro-polluants pour prioriser les origines, domestiques, hospitalières, industrielle et pluviales, des pollutions. Ce travail de priorisation sera achevé mi 2017," précise Xavier Litrico.

"A l'issue, le groupe de recherche pourra émettre des préconisations, des solutions de traitement à la source" poursuit Nicolas Gendreau.

Il est certainement trop tôt pour dire cela, mais il se pourrait bien que le programme REGARD, et certains des autres projets de recherche en cours, puisse, à terme, servir de base scientifique et sociologique pour la mise en place de nouvelles normes dans le domaine de la bataille de la réduction des micro-polluants dans l'eau usée rendue, après traitement, au milieu naturel.

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