"Une smart city doit innover sur le long terme et prendre des risques contrôlés"

Conseiller communautaire de Bordeaux Métropole délégué à la Métropole numérique et maire de Carbon-Blanc, Alain Turby fait le point sur la démarche "smart city" de construction de villes plus connectées, créatives et durables. A quelques jours du 2e Forum Smart City Bordeaux, le 20 mai, il évoque notamment le déploiement prochain à grande échelle de l'application "Bordeaux en poche".
Alain Turby, conseiller de Bordeaux Métropole délégué à la métropole numérique et maire de Carbon-Blanc

Quels sont les projets et expérimentations notables qui verront le jour dans les prochains mois sur le territoire métropolitain en matière de smart city ?

"Après le passage de communauté urbaine à métropole, la première phase de la mutualisation des services numériques a donné lieu à la constitution d'un service commun métropolitain résultant de la fusion des services informatiques de neuf communes. Cette vaste réorganisation étant passée, les projets vont se succéder : déploiement de nouveaux services éducatifs numériques dans les écoles primaires de nombreuses communes, accélération du déploiement de la fibre optique, études pour un projet de wifi gratuit dans la métropole, développement de l'internet des objets, déploiement de services innovants dans le cadre de la Cité du vin et sur le territoire d'Euratlantique."

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Dans le développement de la smart city, la question des infrastructures est fondamentale. Comment éviter une fracture numérique entre la ville-centre et les communes en limite de la métropole ?

"Les besoins entre la ville-centre et les communes en limite de la métropole sont-ils identiques ? Je ne le pense pas. Cependant, je m'inscris dans un schéma de cohérence métropolitaine pour développer une politique qui allie équité et efficacité pour tous. Dans le domaine économique, j'ai proposé au conseil métropolitain une délibération qui a permis de prioriser les communes en limite de la métropole dans le déploiement de la fibre optique professionnelle Inolia. Cette démarche a commencé et provoque l'effet recherché : inciter les entreprises à pérenniser leur activité sur le territoire métropolitain et attirer de nouvelles activités sur notre territoire. Cela permet d'offrir un avantage concurrentiel à ces communes qui ont parfois des difficultés à lutter contre l'attractivité naturelle, notamment pour des raisons fiscales, des communes hors métropole. Aujourd'hui Inolia c'est plus de 700 sites raccordés sur le territoire métropolitain. Cela montre bien notre volonté d'offrir le meilleur service aux entreprises ayant des besoins spécifiques en la matière.
Pour ce qui est du FTTH (réseau de fibre optique jusqu'à l'abonné, NDLR), actuellement la ville centre connait un déploiement identique au reste de la métropole. L'Arcep, l'autorité de régulation des communications électroniques, distingue la zone très dense (ville centre) et la zone d'appel à manifestation d'intérêt d'investissement (villes périphériques). L'objectif de la convention signée avec Orange en 2013 fixe l'objectif d'une couverture de tout le territoire d'ici à 2020."

Quel bilan, combien d'utilisateurs et quels développements pour l'application "Bordeaux en poche" ?

"Une première version anticipée de l'application Bordeaux ma ville en poche a été lancée le 25 novembre 2015 afin de récolter des retours utilisateurs en grandeur nature dans un périmètre expérimental. Forts de ces retours (1.250 installations à ce jour) et accompagnés par une agence de conseil en expérience utilisateurs, les services mutualisés en charge du numérique à Bordeaux Métropole travaillent actuellement sur la version de déploiement dont la sortie est prévue pour la rentrée 2016. Le design de services et l'expérience utilisateurs, qui ont été au cœur de la dernière Semaine Digitale, sont désormais inscrits dans nos services de projets innovants."

Comment se situe Bordeaux en matière d'open data ? La démarche a été entreprise en 2010, un portail a été lancé en octobre 2012. Quel bilan, quelles applications concrètes sont nées concrètement ?

"Bordeaux, membre fondateur de l'association Open Data France, est un des territoires les plus actifs en matière d'open data. Avec 220 jeux de données en libre téléchargement, ce sont les informations en temps réel sur le transport qui semblent être les plus exploitées. Le propre de l'open data est précisément d'être ouvert et de ne pas réclamer à chaque entreprise ou particulier utilisant les données libérées de se signaler. Ce sont très probablement des dizaines de projets commerciaux et ou de recherche qui se sont ainsi appuyés sur les données libérées par la ville de Bordeaux et Bordeaux Métropole. Dans certains domaines, tels que les applications de transport qui ont fleuri sur Bordeaux, c'est probablement plus de 9 applications sur 10 qui utilisent, à un niveau ou à un autre, des données libérées."

La construction de la smart city passe par de l'expérimentation. Peut-on citer une ou deux réussites, et un ou deux échecs, qui ont fait avancer la métropole dans la réflexion ?

"Je suis tenté de prendre comme exemple de projet réussi le déploiement progressif de la e-éducation, et plus largement les usages du numérique dans les écoles primaires de nos communes. Et ceci pour plusieurs raisons : tout d'abord, parce qu'il s'agit d'un projet qui a été initié par quelques villes et qui fait l'objet d'une mise en commun d'expériences et d'une réelle mutualisation au niveau de Bordeaux Métropole. Mais aussi car il s'agit d'un projet qui a été conçu de façon très partenariale avec l'éducation nationale, qui accompagne les usages des enseignants par des formations et évalue les bonnes pratiques. C'est aussi de mon point de vue un projet exemplaire car il évolue, de façon souple, en fonction des besoins, en testant tout d'abord les nouveaux matériels, en vérifiant leur correspondance aux attentes des enseignants et des élèves, avant de les généraliser en accord avec l'Education nationale.
Vous me posez la question des prises de risque : nous avons tenté un projet d'avant-garde pour aller au-delà du simple matériel, dans le cadre d'un accord de recherche et développement sous l'égide du ministère de l'Education nationale, avec une société locale, Stantum. Il s'agissait de définir un environnement pédagogique complet pour l'élève, embarquant des outils facilitant l'échange de documentation et le suivi des activités. Hélas, les vents changeants de la politique nationale n'ont pas permis à cette société d'atteindre suffisamment vite ces objectifs, et nous le regrettons tous (la société Stantum a été liquidée, NDLR). L'expérience aura permis cependant de constituer une solide base de connaissances, et nous poursuivons une politique d'e-éducation innovante au service de nos élèves.
C'est aussi cette dimension qui définit en partie une smart city, un territoire digital et connecté : la capacité à innover sur le long terme mais aussi à prendre des risques contrôlés dans le but d'accroître le service rendu."

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