Okahina, vague artificielle d'un nouveau genre

Constatant l'émergence des vagues artificielles destinées à des fins récréatives et le développement du sport en milieu urbain, Laurent Héquily planche depuis plusieurs années sur un concept innovant. Plus besoin de bétonner : l'Aquitain a imaginé un système flottant beaucoup plus respectueux de l'environnement. Et l'on se prend à imaginer un Bordeaux-plage drainant les surfeurs, ou un spot au cœur de la Dordogne...
La vague Okahina peut s'installer en lac ou en milieu marin.

Soyons clair : qui n'est pas spécialiste de la mécanique des fluides risque de sévères nœuds aux méninges en essayant d'analyser les croquis. Laurent Héquily fait pourtant preuve de pédagogie. L'Aquitain suit de près ce qui agite l'industrie du loisir et a remarqué, comme d'autres, que les vagues artificielles intéressent de plus en plus. Un wave surf café a ainsi ouvert récemment à Bordeaux. C'est donc la course à l'armement pour certains, "avec un discours plutôt masculin : moi j'ai la plus grosse vague, moi j'ai la plus longue à surfer", sourit celui qui se positionne tout autrement.

Créateur de la startup Waveriding Solution, Laurent Héquily travaille sur son projet depuis plusieurs années et prêche pour une vague artificielle neutre ou presque pour la nature. Au début, les questions n'ont pas manqué au gré de ses rencontres, incluant des dialogues de sourds tels que celui-ci :

- "Est-ce que ça existe aux Etats-Unis ?"
- "Non."
- "Vous êtes ingénieur ?"
- "Non plus."
- "Alors ça ne peut pas marcher !"

Pas de bassin fermé, pas de béton

"La plupart des concepteurs de dispositifs à vagues dynamiques proposent aujourd'hui des vagues dans des bassins fermés avec un fond et des bords en béton, résume Laurent Héquily. Il s'agit d'installations artificielles qui coûtent extrêmement cher, consomment beaucoup d'énergie et ne peuvent s'amortir que dans de grands complexes."

L'innovateur a de son côté imaginé un système semi-naturel, inspiré des atolls et qui peut s'installer en lac ou en mer. Une mini-île flottante sur des ballasts, avec des modules qui tournent en périphérie et créent une onde qui part du fond et vient déferler vers son centre. Puis l'onde tombe dans un trou et elle est évacuée simultanément sous le plancher de l'île et par un principe de baïne, évitant d'envoyer l'onde vers l'extérieur en direction des berges. Laurent Héquily promet que le dispositif règle le problème de ressac constaté dans les installations en dur et réduit considérablement le temps d'attente avec une vague toutes les 15  secondes. La structure en composites est amarrée à des blocs en poutrelles métalliques servant de récifs à poisson. Pas d'eau à filtrer ni traiter, un simple plan d'eau suffit. Un brevet protège le concept, couvrant la technologie et la gestion des fluides.

"Avec cette vague artificielle baptisée Okahina Wave, pas besoin de couler 23.000 m3 de béton au fond, soit l'équivalent de 200 maisons ou de filtrer et traiter un volume d'eau équivalent à 11 piscines olympiques, argumente Laurent Héquily. Elle se monte et se démonte en quelques semaines, l'usager ne voit quasiment rien de la plage, nous sommes donc bien en adéquation avec les valeurs défendues par le surf et une démarche durable."

Vague Okahina

Un prototype d'ici l'été prochain

S'il évoque des prix pouvant atteindre 16 M€, voire plus pour un gros bassin à vagues conçu par certains concurrents, Laurent Héquily se refuse pour l'heure à donner un prix mais assure qu'il sera "beaucoup, beaucoup moins cher". Il dit avoir trouvé des partenaires industriels et que d'autres, financiers, sont prêts à le suivre. Leur identité reste aussi un mystère : "Ils sont étrangers, de pays émergents, et sont dans le secteur du divertissement." Un prototype de 25 m à l'échelle 1/4 est en train d'être installé dans son bassin et sera visible, après sa phase de tests, avant l'été prochain.

L'homme croit fermement en son projet, annoncé plus respectueux de la nature, plus aisé à gérer pour les opérateurs. Il rappelle aussi que Lacanau, haut lieu du surf, ne compte "que 120 jours de vagues à surf par an", que les spots basques sont à saturation et que des amateurs seraient sans doute partants pour quelques sessions urbaines en complément.

"Bordeaux est la première agglomération européenne en matière de surfeurs, martèle-t-il. Le surf est au stade du ski alpin à ses débuts. Il faut créer des infrastructures mais en travaillant de manière respectueuse de l'environnement."

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