Europlasma plombé par sa centrale aux déchets

Le chiffre d’affaires du groupe landais a augmenté en même temps que se creusaient ses pertes : contrecoup du coûteux réglage de sa centrale Cho Power, qui produit de l'électricité grâce aux déchets et à la biomasse.
Inertam (ici coulée d'amiante en fusion) s'impose comme le moteur d'Europlasma.

Le groupe Europlasma, à Morcenx (Landes), coté en Bourse et spécialiste des technologies propres utilisant la torche à plasma, a réalisé un chiffre d'affaires consolidé de 6,9 M€ au 1er semestre 2015, en hausse de 45 % par rapport à la même période en 2014. Cette hausse du chiffre d'affaires est essentiellement alimentée par l'activité historique du groupe landais : le traitement de l'amiante, assuré par la filiale Inertam. Celle branche a généré une activité de 5,7 M€ au 1er semestre 2015, soit 83 % du chiffre d'affaires consolidé d'Europlasma.

La direction du groupe, dont Jean-Eric Petit est le directeur général, se montre optimiste sur l'évolution de l'activité.

"Cette bonne performance s'explique par l'augmentation des volumes traités sur le semestre : 2.986 tonnes contre 1.785 tonnes au premier semestre 2014, confirmant ainsi les améliorations constatées. Cette performance démontre les progrès réalisés grâce à une meilleure rigueur d'exécution et sera pérennisée grâce aux investissements de fiabilité engagés fin 2014 et qui se poursuivront jusqu'en 2016", commente la direction.

Le four de la centrale nucléaire KNPP

Centré sur la vente des systèmes utilisant la solution plasma, Europlasma industries a également vu son chiffre d'affaires fortement grimper. Ce dernier a ainsi atteint 600.000 € au 1er semestre 2015 contre 61.000 € un an avant. La torche à plasma permet aussi de vitrifier les déchets faiblement radioactifs. L'équipement par Europlasma de la centrale nucléaire bulgare KNPP d'un four à plasma et la signature début 2015 d'un contrat en Chine sont à l'origine de cette progression. La branche Energies renouvelables, qui porte le développement de la nouvelle centrale électrique Cho Power, a par contre vu son activité se rétracter à 560.000 €, contre 1,1 M€ en 2014. Cho Power est un prototype innovant de centrale électrique fonctionnant à partir de l'incinération de déchets et de biomasse. Sa mise au point a enregistré d'importants retards, avec une révision de fond au 31 décembre 2014.

Le fardeau du renouvelable

La direction souligne que le chiffre d'affaires positif à 1,1 M€ au 30 juin 2014 de la branche Energies renouvelables a débouché sur un CA annuel négatif à - 638.000 €. Jean-Eric Petit se félicite ainsi du virage pris l'an dernier.

"Je suis très heureux de constater que les stratégies mises en place par la nouvelle équipe de direction 2014 donnent des résultats probants dans l'ensemble de nos activités", observe ainsi Jean-Eric Petit.

Le groupe n'est pas pour autant vraiment tiré d'affaires et le déficit s'est creusé de 22 % entre les premiers semestres 2014 et 2015, passant de - 7,9 M€ à - 9,7 M€. Ainsi, malgré son petit chiffre d'affaires de 560.000 €, soit 8 % du CA consolidé du groupe, la branche Energies renouvelables - sapée en particulier par les travaux de mise au point de Cho Power - a généré 85 % de la perte opérationnelle d'Europlasma, qui s'établit à 8,8 M€.

Cho Power, positions renforcées...

A l'inverse, l'activité Traitement de l'amiante, avec Inertam, s'est fortement redressée sur un an puisqu'elle a généré un résultat opérationnel positif, à + 249.000 €, contre une perte opérationnelle de 1,4 M€ au 1er semestre 2014. La branche Solutions plasma, "qui porte l'intégralité des coûts corporate du groupe", souligne la direction, affiche quant à elle une perte opérationnelle de 1,5 M€, en recul de 25 % sur un an. L'analyse faite par Jean-Eric Petit sur Cho Power a valeur d'indicateur pour le futur du groupe.

"Cet investissement continu et coûteux à Morcenx, reflété dans les pertes de Cho Power du 1er semestre 2015, a permis de réaliser les étapes majeures en vue du protocole de Far (acceptation définitive avec réserves pour final acceptance with reserves, NDLR). Il renforce également notre position sur le marché avec des barrières à l'entrée assises sur l'expertise et la propriété intellectuelle, comme en témoignent au quotidien les nombreuses sollicitations que nous recevons du monde entier", note ainsi le directeur général, fort des projets d'implantation en cours de négociation pour cette centrale.

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