Pourquoi Fermentalg a tout d'un futur champion industriel

Créée à Libourne en 2009, la société de biotechnologie industrielle Fermentalg vient de franchir un pas de géant vers l'industrialisation de son process unique au monde et breveté de production industrielle de microalgues. En posant la première pierre de son usine pilote, Fermentalg entend valider son modèle unique et s'imposer dans un marché des huiles et protéines, comme les oméga-3, qui pèse déjà plusieurs milliards de dollars.
La nouvelle unité de Fermentalg, baptisée Professeur Daniel Thomas, pionnier de la mixotrophie, va s'étendre sur 3.000 m2 et entrera en fonction en 2016

La mixotrophie à dominante hétérotrophe. Cela ne vous dit sans doute rien ou pas grand chose, mais sachez que sous ce jargon scientifique se cache la technologie unique au monde mise au point par l'équipe scientifique d'une PME de 60 salariés, créée en 2009 à Libourne en Gironde par Pierre Calleja. Cette société biotech, baptisée Fermentalg, a mis au point et maîtrise une technique qui à ce jour, elle-seule détient.

Partant du principe que les microalgues, capables de se multiplier à une vitesse surprenante et à partir desquelles on peut produire des huiles et molécules extrêmement utiles et recherchées, ne sont ni des plantes ni des animaux... mais un peu des deux, l'équipe de Pierre Calleja a défriché, parfois à contre-courant des convictions de certains autres scientifiques, une piste qui s'est avérée bonne et qui semble aujourd'hui mener vers la réussite industrielle... et commerciale.

Cette usine à 20 M€ n'est qu'une étape de l'industrialisation façon Fermentalg

C'est en tout cas l'objectif du deuxième "étage de la fusée Fermentalg" qui est en train de sortir de terre sur un terrain de 1,5 ha jouxtant ses laboratoires actuels. Moyennant un investissement de 20 M€, la société cotée en bourse, et qui dispose de 40 M€ en trésorerie brute, est en train de se doter de sa première usine pilote. Celle qui validera son process de production de microalgues à l'échelle industrielle. Cette unité, baptisée Professeur Daniel Thomas, pionnier de la mixotrophie, va s'étendre sur 3.000 m2. Elle va générer dans un premier temps une vingtaine de recrutements supplémentaires. Elle entrera en fonction véritablement pendant l'année 2016. "C'est un changement radical pour Fermentalg" assure Pierre Calleja, son fondateur et PDG. "Nous passons du laboratoire à la première étape industrielle. Première, parce que quand nous aurons validé notre modèle, Fermentalg passera à l'étape suivante : la très grande production industrielle !"

En attendant l'allumage du "troisième étage" de la "fusée", Fermentalg est désormais sur orbite pour faire sortir, dès 2016, des tonnes d'huiles et molécules très attendues sur les marchés de la nutrition humaine, animale, la santé, la cosmétique et même l'énergie.

Un marché européen à 1 Md€ ?

"Les besoins européens en DHA, qu'on connaît aussi sous le nom d'oméga-3, ou encore les acides EPA, sont énormes. Il faut savoir que pour être en forme, nous devons en assimiler chaque jour 125 mg via notre alimentation et notamment le poisson. Les besoins de l'Europe équivalent à 250.000 tonnes par an. Or, la pêche ne peut en produire que 120.000 tonnes par an. Et l'on sait que ce chiffre baisse d'année en année même si l'aquaculture est venue en support. Bref, le marché a besoin que nous produisions 175.000 tonnes de ses molécules chaque année. On peut estimer qu'en Europe, ce marché pèse 1 Md€."

A travers le monde et sans attendre Fermentalg, d'autres acteurs se sont lancés dans la production industrielle de microalgues et fournissent déjà des huiles et molécules qui en sont issues. Aux Etats-Unis par exemple, un acteur réalise déjà 1 Md$ de CA annuel "mais notre process est plus efficace, plus rentable, il assure une constance dans la production que les autres techniques ne garantissent pas. Enfin, la productivité de nos microalgues est 2,5 fois supérieure. Notre avantage concurrentiel est là notamment."

Le cap est mis sur 400 M€ de CA annuel

Cet avantage se cache sans doute aussi dans les 26 familles de brevets dont Fermentalg est propriétaire. La société en a déposé 6 rien que sur l'année 2014. Il se cache aussi dans sa "banque de microalgues souches" des championnes trouvées et sélectionnées un peu partout de le monde et qui constituent le "véritable trésor" de la biotech, qui quand son usine sera au maximum de sa capacité pourra générer 400 M€ de chiffre d'affaires annuel.

"Il sera alors temps de passer à l'échelle supérieure vers des usines beaucoup plus vastes. Ce ne sera pas à Libourne, ce ne sera peut-être pas en France, ou en tout cas pas seulement en France car nous devrons être installés au plus près de la demande et des marchés" prophétisait hier Pierre Calleja. En 2014, grâce notamment à des partenariats avec des industriels comme Sofiprotéol (récemment devenu Groupe Avril), Fermentalg a réalisé 900.000 euros de CA, contre 181.000 € en 2013.

Vraisemblablement, si la société transforme l'essai industriel dans sa nouvelle usine, ces chiffres pourraient bien faire comme les microalgues boostées à la mixotrophie à dominante hétérotrophe : se multiplier.

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Commentaires 3
à écrit le 01/01/2016 à 18:40
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Dommage que l industrialisation ne se fasse pas à Libourne et peut être même pas en France alors que cette société à bénéficie de beaucoup d aide du conseil régional d aquitaine pour se développer.

à écrit le 14/02/2015 à 9:25
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Malheureusement, cet histoire ne passera pas au JT de 20 h...

à écrit le 14/02/2015 à 6:38
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Bravo. Plus qu'à vendre aux US et ça aura vraiment tout de la sucess story française.

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