LGV Bordeaux - Toulouse et Bordeaux - Dax : les pour et les contres s'écharpent

Samedi, le gouvernement a validé la réalisation des lignes à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, dans le cadre du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), malgré l'avis négatif de la commission d'enquête publique. Les défenseurs du projet se frottent les mains alors que les opposants tempêtent.
Les liaisons LGV Bordeaux - Toulouse et Bordeaux - Dax sont envisagées respectivement à l'horizon 2024 et 2027.

Le ministre des Transports, Alain Vidalies, a lâché l'information tant attendue samedi :

"J'ai averti aujourd'hui Alain Rousset, Alain Juppé et Martin Malvy de la décision prise par le gouvernement de continuer la procédure GPSO sur les deux lignes vers Toulouse et vers Dax sur laquelle la commission d'enquête publique avait émis un avis négatif", en raison, notamment, d'un coût estimé à 8,3 milliards d'euros.

Selon le ministre , "les arguments en matière d'aménagement du territoire pour tout l'Arc atlantique, qui est en retard sur le développement de la grande vitesse par rapport à l'Arc méditerranéen" ont pesé dans la décision du gouvernement.

Un décret "dans les prochains jours"

Le décret de déclaration d'utilité publique devrait être signé "dans les prochains jours" d'après le Conseil régional d'Aquitaine.

Mais la tension ne semble pas prête à retomber entre les pour et les contre, en témoignent ces réactions glanées :

Alain Rousset, président du Conseil régional d'Aquitaine, député, candidat socialiste aux Régionales :

"C'est une excellente nouvelle pour le sud de l'Aquitaine et pour la future grande région Aquitaine - Limousin - Poitou-Charentes dont la LGV Paris-Dax sera l'épine dorsale. A quelques semaines de la COP21, le Gouvernement donne un signe fort aux élus du Grand Sud-Ouest qui n'ont pas cessé d'expliquer que leur territoire ne devait pas demeurer abandonné par la grande vitesse ferroviaire. La LGV est indispensable à la compétitivité des territoires, à celle des entreprises, à l'industrie touristique et à la création d'emplois, tout en étant le mode de transport le plus efficace pour concurrencer la route et lutter contre les émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique."

Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole :

Laurent Courbu, président de la Chambre de commerce et d'industrie Aquitaine :

"Le GPSO est le symbole d'une euro-région forte ! L'espoir de voir triompher le bon sens d'une liaison vers le Sud a été plus fort. C'est une porte ouverte à l'attractivité, la compétitivité, le rapprochement des centres de décisions et l'offre en infrastructures de transports complète. Le 20 novembre dernier, la CCI Aquitaine avait d'ailleurs voté une motion en faveur de ce projet nécessaire. Un oui à la LGV vers l'Espagne relayée par toutes les CCI qui avaient compris depuis longtemps que leur développement passait par cet investissement. (...) La concrétisation de ce projet GPSO permettra de tendre la main à nos voisins et amis espagnols en créant les conditions de réussite d'une euro région exemplaire."

Henri Emmanuelli, député PS et président du Conseil départemental des Landes :

Ce qu'en pense la Fédération nationale des associations d'usagers des transports Aquitaine :

"Cette signature reste une bonne nouvelle pour les usagers des transports et ce pour plusieurs raisons : mutualisation des deux lignes jusqu'au triangle de Bernos-Beaulac minimisant l'impact environnemental et les coûts ; liaison directe Espagne-Toulouse par le triangle de Bernos-Beaulac ; réduction notable des temps de parcours ferroviaires entre Bordeaux et les principales agglomérations de la région permettant une alternative réaliste à la voiture ; libérations de sillons pour le fret, les TER et Intercités sur les lignes classiques vers Langon, Agen, Marmande et Arcachon, Bayonne ; sortie par Bègles qui évite le passage en trois ou quatre voies à Talence, Pessac et Cestas en protégeant le bâti existant ; mettre Toulouse à 3 h de Paris et devenir concurrentiel face à l'avion en permettant un report modal crédible. Certes les deux lignes seront achevées dans 9 ans pour Bordeaux-Toulouse et 12 ans pour Bordeaux-Dax. Au vu des investissements indispensables au maintien du réseau classique, on peut comprendre que l'Etat étale ses dépenses."

Les contres enragent

La décision fait grincer des dents certains, comme le conseiller régional (sans étiquette) d'Aquitaine Patrick Beauvillard :

Ou le député européen José Bové :

Jacques Colombier, conseiller municipal et métropolitain de Bordeaux, tête de liste du FN aux Régionales :

Fervent opposant au GPSO, le député socialiste girondin Gilles Savary était aussi rapporteur de la loi du 4 août 2014 portant réforme ferroviaire :

"Cet arbitrage intervient alors que le système ferroviaire français ne cesse de creuser son endettement, établi à ce jour à 44 milliards d'euros, et qu'aucune solution alternative moins coûteuse pour relier Toulouse à Paris et Bordeaux à l'Espagne à plus de 250 km/h (définition européenne de la grande vitesse ferroviaire) n'a été envisagée. Elle n'apporte pour autant aucune solution aux dessertes ferroviaires de Toulouse et de l'Espagne avant 2025/2030, car les projets colossaux du Tunnel Lyon-Turin et du Canal Seine Nord, pourtant exclus des conclusions prudentes de la Commission Mobilité 21, ont été confirmés et nécessitent des dépenses considérables imprévues." Gilles Savary "regrette que l'Etat oublie de préciser comment il financera ce projet, alors qu'il ne cesse de professer la réduction de la dette publique, la rigueur budgétaire et la maîtrise fiscale."

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Commentaire 1
à écrit le 28/09/2015 à 19:17
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Tout le monde se réjouit (ou pas), sauf les Palois et les Tarbais, comme d'habitude les grands oubliés du grand Sud-Ouest ...

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