C'est dans un stade quasi essentiellement fait d'acier que le 23 mai prochain, les Girondins de Bordeaux affronteront l'équipe de Montpellier en match inaugural. L'acier est partout, ou presque. La charpente du toit, l'habillage intérieur, extérieur, la structure des tribunes, les poteaux, poutrelles. A Bordeaux, pour des raisons techniques et aussi économiques, il fallait construire ce stade de 42.000 places avec une enveloppe travaux de 186 M€ (moins que le montant de la seule rénovation/extension de celui de Marseille), l'acier a nettement gagné le match face au béton.

"Avec le béton, nous n'aurions pas réussi à construire ce stade tel qu'il est aujourd'hui, aussi spectaculaire, voire iconique si l'on en croit les tour-opérateurs allemands qui  veulent ajouter le stade à leur offre touristique concernant la destination Bordeaux", assure Dominique Fondacci, président de Stade Bordeaux Atlantique, financeur, concepteur, constructeur et gestionnaire pour 30 ans de l'équipement.
Il eut été impossible, sans donner la primeur à l'acier, de construire un stade comme celui-là en restant dans l'enveloppe financière accordée par la mairie de Bordeaux", précise-t-il.

Pour avoir une idée de l'importance de ce matériau dans la réalisation du stade de Bordeaux, il suffit de comparer avec des stades récemment construits ou rénovés.
A Marseille, l'imposante charpente des nouvelles tribunes a nécessité 7.500 tonnes d'acier. Le stade de Nice a mobilisé 6.100 tonnes d'acier. A Bordeaux, il aura fallu 12.300 tonnes de métal, presque l'équivalent de deux Tour Eiffel, pour réaliser l'ouvrage dessiné par les Suisses Herzog & de Meuron.

ArcelorMittal : "Le nouveau stade sonne le retour de l'acier dans la construction"

L'aciériste ArcelorMittal (79,4 Md$ de CA) qui emploie 22.000 personnes en France, dont un peu moins de 500 en Aquitaine (sites de distribution et de stockage, centres de services à Périgueux, Langon, Cérons et Marcheprime) est le fournisseur de cet acier présent sous toutes les formes ou presque dans le Nouveau Stade de Bordeaux. Un acier qui a mobilisé, pour sa transformation, sa mise en place, sept sociétés du groupe bordelais Fayat, au premier rang desquelles on trouve sa filiale gersoise Castel & Fromaget.

"Pour nous, qui souhaitons nous renforcer dans le secteur de la construction, ce stade constitue une formidable vitrine", reconnaissait ce midi Hervé Bourrier, directeur général d'ArcelorMittal France. Le groupe leader mondial de l'exploitation sidérurgique et minière assure que si les grandes longueurs ont été produites par ses usines d'Espagne et du Luxembourg, tout l'habillage métallique du stade a été réalisé à 100 % en France, à Haironville, Contrisson et Strasbourg.

"Le Nouveau Stade de Bordeaux sonne le retour de l'acier, un matériau recyclable à l'infini qui offre, grâce à sa résistance et à son poids, beaucoup plus de possibilités techniques, esthétiques et innovantes que le béton", poursuit Hervé Bourrier.

Le béton, choix de la facilité ?

"Si seulement pour l'acier dans la construction, ce stade pouvait faire des émules en France" soupirait ce matin Michel Julien-Vauzelle, directeur général de la Fédération française de la distribution de métal."Pour le moment, la France est en retard par rapport à beaucoup de pays développés quant à l'utilisation de métaux dans la construction. Elle donne trop souvent la primeur au béton. Cela plombe notre activité, mais cela limite aussi, à mon sens, l'audace des architectes !"

Certains acteurs de la filière métal estiment que si, jusqu'à aujourd'hui, le béton prend souvent le pas sur l'acier dans la construction, cela tient principalement au fait que pour les bureaux d'études, les calculs sont plus compliqués à faire quand il s'agit de réaliser des ouvrages métalliques. Les producteurs de béton leur proposeraient des solutions plus simples à mettre en action...

Difficile de dire aujourd'hui si le geste architectural du Nouveau Stade de Bordeaux changera durablement la donne et signera le début d'une nouvelle ère pour l'acier dans la construction, mais ce qui est certain, c'est que le métal sort grand gagnant, 85 (%) à 15, dans le match symbolique qui l'a opposé au béton pour la création du futur écrin des Girondins de Bordeaux.