Aéronautique et spatial : la chaîne d’approvisionnement suit la cadence

Tout va bien pour la filière aéronautique et spatiale dans le Grand Sud-Ouest. L’Insee a dévoilé hier le résultat de son enquête menée au printemps 2016. Résultats 2015, perspectives pour 2016, la chaîne d’approvisionnement (sous-traitants, fournisseurs et prestataires de services) des anciennes régions Aquitaine et Midi-Pyrénées a été étudiée à la loupe. De manière générale, la filière qui employait près de 130.000 personnes en 2015 est solide et arrive à suivre la cadence.
La filière aéronautique et spatiale dans le Grand Sud-Ouest comptait près de 130.000 emplois salariés en 2015.

Chaque année, les deux directions régionales de l'Insee s'associent pour mener une enquête auprès des établissements de la filière aéronautique et spatiale implantés dans le Grand Sud-Ouest. L'année 2016 n'a pas dérogé à la règle. Au printemps de l'année dernière, les entreprises de la chaîne d'approvisionnement du secteur ont répondu en révélant leur bilan de l'année 2015, et en dévoilant leurs perspectives pour la fin d'année 2016. Globalement, la filière est solide. "C'est une chance pour l'emploi" confie Véronique Decret de l'Insee Nouvelle-Aquitaine.

Près de 130.000 emplois salariés en 2015

La filière aéronautique et spatiale, qui comprend les grands donneurs d'ordre (Airbus, Dassault, Boeing...) et leur chaîne d'approvisionnement, est une composante essentielle de l'emploi régional du Grand Sud-Ouest constitués des deux ex-régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. A noter toutefois des disparités selon les zones d'emploi : celle de Toulouse concentre 65 % des emplois de la filière, celle de Bordeaux 14 %. Viennent ensuite par ordre d'importance décroissante, les zones d'emploi de Pau, Bayonne, Tarbes et Figeac. De manière générale, la filière regroupait, fin 2015, 1.064 entreprises employant près de 130.000 personnes (près de 98.000 en ex-Midi-Pyrénées et plus de 31.000 en ex-Aquitaine), soit 10 % de l'emploi salarié privé, dont 110.000 emplois dédiés à l'activité aérospatiale.

L'emploi dans l'industrie de la filière aéronautique et spatiale représente 30 % de l'emploi industriel du Grand Sud-Ouest avec 85.000 emplois. Le secteur de la construction aéronautique et spatiale est le premier employeur de la filière, celui de l'ingénierie et des activités scientifiques et techniques arrivent en deuxième position.

La croissance de l'emploi dans l'ensemble de la filière se poursuit en 2015 (+ 2,5 %). Elle est particulièrement marquée dans la chaîne d'approvisionnement, dont les effectifs progressent de 3,6 % en 2015.

12,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires, + 8,3 %

L'Insee, lors de cette enquête, ne s'est justement intéressée qu'à la chaîne d'approvisionnement à savoir les sous-traitants, fournisseurs et prestataires de services. Il en ressort que dans le domaine aéronautique et spatial, le chiffre d'affaires lié aux commandes des constructeurs et motoristes accélère sa progression en 2015 (+8,3 % après +4,1 % en 2014), pour s'établir à 12,2 milliards d'euros. La supply chain aéronautique génère un chiffre d'affaires de 11,5 milliards d'euros, soit une croissance de 8,5 %. Le chiffre d'affaires lié aux commandes du spatial atteint 680 M€ en 2015, en hausse de 5 % par rapport à 2014.

Le dynamisme de l'activité et de l'emploi reprend ainsi de la vigueur après deux années de modération et bénéficie aux deux anciennes régions. Tous les secteurs sont en croissance. En tout, 3.000 emplois salariés supplémentaires ont été créées en 2015.

La chaîne d'approvisionnement sous tension en 2015

L'Insee relève qu'en 2015 la chaîne d'approvisionnement aéronautique doit toutefois s'adapter à des évolutions divergentes des cadences de production d'avions : hausse pour l'A320 et baisse sur d'autres programmes aéronautiques (A330) ou de certains segments du marché (jets d'affaires hélicoptères). "Mais globalement, l'augmentation des cadences de production se traduit par une montée de la pression" explique Guilhem Cambon de l'Insee Occitanie. L'industrie est la principale bénéficiaire de la progression des commandes aéronautiques.

A l'inverse, dans le spatial, l'activité concerne principalement les services spécialisés, essentiellement les services informatiques. Dans ce secteur, la concurrence commerciale et technique est toujours aussi vive en raison de la compétition entre les différents lanceurs et la multiplication des offres satellites.

Des travaux de R&D soutenus en 2015

Pour rester compétitives, les entreprises du domaine aérospatial de la chaîne d'approvisionnement maintiennent leurs investissements en recherche et développement. Elles sont 4 sur 10 à avoir engagé des travaux de R&D en 2015. Cela représente 4.100 emplois en équivalent temps plein. Les unités de grandes tailles sont les plus actives : 78 % des entreprises de 250 salariés ou plus ont une activité R&D dédiée à la filière aéronautique et spatiale.

Les entreprises sont donc en quête de financements pour investir. Dans la chaîne d'approvisionnement, 43 % recherchaient un financement en 2015. L'Insee relève des taux d'échecs faibles mais en progression. Ils diminuent généralement lorsque la taille de l'entreprise augmente.

La chaîne d'approvisionnement suit la cadence en 2016

Début 2016, la tendance est confirmée. La charge de travail s'alourdit dans la filière aéronautique et spatiale et s'approche du niveau de saturation des moyens de production. Les grands constructeurs aéronautiques sollicitent de plus en plus les entreprises de la chaîne d'approvisionnement du Grand Sud-Ouest. Le renforcement de l'activité dans l'industrie se constate dans tous les secteurs d'activité et les carnets de commande des services spécialisés se remplissent de nouveau. Dans le spatial, l'activité des entreprises des services spécialisés manque de dynamisme tandis que celle de l'industrie progresse. En 2016, les chefs d'entreprises prévoyaient une croissance renforcée des embauches par rapport à 2015.

Pour Agnès Paillard, présidente du pôle Aerospace Valley, cette enquête effectuée annuellement est une vraie opportunité :

"C'est une chance que beaucoup de pôles de compétitivité nous envient. On est d'ailleurs regardé d'un peu partout. Cela nous permet de tirer des enseignements. Nous avons la chance d'être un témoin et un acteur de cette filière qui donne plutôt de bons résultats malgré des hauts et des bas. Une grande partie de l'activité sous-traitée est faite localement par des acteurs français même s'il faut rester vigilant. C'est aussi un secteur qui continue à recruter, notamment en lien avec le numérique."

L'Insee a d'ores et déjà prévenu. Pour la prochaine enquête, ce sont les nouvelles régions qui seront prises en compte, à savoir la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie.

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