Emploi cadres : les clés pour s’implanter à Bordeaux

Dans une métropole bordelaise où le marché de l'emploi cadres sature, trouver une place peut relever du parcours du combattant. D'autant plus quand les nouveaux arrivants négligent de créer leur réseau et d'adapter leurs exigences aux spécificités locales. Le deuxième volet de notre enquête interroge plusieurs experts de l'emploi et du recrutement qui délivrent quelques conseils essentiels.
"L'effet réseau" semble être plus prononcé à Bordeaux que dans les autres métropoles de la façade atlantique.

Comme le montrait le premier volet de notre enquête sur l'emploi cadre dans la métropole bordelaise, le territoire ne crée pas assez de postes pour faire face à la demande. Le contexte est ultra-concurrentiel et les jeunes diplômés se disputent le marché avec des cadres locaux confirmés et les nombreux profils venant d'autres zones géographiques, essentiellement Paris, Toulouse et Nantes.

Lire aussi les 2 autres parties de notre enquête :
>> Bordeaux est-elle vraiment l'eldorado des cadres ?
>> Emploi cadres à Bordeaux : le top des filières à viser ou à éviter

Premier point pour s'insérer : il semble que les employeurs bordelais donnent une "prime au local".

"Il semble effectivement qu'il y ait un bonus pour ceux qui sont sur place", indique Benoît Meyer, directeur territorial Gironde de Pôle Emploi. "D'après nos chiffres, 78 % des cadres qui trouvent un emploi dans la métropole vivent en Gironde. A Nantes, ils ne sont que 72 % à vivre déjà en Loire-Atlantique et à Toulouse, 68 % à résider en Haute-Garonne. Ces éléments semblent confirmer que l'effet réseau est plus important ici qu'ailleurs."

Danielle Sancier, déléguée pour la Nouvelle-Aquitaine de l'Apec, aurait tendance à tempérer ce phénomène "pas si important qu'on le dit", sans le négliger pour autant. Pour Tony Lourenço en revanche, dirigeant bordelais du cabinet de recrutement Territoires RH, "Bordeaux est clairement une ville de réseaux. Mais les quelques personnalités qui sont à la croisée de l'offre et de la demande sont déjà très sollicitées et donc difficiles à atteindre."

Anticiper et viser le marché caché

Ce constat amène Danielle Sancier à sa première recommandation à destination de ceux qui seraient tentés par la Gironde : "Des personnes peuvent être guidées par leur idée de quitter Paris et se disent que sur place, elle seront plus à même de prospecter. Mais il faut absolument anticiper avant de bouger." Tony Lourenço va dans le même sens :

"Je vois beaucoup de Parisiens qui prennent régulièrement leur vendredi pour venir voir trois ou quatre dirigeants dans la journée. Il est important de viser le marché caché de l'emploi, sans se contenter du seul marché visible extrêmement disputé, et donc adopter un esprit de défricheur. La stratégie passive est clairement à proscrire : ça ne fonctionne pas."

Ne pas fantasmer le marché bordelais

A l'Apec, on conseille vivement d' "avoir en tête les réalités du marché bordelais", poursuit Danielle Sancier :

"Il est essentiellement constitué de PME, de PMI, de startups et de quelques entreprises de taille intermédiaire. Il va falloir faire des ajustements : comment je m'adapte quand je viens d'un grand siège parisien ? Cela prend du temps mais c'est une étape incontournable. Sans même parler de salaire, on peut se retrouver sinon à chercher des postes et fonctions qui n'existent pas ici. De leur côté certaines entreprises cherchent des profils très hybrides qui ne correspondent pas vraiment à ceux des demandeurs d'emploi. C'est l'un des principaux défis des acteurs de l'emploi : rendre plus visible le potentiel local et travailler sur l'adéquation entre l'offre et la demande. Les efforts doivent venir des deux parties."

Benoît Meyer souscrit totalement à cette analyse :

"A Pôle Emploi nous constatons effectivement que certains cadres en provenance de Paris mettent du temps à s'adapter aux réalités bordelaises. Ce ne sont ni les mêmes salaires, ni les mêmes responsabilités. Nous les aidons donc à revoir leurs exigences et à travailler leur profil parfois trop pointu pour aller vers des fonctions plus opérationnelles. On trouvera à Bordeaux plus de postes pour des technico-commerciaux que pour des commerciaux grands comptes", illustre le directeur territorial Gironde.

Benoît Meyer repère également un autre facteur important pour s'insérer :

"Certains cadres choisissent de s'orienter vers une activité de conseil ou de formation alors que ces fonctions sont bouchées. En revanche, nous constatons à Pôle Emploi une augmentation des recrutements de courte durée ou d'intérim, plus forte qu'ailleurs. Ce n'est pas très courant pour des cadres de cibler ces offres mais il ne faut pas les bouder pour autant car elles peuvent s'avérer utiles pour se constituer un réseau. Je conseille également de ne pas hésiter à se former pour se reconvertir au moins en partie. Par exemple en développant des compétences commerciales pour un profil initialement plus orienté vers la technique. C'est un de nos sujets importants dans les semaines et les mois qui viennent pour Pôle Emploi."

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