"La Chance française", l’e-book qui "répond" à Zemmour

Ancien journaliste (RMC), chef d’entreprise dans le numérique depuis 1998 (Web Report), Benjamin Rosoor, spécialiste de l’e-réputation, vient de publier "La Chance française", aux éditions bordelaises bi-média Mobilibook. Un essai numérique interactif qui sonne comme une réponse au livre d’Eric Zemmour, "Le Suicide français" (Albin Michel), mais qui est aussi une invitation au débat.
En publiant (Editions Mobilibook) un essai, Benjamin Rosoor donne son avis sur la société française, son économie, son éducation... et prend l'analyse de certains observateurs comme Eric Zemmour à contre-pied.

C'est dans le train, pendant les très nombreux voyages entre Bordeaux et Paris qu'il effectue dans le cadre de ses activités professionnelles, il dirige la société Web Report spécialisée dans le community management et l'e-réputation, que Benjamin Rosoor a écrit ce qui constitue désormais l'essai "La Chance française", vendu en ligne 3,99 € et publié par Mobilibook, une maison d'édition bordelaise spécialisée dans le livre électronique.

Cet essai numérique, son auteur l'a voulu le plus interactif possible.

"J'y livre mon sentiment sur ce qu'est la France aujourd'hui. J'y réponds surtout aux néoconservateurs comme Eric Zemmour qui ont occupé massivement les médias en 2014 et au début de cette année pour évoquer la France qui tombe, le retour à l'ordre, aux valeurs des années 60. Certes, je me suis défoulé contre leur vision de la France qui n'est pas la mienne mais ce n'est pas un livre qui donne des leçons. C'est ma position, je suis prêt à la défendre et c'est pourquoi les thèmes majeurs abordés sont autant de liens électroniques qui renvoient vers un site qui permet à tout un chacun de s'exprimer, d'enrichir mes réflexions, de les contredire... bref de faire avancer le débat !"

Le débat justement, il porte en partie sur sa vision économique de la France. En tant que chef d'entreprise, Benjamin Rosoor conteste la vision défaitiste de certains observateurs et commentateurs.

La France "facile d'y entreprendre, mais terrible d'y échouer"

"La France est un pays où il est plus facile qu'ailleurs d'entreprendre. C'est encore plus vrai dans certaines régions, comme l'Aquitaine par exemple, où le soutien est là. Si je parle de ce que je connais, en Aquitaine il n'est pas compliqué de lever des fonds pour se lancer si le projet le justifie. En revanche, ce qui est certain, c'est que la France est aussi le pays où l'échec entrepreneurial est marqué du sceau de l'infamie. Trop souvent encore, la mise en redressement judiciaire revient à voir coller une étiquette d'escroc sur le front pour l'entrepreneur."

Pour l'auteur de "La Chance française", cet état de fait renforce encore le mérite d'une société française qui "reste extrêmement entreprenante malgré cette peur, entretenue par nos écoles et nos administrations, de l'échec".

Au fil de son essai, Benjamin Rosoor explique pourquoi il rechigne à parler d'une crise économique française qui est trop souvent mise en avant pour expliquer des politiques hasardeuses.

"Je défends l'idée que depuis 1973, nous changeons de modèle. Nous vivons un changement de monde économique qui a connu des accélérations, avec les bulles Internet, les bulles financières... mais ce qui est certain, c'est que les indicateurs comme la croissance par exemple ou les investissements productifs en tant que révélateurs de la santé financière des entreprises continuent d'inspirer les décisions des politiques en matière d'économie, alors qu'ils ne signifient plus rien !"

"Les indicateurs disent "on est en crise", mais c'est faux"

Dans les faits, le boom du numérique ne s'accompagne pas, en effet, d'investissements productifs. "Aujourd'hui, dans ce secteur porteur en termes d'emplois, l'investissement est immatériel. En clair : les indicateurs désormais obsolètes disent "on est en crise". Mais c'est faux ! Ces outils sont obsolètes pour juger de l'état économique de notre pays. Les gens sont créatifs, l'économie circulaire se développe fort, les particuliers maîtrisent de mieux en mieux l'outil numérique, créent de l'activité, de l'emploi qui n'est pas dans les radars des organismes et administrations qui fournissent les statistiques. Le monde de l'entreprise traditionnelle et les politiques, non."

A l'école, le codage, latin de demain ?

Interrogé sur les limites de sa pensée eu égard à l'existence d'une véritable fracture numérique, Benjamin Rosoor ne botte pas en touche.

"La fracture existe, c'est vrai. Mais le développement du smartphone la réduit considérablement ces dernières années. Pour autant, il existe une problématique majeure. Au-delà des usages, il faut que l'on comprenne de mieux en mieux l'outil numérique, ses mérites, ses limites, ses dangers. Cela passe par plus de formation au codage par exemple... Dans le fond, je trouve que les deux sont compatibles, mais j'aime à dire que le codage sera le latin de demain à l'école ! Il ne faut pas hésiter, si on a le choix, à abandonner le latin pour le codage !"

L'éducation est une des thématiques les plus développées de l'essai.

"On ne peut éduquer aujourd'hui comme on le faisait dans les années 80. Or, c'est bien souvent ce qui se passe encore. Les jeunes ont changé, leur capacité de concentration aussi. Ils sont zappeurs, oui, mais aussi capables d'être sur plusieurs sujets à la fois. Je suis persuadé, en voyant travailler mes collaborateurs, qui ont parfois 13 fenêtres ouvertes sur leur ordinateur, que les cerveaux ont évolué... A l'école, désormais, on doit apprendre à chercher, à contextualiser l'information et même à communiquer en public. Là-dessus, nous sommes très en retard par rapport à beaucoup d'autres systèmes éducatifs."

Une référence à la France qui tombe ? "Non, mais je ne suis pas manichéen non plus. Dans cet essai, je ne présente pas un monde qui serait blanc d'un côté, noir de l'autre. Je ne dis pas que tout va bien, mais le "suicide français" cher à Eric Zemmour ne correspond pas à la réalité économique et sociale de la France". L'auteur a voulu signer un essai numérique avec l'espoir de provoquer des contributions qui vont dans son sens, mais aussi des débats contradictoires grâce à l'interactivité offerte par la publication numérique.

Il ne reste qu'à savoir si Eric Zemmour sera l'un de ces contradicteurs/contributeurs.

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