Les patrons aquitains dans le mouvement national

Les patrons, qui ont exprimé leur malaise également à Bordeaux, ne comprennent pas que de nouveaux règlements s’abattent sur eux alors qu’il est question de simplifier la vie des entreprises.
Bâtiment et travaux publics en chute libre

"Nous demandons la suspension des lois scélérates, sur le compte pénibilité, le logement, les fusions-acquisitions. Nous demandons l'accélération de la mise en place du pacte de responsabilité et de la réduction de la sphère publique, et un peu plus d'empathie de la part des fonctionnaires chargés des contrôles dans les entreprises" a annoncé Jean-François Clédel, président du Medef de la Gironde, lors de la mobilisation des patrons aquitains du 2 décembre, dans les locaux de la Cité mondiale, à Bordeaux, où près de 200 dirigeants s'étaient retrouvés.

Lancé le 1er décembre par les manifestations de la CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises) à Paris et Toulouse, le mouvement a pris une forme intersyndicale hier mercredi 3 décembre, avec un défilé syndical unitaire dans les rues de Lyon auquel a participé Pierre Gattaz, le patron des patrons. Faire une manifestation dans les rues de Bordeaux n'était pas au programme et les dirigeants du mouvement patronal en Aquitaine, Jean-François Clédel, Serge Marcillaud (CGPME), et Michel Dumon, président de l'Union patronale artisanale (UPA), ont préféré remettre une motion au préfet de Région.

+ 30 Md€ de charges

"La manifestation, ce n'est pas notre mode d'action habituel" a observé Jean-François Clédel. Serge Marcillaud a rappelé que sa confédération a manifesté "à cause de l'exaspération des adhérents, pour canaliser leur colère", Michel Dumon expliquant : "On en a déjà fait des manifs de rue, mais aujourd'hui nous prendrions le risque d'être récupérés politiquement, et puis il pourrait y avoir des débordements".

En plus des syndicats professionnels, les organisations de branche étaient également mobilisées, notamment la Fédération française du bâtiment (FFB), l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Aquitaine et la Fédération régionale des travaux publics d'Aquitaine (FRTPA).

Cette mobilisation, exceptionnelle à plus d'un titre, manifeste un profond malaise. Alors que le gouvernement s'est politiquement engagé dans le soutien aux entreprises, les patrons de ces dernières ont le sentiment d'être les victimes d'un marché de dupes. "Les charges des entreprises ont augmenté de 30 Md€ au cours des quatre dernières années, ce qui fait que les entreprises françaises ont les marges les plus faibles d'Europe. Et les 40 Md€ de réductions de charges annoncées par le gouvernement n'existent pas. L'allègement sera de 8 Md€ en 2014. Tout ça sans compter sur l'augmentation des taxes locales et l'application de nouvelles obligations tatillonnes ! Ce que nous demandons aux élus c'est de la cohérence, la possibilité d'avoir avec eux une vision commune" a résumé Jean-François Clédel, qui a souligné qu'avec 60.000 disparitions d'entreprises par an "depuis deux ans", la situation avait atteint un seuil critique.

"Nous allons mourir"

"Informer les salariés deux mois avant une cession ou une fusion comme prévu dans la loi Hamon, c'est absurde, car ces opérations doivent se faire dans la discrétion. Et à cause de sa complexité, le compte pénibilité ne pourra pas être mis en place. Pendant ce temps les carnets de commande baissent, les taux de marge diminuent de 2 % par an et les investissements reculent", a martelé Serge Marcillaud.

Président de la FFB de la Gironde, Bruno Garabos commence à ne plus voir d'issues. "Notre secteur est en crise depuis plusieurs années, avec des baisses de prix de 20 à 40 %. Ces baisses folles constituent malheureusement les nouvelles références de prix et il n'y a pas de plaintes contre l'emploi de main d'œuvre illégale. Dans ces conditions nous allons mourir, je ne vois pas comment on pourrait y arriver" a-t-il averti, avant d'en appeler à la une libération des permis de construire dans la CUB, "qui sont en attente par dizaines".

Michel Dumon n'a pas caché qu'il avait rêvé d'une telle mobilisation, dénonçant en particulier l'absence de contrôles des travailleurs détachés sur les chantiers dans le bâtiment.

"Nous dépendons à 70 % de la commande publique et bien sûr nous investissons toujours moins. La réforme de l'Etat, on n'y comprend rien, plus personne ne sait qui fait quoi. En France, tout est là pour empêcher de faire. Dans la CUB, les travaux du tram train, proches de l'achèvement, et ceux de la ligne D du tramway, en phase de démarrage, ont été arrêtés par un juge, c'est fou !" s'est indigné Christian Surget.

A la question "Comment pensez-vous que l'opinion publique va réagir à ces manifestations ?", Serge Marcillaud a répondu en citant un sondage qui montre que les Français comprennent le ras-le-bol des patrons. Ces derniers veulent être écoutés. Ils ont au moins réussi à faire du bruit.

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