Implanté au cœur de la campagne girondine, à Vérac, Le Bélier, sous-traitant international pour la filière automobile, a la particularité d'être une entreprise de taille intermédiaire (ETI) multinationale et familiale, présidée par Philippe Galland, réalisateur de cinéma dans sa première vie, qui a signé plusieurs succès, comme « Le Mariage du siècle » ou encore « Le Quart d'heure américain », et dont l'actrice Anémone était l'épouse.
Opérationnellement dirigé par Philippe Dizier, qui en est le directeur général, le groupe Le Bélier est un spécialiste de la fonderie pour la fabrication de pièces et systèmes moulés en aluminium, essentiellement pour l'automobile (freinage, admission d'air, châssis/structure). Il commence à se diversifier dans l'aéronautique, nouveau secteur où il rencontre encore quelques difficultés. Le Bélier est implanté en Hongrie (Ajka, Szolnok), Serbie (Kikinda) et au Mexique (Querétaro). Le rachat de HDPCI, à Hongkong, a renforcé les positions du Bélier en Hongrie, à Mohàcs où le groupe hongkongais était implanté, mais aussi en Chine continentale, à Dalian près de la frontière avec la Corée du Nord, et Wuhan, au centre du pays, épicentre officiel de la pandémie de Covid-19 depuis le mois de janvier. Il emploie au total plus de 3.500 salariés.
Des indicateurs en forte baisse en volume
Le Bélier a bouclé son exercice 2019 avec un chiffre d'affaires de 319,5 M€, en recul de 10,9 % sur un an, tandis que son résultat net est resté positif, à 12,4 M€, accusant toutefois un très fort recul en volume de -54 %.
L'Ebitda anglo-saxon, équivalent du revenu brut d'exploitation (EBE), qui mesure la création de richesses par l'entreprise avant toute ponction (impôts, taxes, etc.), enregistre ainsi une faible réduction proportionnelle de sa valeur, dans le sillage de la baisse du chiffre d'affaires. L'Ebitda du groupe girondin passe ainsi de 53,8 M€ en 2018 à 45,4 M€ en 2019, et ne glisse que de -0,8 % entre les deux exercices : représentant 15 % du CA en 2018 contre 14,2 % en 2019. Mais en volume, avec un recul de 8,4 M€ entre les deux exercices, le montant de l'Ebitda affiche une baisse nette de -15,6 %.
La tendance est comparable pour les autres grands indicateurs. Le résultat opérationnel, accompagnant lui aussi la tendance, recule proportionnellement de 3,5 % entre les deux exercices. Il passe ainsi d'une valeur proportionnelle du chiffre d affaires de 9,3 % en 2018 à 5,8 % en 2019. Ce qui n'empêche pas le montant net de cet indicateur de perdre 14,7 M€ entre les deux exercices, passant de 33,4 M€ en 2018 à 18,7 M€ en 2019, soit une baisse nette en volume de 44 %.
L'aéronautique a du mal à décoller
Au bout du compte de résultat, le bénéfice net du Bélier est toujours au vert, avec 12,4 M€. Exprimé en valeur proportionnellement au chiffre d'affaires, ce résultat net passe de 7,6 % du CA en 2018 à 3,9 % en 2019, soit une baisse de 3,7 points. Exprimé en montant, il cède toutefois 14,8 M€ entre les deux exercices, soit un recul marqué de -54 %. Le Bélier souligne que, malgré une baisse significative des volumes sur la période, le groupe "maintient un bon niveau de performance, confirmant la forte résilience de son modèle économique", avant d'entrer dans le détail des principales évolutions.
"L'Ebitda s'établit à 45,4 M€ et reste à un niveau élevé de 14,2 % du chiffre d'affaires. Le résultat opérationnel ressort à 18,7 M€, soit une marge opérationnelle de 5,8 % et intègre d'une part, des mesures d'ajustement des effectifs et des coûts prises sur le S1 (1er semestre -NDLR) et d'autre part, une provision pour dépréciation d'actifs sur l'usine de Vérac, liée à une évolution encore limitée de l'activité aéronautique. Globalement, le résultat net s'inscrit à 12,4 M€ tandis que le free cash flow (qui mesure la création de trésorerie par l'activité de l'entreprise -NDLR) s'établit à 19,3 M€", analyse la direction du groupe.
Le Bélier est d'autre part structurellement soutenu par un niveau très positif de fonds propres, passés de 163,5 M€ en 2018 à 167,4 M€ en 2019. D'autre part il annonce avoir engrangé pour 340 M€ commandes (CA cumulé sur la durée de vie des programmes).
Des filiales chinoises frappées par le Covid-19
Comme nous l'avons déjà annoncé, le groupe Le Bélier est en cours de cession, via la cession d'une participation majoritaire représentant environ 61,96 % du capital de Le Bélier (principalement détenue par la holding Copernic, de la famille Galland, et Philippe Dizier) au groupe chinois Guangdong Wencan die Casting Co., dénommé Wencan, à Foshan (sud de la Chine), Canton étant la préfecture du Guangdong. Une transaction qui devrait représenter, selon nos calculs, près de 150 M€.
"La cession du bloc majoritaire, et par conséquent le dépôt du projet d'offre publique, reste sujette à la réalisation de certaines conditions suspensives usuelles (dont l'obtention des autorisations réglementaires en France et en Chine et l'approbation des autorités de la concurrence allemande et slovaque), rappelle le groupe. Le conseil d'administration de Le Bélier a mandaté le 16 mars 2020 ses administrateurs indépendants afin de désigner et suivre les travaux d'un expert indépendant chargé d'établir un rapport sur les conditions financières de l'offre", poursuit ensuite notamment la direction, avant de confirmer que la transmission du bloc de contrôle devrait se faire au 1er semestre 2020.
Concernant cette nouvelle année, Le Bélier ne cache pas qu'elle a mal démarré en Chine où ses trois filiales ont dû être mises à l'arrêt suite à l'épidémie de coronavirus "pendant deux semaines pour les deux plus importantes et pour sept semaines pour la plus petite qui se trouve en proximité de Wuhan. Dans ce cadre, le 1e semestre 2020 devrait ressortir en baisse par rapport au haut niveau d'activité du 1e trimestre 2019", pronostique la direction, qui mise néanmoins sur un retour de la croissance au second semestre 2020.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !