Lectra veut s’imposer en patron mondial de la découpe

Daniel Harari, DG de Lectra, explique que l’année exceptionnelle 2016 n’est que la première pierre d’un nouveau palier pour le groupe. Leader mondial dans sa spécialité, la découpe de matériaux souples, Lectra veut en devenir la référence ultime.
Plus que jamais, Daniel Harari, à droite, va jouer la carte chinoise pour établir la suprématie technologique de Lectra.

Conformément aux prévisions du 3e trimestre, le groupe Lectra, à Paris et Cestas (Gironde), coté en Bourse, leader mondial de la conception et fabrication de systèmes de découpe de matériaux souple (confection textile, revêtements de sièges auto, airbags, mobilier...), a réalisé une année 2016 exceptionnelle. Au 4e trimestre, le groupe, qui emploie 1.550 salariés dans le monde, dont près de 700 en Gironde, a dépassé l'ensemble de ses plus hauts résultats historiques.

"Le bilan 2016 est positif, oui c'est vrai, grâce à un 4e trimestre qui a été parfait. Nous sommes au rendez-vous de tous nos objectifs, dans le haut de la fourchette des prévisions, avec des commandes record de nouveaux systèmes, qui sont en hausse de +10 % sur le 4e trimestre 2015, qui avait lui-même été très élevé", a analysé hier jeudi après la clôture des marchés, pour La Tribune, Daniel Harari, directeur général du groupe Lectra, qu'il codirige avec son frère André, président.

A 69,4 M€, le chiffre d'affaires du 4e trimestre est en hausse de +11 % sur un an, à données comparables (chiffres 2016 traduits au cours de change 2015), tandis que le résultat opérationnel grimpe de +17 %, à 10,7 M€, et que le résultat net, à 7,9 M€ affiche une hausse de +7 %.

Avec Trump le business américain chute

"Sur l'année 2016, le chiffre d'affaires du groupe a progressé de +10 %, à 260,2 M€, avec des foyers de croissance très contrastés. Toutes spécialités confondues l'Asie représente à elle seule 47 % de notre croissance, devant l'Europe, à +18 %. Tandis que les Amériques sont en fort retrait, avec une baisse de 26 %... Ce qui est essentiellement dû à la situation aux Etats-Unis. Beaucoup de nos clients dans le textile et l'automobile ont leurs usines au Mexique, et les déclarations de Donald Trump sèment le trouble : l'attentisme domine", explique Daniel Harari.

A l'inverse, le dynamisme de la zone Asie-Pacifique ne cesse de s'intensifier dans toutes les spécialités du groupe. L'ensemble de cette région est tiré par deux puissants marchés : la République populaire de Chine, où les ventes ont grimpé de +25 % en 2016, et la Corée du Sud, avec des prises de commandes qui ont doublé.

"En Asie nous avons enregistré une hausse de +79 % sur notre seul marché automobile, pour une croissance de +36 % de ce segment de marché au niveau mondial. Nous avons renforcé nos équipes en commercial mais aussi en recherche et développement pour ce marché automobile. Nous avons trois grands projets de PLM (gestion du cycle de vie du produit) pour de grands acteurs du luxe, en Allemagne et en Italie", décrypte le directeur général.

Si l'automobile explose en Asie, la monde reste un pilier fondamental de Lectra (DR)

Lectra a fait sauter tous les compteurs

Les commandes de nouveaux systèmes ont progressé de +13 % en 2016 sur un an, ce qui représente 115,6 M€. Les nouvelles licences de logiciels ont progressé de +6 %, les équipements de CFAO (conception et fabrication assistée par ordinateur) de +17 %, la formation et le conseil de +5 %. De son côté, à 26,7 M€ le résultat net 2016 grimpe de +14 % sur un an. "En 2016 nous avons réalisé le grand chelem, nous avons dépassé tous les plus hauts enregistrés depuis la création de l'entreprise. Aujourd'hui nous voulons doubler le résultat net de Lectra d'ici les quatre prochaines années. Les résultats peuvent paraître spectaculaires mais ils sont le fruit du travail qui a été fait avant", annonce Daniel Harari.Pas question pour le DG de se rouler dans les lauriers en badant au soleil. A peine sait-on que les objectifs fixés dans la précédente feuille de route (2013-2016 ont été non seulement atteints mais dépassés, que Daniel Harari révèle la suite du programme.

"Le groupe atteint une nouvelle dimension et il n'est plus question de considérer que nous nous trouvons sur un plus haut. Nous entamons un nouveau départ, avec une nouvelle feuille de route, prévient Daniel Harari. Pour 2017 nous avons un bon carnet de commandes et nous réalisons un bon début d'année. Notre objectif, poursuit-il, est de générer une hausse d'activité de +6 à +12 % par an, conformément à notre feuille de route 2017-2019. Nous visons une marge opérationnelle de 15 % et l'idée n'est pas de booster le résultat net à tout prix, précise le codirigeant. Nous allons davantage investir en recherche et développement, autour de 10 % du chiffre d'affaires".

La plupart des modeles du groupe vw interdits en coree du sud

Le marché automobile devrait s'imposer comme un levier stratégique pour Lectra (DR).

Les dessous de la feuille de route 2017-2019

Les 40 recrutements dans les services recherche et développement, marketing produits et informatique, avec le lancement d'une offre de service par abonnement et le développement de solutions en "cloud", seront bientôt achevés sur le site de Cestas. Car Lectra va intensifier sa force de frappe en R&D mais aussi dans le domaine commercial. Sans oublier que le groupe a ouvert l'an dernier une nouvelle filiale au Vietnam. La feuille de route 2017-2019 de Lectra est structurée autour de "quatre méga tendances" détaille Daniel Harari. Il s'agit de l'arrivée à l'échelle mondiale d'une nouvelle génération, celle des "Millenials" ou "digital native", qui sont nés entre 1980 et 2000 et ont une toute autre approche de la technologie numérique et de la réalité que les tranches d'âge précédentes. Phénomène auxquels s'ajoute la montée en puissance de l'industrie 4.0.

"Industrie 4.0 c'est du vocabulaire allemand mais c'est intéressant parce que c'est plus large que l'idée d'usine du futur. Avec le 4.0 on a par exemple des machines intelligentes connectées à un centre de création. Pour nous c'est génial parce que depuis dix ans nous avons 3.000 machines connectées à Internet, ou qui vont l'être bientôt. Nous avons dix ans d'expérience et il faut au moins trois ans sur le terrain pour s'en sortir, ce qui nous donne de l'avance", décortique Daniel Harari.

Pékin, un atout maître pour la conquête

Troisième option stratégique de cette feuille de route : le changement de business model, qui va évoluer avec la commercialisation des logiciels en tant que services (SaaS), sous forme d'abonnements. Ce qui va entrainer un nouveau type de mobilisation des logiciels et du support technique des équipes pour intervenir sur les machines. "Pour avoir du 4.0 il faut que toutes les données soient disponibles", observe le DG. La quatrième et dernière tendance de cette feuille de route pluriannuelle est un pays : la République Populaire de Chine !

Daniel Harari a déjà eu l'occasion de dire tout le bien qu'il pense de la nouvelle orientation économique de l'Empire du milieu, qui consiste à développer la consommation intérieure du pays.

"La Chine est un très grand pays et il va être très incontournable pour les Chinois d'utiliser Internet pour assurer la distribution de leurs produits. C'est plus globalement une nouvelle ère qui commence pour Lectra. Nos nouveaux produits seront testés en 2017, lancés en 2018 et implantés en 2019", résume Daniel Harari.

Le groupe, qui a toujours défendu une stratégie produit haut de gamme, entend désormais asseoir une domination pleine et entière sur le marché mondial.

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