Eolien : vers un nouvel échec industriel aquitain ?

Alors que l’Aquitaine compte, avec la société Valorem, un des principaux spécialistes de l’éolien, cette partie de la nouvelle grande région ALPC n’arrive pas à concrétiser les projets d’installation de parc ni les développements industriels liés à cette énergie. Dernier exemple : le projet PMVE qui doit générer 300 emplois en Médoc mais connaît de graves difficultés.
L'Aquitaine se refuse, jusque-là, au secteur énergétique éolien sous toutes ses formes : industrie de production et installation de parcs.

Annoncé dès septembre 2013 et signé un mois plus tard, le contrat de mise à disposition d'un terrain en vue de la construction d'un parc éolien dans la commune médocaine de Naujac était porteur d'espoirs pour l'emploi et l'industrie locale.
Lancé à l'issue d'un appel d'offres victorieux de 2012 pour le développement industrialo-portuaire de l'avant-port du Verdon-sur-Mer, le projet de l'investisseur allemand, le groupe Bard Engeneering, et de sa société de droit français créée pour l'occasion PMVE (Pointe du Médoc Le Verdon Energie) devait générer, à terme, près de 300 emplois pour l'assemblage, sur place, d'éoliennes offshore et onshore pour ce parc éolien médocain, bien sûr, mais aussi pour des projets de parcs offshore au large des côtes françaises.
L'Allemand Bard, tout auréolé de la création du plus grand parc éolien offshore d'Allemagne (80 éoliennes), semblait offrir des garanties prometteuses.
D'autant plus que la société pouvait bénéficier sur place d'une zone de test de ses turbines grâce au classement de Naujac en zone de développement de l'éolien (ZDE). Classement qui avait été attribué à cette commune par la préfecture.

Sans permis, le financement manque d'air

Une des conditions principales de l'aboutissement du projet industriel porté par PMVE SAS (siège au Verdon) tenait à la création du parc de 16 éoliennes piloté, lui, par la filiale de PMVE SAS : NPE SAS.
Las, à l'issue de trois ans d'études financées par PMVE, la même préfecture, suivant un avis défavorable du ministère de la Défense car le projet est situé sur le couloir aérien de la base militaire de Cazaux, n'a pas accordé le permis de construire.

Dans un courrier adressé, le 23 décembre, à ses collaborateurs (cinq) français, la direction du groupe allemand a leur a annoncé que "dans ces conditions il lui est impossible d'établir un financement stable et de trouver des investisseurs souhaitant s'engager dans ces projets". Et de poursuivre : "Tous ces éléments engendrent aujourd'hui de grosses difficultés financières, sans aucun résultat concret, ni concernant l'usine d'assemblage, ni concernant le parc éolien de Naujac-sur-Mer."

La direction annonçait dans le même temps la déclaration officielle de cessation de paiement, faite le 22 décembre dernier.
Les dirigeants allemands Andrée Krüger (Président) et Udo Plock (directeur général) annonçaient enfin que chacun des créanciers recevrait une information officielle par le biais du mandataire judiciaire qui sera nommé à l'occasion de l'ouverture de la procédure de redressement judiciaire qui a été prononcée par le tribunal de commerce de Bordeaux ce 6 janvier dans l'après-midi et ce pour une période d'observation de 6 mois, soit le maximum que la société pouvait obtenir.

Redressement et sauvetage possible ?

Une procédure dans laquelle la direction et les salariés de PMVE placent beaucoup d'espoirs car elle a été, selon  le président Krüger, sollicitée avec l'objectif de sauvegarder l'activité et les emplois de la société dans la mesure où plusieurs contacts avec des investisseurs tiers, disposés à financer les coûts de la société, semblent avoir été établis.
La direction assure que les activités commerciales de PMVE vont donc continuer à se maintenir. Elle se dit aussi confiante concernant l'obtention de liquidités nécessaires qui lui permettraient de répondre à ses engagements envers tous ses créanciers.

La messe n'est pas encore dite, PMVE obtient six mois de sursis

Cet après midi, au tribunal de commerce de Bordeaux, Gérard Barbé, 2ème adjoint au maire du Verdon, se voulait optimiste quant à la suite de l'affaire. "Nous tenons à cette usine d'assemblage et au parc d'éoliennes de Naujac. Je suis là, au nom du conseil municipal, en tant qu'adjoint en charge du développement économique, pour rappeler que nous sommes derrière les investisseurs qui ont dépenser 2 M€ depuis quatre ans. Rappeler aussi que, contrairement à ce qui peut se dire, ce projet n'a rien coûté au contribuable, hormis les 15.000 euros de subvention attribuée par la communautés de communes. Cette société a mis son argent dans l'affaire, et elle se heurte aux lenteurs, voires incohérences de nos règlementations. Je me souviens que nous avons voté, à la demande de la préfecture, une Zone de développement de l'éolien... qui s'est avérée finalement être située sur un couloir aérien militaire. Je constate aussi qu'il a fallu trois ans au port pour donner un emplacement définitif pour la construction de l'usine... bref, les investisseurs allemands ont été leurrés d'une certaine façon. Ils sont donc financièrement essoufflés par ce marathon administratif et juridique. Ils veulent pouvoir s'appuyer sur une stratégie éolienne de territoire claire pour avancer désormais. Leur premier permis de construire a été retoqué à cause du couloir aérien que personne ne leur avait annoncé. Ce refus les prive d'une vitrine commerciale de leur savoir faire. Le second, qui porte sur 8 turbines et qui est en cours d'élaboration ne sera vraisemblablement déposé que si la visibilité s'améliore sur ce dossier ! La décision du tribunal de commerce d'octroyer une période d'observation de six mois à la société va lui donner de l'air. Il reste aux élus du Médoc à dire si, oui ou non, ils veulent voir émerger une filière industrielle éolienne sur leurs terres !" assénait dans la foulée de la décision du tribunal Gérard Barbé.

L'édile rappelait au passage que les allemands avaient initialement souhaité pouvoir dresser deux turbines de démonstration à côté de leur future usine du Verdon. Des aménagements réalisés par le port pour viabiliser le terrain les en ont finalement privés.
Cela fait beaucoup de contrariétés pour l'équipe du président Krüger... d'autant que ce dernier se rappelle sans doute avoir été un des premiers chefs d'entreprises à signer un des contrats de projets avec le représentant de l'Etat, en l'occurrence le Préfet de région Delpuech... ces contrats de projets étaient sensés accélérer, administrativement, les dossiers d'investissements économiques...

Le projet  bouge encore, donc, mais il témoigne une nouvelle fois de la difficulté de faire émerger des projets industriels autour de l'éolien dans une région qui ne compte pas un seul mât sur son territoire...
Et le cluster éolien aquitain "Aquitaine Wind Industry Cluster", qui avait vu le jour fin 2010, n'a pas pu changer grand-chose à cet état de fait.

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Commentaire 1
à écrit le 07/01/2016 à 15:49
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Ce projet, comme tout autre en matière éolienne, est fondé sur le ramassage de fonds publics car, contrairement à ce qui est dit par l'élu cité, c'est bien le consommateur et le contribuable qui paient l'ensemble des coûts de la filière. La fameuse t...

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