Bordeaux Métropole a officiellement voté fin mars le programme des équipements publics et le dossier de réalisation de la ZAC Bastide Niel, validant le dossier présenté par la SAS d'aménagement Bastide Niel, détenue à 51 % par BMA (Bordeaux Métropole Aménagement), et à 24,5 % par Aquitanis et par Domofrance. Ce projet qui va mobiliser 153 M€ d'investissement  (50 M€ pour le foncier, 72 M€ pour les travaux d'aménagement) pour réhabiliter 35 hectares de la rive droite de Bordeaux composés essentiellement de friches ferroviaires et militaires, entre ainsi dans sa phase opérationnelle.

15 ha d'espaces publics vont y être aménagés, 20 ha seront dévolus aux îlots à bâtir. 258.2510 m2 de logements (3.400 logements) vont y être construits, répartis entre logements sociaux PLUS-PLAI (25 %), logements sociaux PLS (10 %), accession sociale (10 %), accession modérée (10 %) et logements libres (45 %).

Les logements vont ainsi représenter 67 % de l'opération, le reste se répartissant entre les équipements (15 %), les bureaux (8 %), les commerces (6 %) et l'artisanat (4 %).
La Métropole apporte sa participation financière à l'équilibre du bilan à hauteur de 29 M€, ainsi que 16 M€ pour les équipements publics d'intérêt général de la ZAC. Ces interventions financières concernent deux  groupes scolaires avec un espace sportif de plein air, une crèche, un gymnase, une salle polyvalente. La Ville a quant à elle approuvé fin janvier les équipements publics.

"Complexe et très intellectuel"

Si Bastide Niel est de la même jauge que celui de Cœur de Bastide, il laissera un peu plus de place au logement (68 % contre 60 %) au cœur d'un projet qualifié de "complexe et très intellectuel" par Pascal Gerasimo, directeur général de Bordeaux Métropole Aménagement et président de la SAS Aménagement Bastide Niel.

Le projet présenté par Winy Maas, de l'agence MVRDV, architecte urbaniste coordonnateur de la ZAC, ne ressemble en effet à rien de ce qui a pu se faire jusqu'à présent sur la ville. Fier de présenter ce projet "exemplaire en Europe", il a expliqué vouloir lier et faire jouer entre elles la très classique rive gauche et la désuète rive droite - militant au passage pour la construction d'une passerelle sur la Garonne, au débouché de la place des Quinconces - qualifiant son projet de mixte, intime, vert, écologique, connecté, lumineux.

Les 3.400 logements se répartiront dans 126 îlots au milieu d'un espace agrémenté d'équipements publics et privés, placettes, mails et jardins où 1.500 arbres vont être plantés, et où 40 % du quartier sera piéton, le reste étant dévolu aux circulations dites mixtes et apaisées (piétons, personnes handicapées, vélos, voiture, transports en commun), avec parkings silos de 4.000 places. Le but étant que seulement 20 % des déplacements dans la zone se fassent en voiture, un objectif que Pascal Gérasimo reconnaît "extrêmement ambitieux". Elisabeth Touton, adjointe au maire de Bordeaux en charge de l'urbanisme opérationnel, de l'habitat et des déplacements, précise que "chaque logement disposera d'un accès à tous les services dans un rayon de 200 mètres, ce qui participe à l'incitation à se déplacer à pied ou à vélo".

Projets en cours

Des projets se dessinent déjà précisément. Un îlot pilote qui avait été lancé durant la phase préalable, baptisé Bord'ha, sur l'avenue Thiers, projet d'habitat participatif de 1.200 m2 pour 6 logements et des bureaux, est en train de sortir de terre. Autres projets annoncés : un campus privé, une auberge de jeunesse avec 33 chambres et 100 lits, un Ekho Hôtel, hôtel économique qui abritera également le siège de la société dédiée, l'arrivée d'Immersion (société bordelaise spécialisée dans la réalité virtuelle) ou encore de l'école d'architecture actuellement installée à Talence.

Par ailleurs un projet de zone commerciale "très originale", précise Pascal Gerasimo, est en cours autour de plusieurs bâtiments sur une surface maximale de 25.000 m2. Il s'agira de proposer une "commercialité élargie", alternative aux commerce de proximité, à mi-chemin entre les centres de Mériadeck et Lormont.

En marge de ces projets en cours, l'essentiel de l'année à venir devrait être consacrée aux voiries et réseaux. Avec un problème de taille : un terrain appartenant à SNCF Réseau qui coupe le projet en deux. Plus aucun train ne circule sur les anciennes voies ferrées, mais les premières négociations engagées dès 2006/2007 n'ont encore rien donné, SNCF Réseau étant en négociations globales avec Bordeaux Métropole pour les voies de l'ensemble de l'agglomération.

"Il est impossible de mener le projet à terme sans ça", souligne Pascal Gérasimo qui a assuré être prêt à payer ce bout de terrain que SNCF continue à classer en "domaine public en activité" alors qu'il ne l'est plus. "Dans les cinq à venir on a des choses à faire avec ou sans ça mais je ne peux pas imaginer que le transfert foncier ne soit pas finalisé dans les deux ans", a assuré Pascal Gérasimo qui précise que "la volonté est de se développer tous azimuts à partir des zones existantes : avenue Thiers, Parc aux Angéliques, avenue Abadie. Le but est de livrer le plus vite possible." A l'horizon 2030, quelque 7.000 personnes devraient habiter le quartier qui accueillera jusqu'à 10.000 personnes en y ajoutant celles qui s'y rendront pour y travailler.