Metapolis, un positionnement à part dans la smart city

A la croisée de la technologie et des sciences humaines, Metapolis défend une vision open source de la smart city, centrée sur l'usager et le citoyen. La jeune société bordelaise, en pleine croissance, conseille les collectivités territoriales dans leurs stratégies et développe sa propre plateforme. Elle mène une politique de croissance raisonnée et va embaucher une dizaine de personnes dans les prochains mois.
Fabien Cauchi, fondateur de Metapolis

Née en décembre 2015 en mode "one man startup", Metapolis a depuis fait du chemin. Un an et demi après sa création, la jeune société bordelaise emploie 11 personnes à Bordeaux, bientôt 3 à Paris, et vient d'intégrer de nouveaux locaux rue Saint-Siméon, en plein cœur de la capitale girondine, qu'elle inaugurera ce soir. "Cela commence à ressembler à une entreprise", sourit Fabien Cauchi, ancien cadre de Logica puis du géant CGI. L'ancien directeur commercial dans la business unit "secteur public et transport" de CGI France a eu le courage de se lancer dans une nouvelle aventure, un pari toujours risqué, après avoir observé l'émergence du mouvement smart city, autrement dit l'élaboration de villes dites plus intelligentes car plus connectées, plus inclusives, proposant plus de services à ses citoyens.

Metapolis est éloignée des canons des startups "classiques" cherchant leur modèle économique. Pour le moment le business plan est respecté à la lettre avec un chiffre d'affaires annuel qui devrait atteindre 500.000 € en fin d'année et 1,5 M€ fin 2018, et une équipe qui grandit conformément aux prévisions. Pour Fabien Cauchi, pas question de courir les concours de pitch où les retombées concrètes sont souvent floues, ou de passer neuf mois à lever des fonds. Ce fervent défenseur de l'open innovation n'a pas abandonné ses préceptes mais rappelle aussi qu'à la fin, tout le monde doit y trouver son compte :

"La France est très focalisée sur la relation startups / grands groupes, contrairement au monde anglo-saxon très orienté vers le BtoC et la levée de fonds. L'Hexagone fantasme beaucoup sur cette relation startups / grands groupes, qui est malheureusement souvent orientée vers la transformation numérique des seconds. Quelle est la valeur ajoutée pour les startups ? Je m'interroge et reste dubitatif, et je suis d'autant plus à l'aise pour le dire que ces relations, je les ai poussées dans ma précédente carrière."

Des projets d'abord petits, plus de plus en plus gros

Metapolis a démarré dès ses débuts des relations commerciales avec de grands comptes clients qui lui sont toujours fidèles et qu'elle conseille dans leurs démarches smart city : la mairie de Paris, Bordeaux Métropole, le Grand Lyon, la Région wallonne, l'Ile-de-France pour qui elle élabore la stratégie "Smart région initiative"...

"C'est la conjonction de plusieurs facteurs : la chance, le réseau, le bon timing et les bons profils trouvés pour intégrer l'équipe, résume Fabien Cauchi. Nous avons fait le choix de commencer par de petits projets, puis d'aller vers de plus gros dossiers. Nous sommes aujourd'hui en négociations avec quelques métropoles supplémentaires et de gros opérateurs."

Metapolis a fait le choix de conseiller les collectivités et les opérateurs de réseaux dans leurs stratégies et leurs projets de transformation numérique : relation avec les usagers, identité numérique et smart city. Cette partie services lui permet financièrement de développer sa plateforme de services open source pour la gestion et de pilotage de données smart city et réseaux urbains, mais aussi d'affiner sa stratégie au fur et à mesure de ses échanges avec les clients. "Nous avions prévu d'avoir un produit opérationnel mi-2017, nous sommes dans les temps", annonce Fabien Cauchi, qui défend le principe d'un système ouvert :

"Aujourd'hui chaque territoire essaie de monter son petit bout de plateforme. Nos spécificités sont d'aller vers de l'open source et d'aborder deux volets : la technologie mais aussi les sciences sociales. Sur le marché, il n'y a presque personne à la croisée de ces deux mondes. IBM, Cisco... sont avant tout des fournisseurs de produits sur étagère, ils ne répondent pas à toutes les problématiques, comme celle de l'acceptabilité, de l'ergonomie, de la cognitique, qui sont très complexes."

Triple prise de conscience

Fabien Cauchi dresse également un constat plus large de la dynamique smart city :

"Il y a eu un effet de mode, on revient maintenant à des choses plus réalistes. Les locomotives territoriales sur le sujet avancent toujours mais le temps de latence reste important avant que les projets se déclenchent. Je note toutefois une triple prise de conscience des collectivités : l'importance de la donnée et de sa gestion dans une stratégie smart city, avec notamment la loi Lemaire qui a beaucoup apporté, soulevant par exemple la question du service public local de la donnée. Ensuite, certaines se rendent compte que ce n'est pas parce qu'on est petit qu'on est condamné à l'inaction en matière de smart city. Des opérateurs comme Engie ou Veolia commencent justement à investir le segment des collectivités de taille intermédiaire.
Enfin, le concept développé par la Caisse des dépôts autour de la ville intelligente d'intérêt général commence à se diffuser. Certains territoires développent une inquiétude à l'idée de se voir déposséder de certains axes de politiques publiques, inquiétude légitime quand on observa la posture des GAFAM, de Waze. Elles se rendent compte qu'on ne peut ni signer un chèque en blanc à ces acteurs, ni ne rien faire. Waze, grâce à la multitude des usagers de son application, a acquis plus de données sur les transports que certaines collectivités."

La smart city aurait-elle donc atteint un certain degré de maturité, fait de ces prises de conscience et d'une sortie du numérique comme solution à tout ? Le fondateur de Metapolis voit deux aspects :

"Il y a effectivement un recul du technocentrisme porté par des gens comme IBM par exemple, où la techno prime, à l'opposé d'un Google où c'est le service rendu qui prévaut. Mais on observe aussi un recul du dév-éco centrisme. Ces dernières années les sujets smart city étaient très souvent localisés dans les services de développement économique du territoire. Mais progressivement, l'usager et le citoyen réapparaissent comme une pierre angulaire des projets. Le prisme initial, comment on crée de la valeur économique dans le territoire, n'est pas abandonné mais on revient aussi vers l'individu. C'est une autre forme de maturité."

De la maturité, Metapolis en prend aussi. L'équipe devrait passer de 14 à 25 personnes d'ici fin 2018. La stratégie de croissance raisonnée ne devrait pas bouger, grâce à de l'autofinancement principalement complété par quelques coups de pouce institutionnels (Région Nouvelle-Aquitaine, Bourse French Tech...).

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Commentaire 1
à écrit le 04/08/2017 à 1:43
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Oui il faut aider les collectivités locales à s’organiser et économiser de l'argent, mais encore il faudrait s'entendre sur la définition d'open data et de smart city, parce que pour le moment il y a pas grand chose et dans cet article c'est flou :)

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