Les coursiers à vélo de Gironde déminent la déconnexion

Nouveaux venus dans le monde syndical et à la CGT, les jeunes pros du Syndicat des coursiers à vélos de la Gironde n’ont de leçon à recevoir de personne. Si le syndicat a bien relayé le mouvement de déconnexion massive de Paris, hier mercredi, il a conseillé au coursiers girondins de ne pas s'exposer inutilement. (Réactualisé 18/03/2017)
Deliveroo, Foodora, Uber Eats... les plateformes de livraison de repas à domicile se multiplient et les tensions sociale avec les coursiers sont à la hausse.

"A 18 h 45 nous étions là, sur la place Lafargue, et il y avait beaucoup de coursiers à vélo. Il était prévu que des adhérents de l'Union confédérale des retraités CGT, qui sont en congrès national à Bordeaux-Lac, viennent à leur rencontre sur la place. Les retraités sont arrivés en nombre et ça a créé une sorte de confusion, qui a provoqué le départ de très nombreux coursiers !" ne peut s'empêcher de rire Sarah Zerouali, qui travaille pour Deliveroo.

Sarah Zerouali n'a pas froid aux yeux, elle fait partie du petit groupe de cinq coursiers, parmi les 700 travaillant dans l'agglomération bordelaise, qui a créé, officiellement le jeudi 9 mars, le premier syndicat CGT des coursiers à vélo. Sobrement baptisé Syndicat des coursiers à vélo de la Gironde, c'est la toute première organisation syndicale confédérale créée en France pour les livreurs de repas à domicile. Si elle ne travaille que depuis novembre dernier pour une plateforme de livraison à domicile, Sarah Zerouali sait déjà tout ce qu'il y a à savoir sur les règles et la courte histoire sociale des coursiers à domicile. Le Syndicat des coursiers à vélo de la Gironde a relayé le mouvement lancé à Paris et Lyon auprès des coursiers girondins en leurs conseillant de ne pas prendre de risques inutiles même si la déconnexion ne passait pas par le syndicat.

Ne pas agir avant d'être prêt

"Les coursiers que se déconnectent, c'est-à-dire qui refusent d'accomplir les livraisons qu'ils se sont engagés à faire, s'exposent à de lourdes sanctions de la part des plateformes. J'ai donc fait passer le message qu'il ne fallait pas prendre de créneau de livraison du tout, plutôt que de s'exposer aux effets de la déconnexion. Une grève, on ne pourra la faire que quand nous serons nombreux et soudés", décrypte Sarah Zerouali, qui a donc, comme ses collègues, conseillé aux coursiers bordelais de se mettre hors planning au lieu d'aller provoquer les plateformes.

"L'an dernier le Collectif des coursiers bordelais a voulu créer un rapport de force avec les plateformes de façon trop hâtive, sans avoir le nombre, et l'action a été un véritable échec. Ceux qui ont agi ont été menacés par les plateformes, ce n'était pas la bonne option", tranche Sarah Zerouali.

Sans vouloir donner de nombre, pas plus sur les coursiers d'hier soir place Lafargue que sur les adhérents du syndicat, la coursière estime que de nombreux de ces cyclistes-livreurs ne veulent pas se syndiquer "mais viennent nous voir pour se renseigner".
Et puis pas question pour elle de devenir salariée. Même si elle milite à la CGT, Sarah Zerouali tient à sa liberté.

"Il s'agit juste d'assainir les relations entre les auto-entrepreneurs que nous sommes et les plateformes, nous ne pouvons pas rester isolés, il nous faut plus de pouvoir pour rééquilibrer le rapport de force", analyse la jeune femme.

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Commentaire 1
à écrit le 20/03/2017 à 9:51
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il faut considérer que les coursiers sont aussi confrontés à des nombreux risques : http://www.officiel-prevention.com/formation/fiches-metier/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=206&dossid=563

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