Le Crédit agricole d'Aquitaine joue sur le physique et le numérique

Le Crédit agricole d'Aquitaine progresse moins vite à cause de la baisse de sa marge d’intermédiation. La banque régionale se développe sur Internet tout en maintenant ses emplois et son réseau d’agences.
Un des 18 espaces pro et banque privée du Crédit agricole d'Aquitaine

Rémi Garüz et Jack Bouin, respectivement président et directeur général du Crédit agricole d'Aquitaine, qui couvre les départements de Gironde, Landes et Lot-et-Garonne, ainsi que plusieurs cantons du Gers, ont présenté ce lundi matin le bilan 2016 de la caisse régionale. Le nombre de clients du Crédit agricole d'Aquitaine a progressé de +2 %, à 910.587 personnes au cours du dernier exercice, tandis que son encours de crédit grimpait de +6,7 %, à 17,03 Md€, et sa collecte de +4,8 %, à 23,51 Md€. Présentée de façon plus percutante l'activité de la caisse régionale s'est traduit l'an dernier par 3,7 Md€ de financements sur son territoire et 1,2 Md€ d'épargne collectée. Des chiffres qui témoignent d'un poids économique indéniable et d'un dynamisme certain mais qui ne poussent pas au triomphalisme les dirigeants de la caisse régionale.

"La région Aquitaine est bien plus dynamique que d'autres, nous le voyons, ce qui ne nous empêche pas d'évoluer dans un contexte international et national où les incertitudes se font nombreuses. Entre la façon dont va se dérouler le Brexit, l'impact qu'auront sur l'économie les mesures annoncées par Donald Trump, y compris sa volonté d'en finir avec la régulation des banques, ou la montée du risque bancaire en Italie l'horizon n'est pas vraiment dégagé. Sans compter que la France est en période électorale, d'où une grande incertitude", expose Jack Bouin pour éclairer les éléments les plus saillants d'un décor 2017 pas très rassurant.

Chute de la marge d'intermédiation

Et pour le directeur général du Crédit agricole d'Aquitaine le bilan 2016 de la banque régionale rend compte aussi de l'impact de dynamiques largement internationales, avec en tout premier lieu la baisse historique des taux d'intérêts.

"Nos marges se réduisent à cause des taux bas. L'écart entre les taux courts et les taux longs, qui est l'espace où nous faisons notre marge, n'a cessé de s'aplatir. C'est ainsi que notre marge d'intermédiation est passée à moins de 40 % de notre produit net bancaire (PNB équivalent du chiffre d'affaires, Ndlr)", observe Jack Bouin. Cette marge d'intermédiation, qui se nourrit de l'écart entre les taux d'intérêts auxquels la banque emprunte et ceux auxquels elle prête à ses clients finaux, qu'il s'agisse de particuliers ou d'entreprises, peut représenter jusqu'à 60 % du PNB.

"Notre collecte d'épargne et notre encours de crédit ont augmenté de +12 % en trois ans pendant que notre marge d'intermédiation reculait de 10 %... Pour nous rémunérer nous devons jouer sur les services, les produits et les fonds propres, que nous plaçons. C'est intéressant tant que l'on a des fonds propres. Mais LCL, l'ancien Crédit lyonnais repris par le groupe Crédit agricole, n'a pas de fonds propres ce qui rend les choses plus difficiles", élargit Jack Bouin.

Crédit Agricole d'Aquitaine

Pose de la première pierre (du premier arbre) du futur siège social du Crédit agricole d'Aquitaine aux  Bassins à flot, avec Jack Bouin, deuxième en partant de la gauche, et Rémi Garüz, à droite (photo Appa) .

"Une reprise lente mais réelle"

Le montant des fonds propres des banques a été revu à la hausse en particulier dans le cadre des accords internationaux dits de Bâle II et Bâle III pour prévenir toute nouvelle crise financière internationale. Ce qui fait que le Crédit agricole d'Aquitaine, qui a réalisé un produit net bancaire de 536,7 M€ l'an dernier, soit une progression limitée à +0,5 %, dispose de près de 2,7 Md€ de fonds propres (en hausse de +4,3 % sur un an) qu'il place sur les marchés pour se rémunérer. L'an dernier la banque régionale a vu son résultat net progresser de +1 %, à 124,4 M€.

"Comparée aux autres, l'évolution du Crédit agricole sur son territoire aquitain fait apparaître que notre région va plus vite. Il ne s'agit pas d'une reprise économique massive. C'est une reprise lente mais réelle, dans l'industrie comme dans le bâtiment", analyse Jack Bouin.

Pour gagner en efficacité sur le terrain Crédit agricole d'Aquitaine, qui déploie 200 agences sur son territoire plus une trentaine d'antennes, reconfigure son organisation depuis le 15 septembre dernier. C'est ainsi que la banque régionale dispose désormais de 18 espaces professionnels et de banque privée et de 4 espaces entreprises (un dans chaque département plus un pour Bordeaux Métropole), qui couvrent la clientèle des PME (moins de 5 M€ de chiffre d'affaires). A ce dispositif s'ajoute 5 espaces grandes entreprises spécialisées (5 M€ de CA et plus) : 1 pour les ETI (entreprises de taille intermédiaire), 1 pour les collectivités et institutionnels, 1 pour les grandes entreprises agricoles, 2 pour les grandes entreprises vitivinicoles, à Bordeaux et Libourne.

L'inauguration du "Village" ne saurait plus tarder (Appa).

Une offre complète face à Orange Bank

Face à l'offensive des entreprises de la Fintech (finance numérique) et surtout d'Orange Bank, établissement avec lequel le géant des télécoms Orange compte s'installer sur le marché bancaire, avec une offre 100 % mobile, Crédit agricole d'Aquitaine développe une offre mixte, à la fois physique et digitale. Six nouvelles agences développant ce potentiel (100 % physique, 100 % digital) ont été ouvertes l'an dernier, dont quatre en Gironde (Ambarès, Bordeaux, Gujan), une dans les Landes (Dax) et une en Lot-et-Garonne (Agen). La banque régionale emploie 2.600 salariés et ne compte par réduire la voilure.

"Nous avons effectué 127 recrutements à durée indéterminée et enregistré 90 départs naturels, à la retraite. Ce qui nous fait un solde positif d'environ + 1 %. Et puis il ne faut pas oublier que nous avons aussi 79 alternants", relève le directeur général.

Ce positionnement régional s'intègre dans la stratégie nationale du groupe Crédit agricole qui consiste à offrir à sa clientèle toute la palette possible des services : du plus dématérialisé au plus classique.

"Le Village by CA Aquitaine" à Bordeaux

Avec l'inauguration dans quelques jours, près de la place des Quinconces, à Bordeaux, de "Le Village by CA Aquitaine", qui va accueillir une douzaine de startups de la région, la caisse régionale va intensifier sa présence dans la sphère des jeunes entreprises innovantes avec l'appui d'une grosse équipe de partenaires, parmi lesquels Microsoft, H&A Location, Mazars, Pichet ou encore GT Location.

L'application à partir de ce lundi de la loi Macron en faveur de la mobilité bancaire, qui va faciliter le changement de banque, n'est pas officiellement un enjeu pour Rémi Garüz et Jack Bouin.

"Il faut d'abord éviter de perdre des clients et toutes les régions ne sont pas égales dans ce domaine. Avec son attractivité l'Aquitaine est plutôt receveuse de nouveaux comptes que donneuse", commente Rémi Garüz. La bataille entre les banques historiques et Orange Bank devrait alimenter l'actualité des prochaines semaines. Mais ce ne sera pas le seul élément à surveiller. Les questions posées par les choix politiques faits à Londres, Washington, peut-être Paris, et Berlin, avec les élections de septembre, pourraient peser encore bien plus lourd.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.