Se transformer, une obligation pour les entreprises ?

L’édition 2017 du Guide des entreprises de La Tribune, rebaptisé Book Eco, a été présentée ce lundi, devant 380 personnes, dans les locaux du campus bordelais de Kedge Business School (Kedge BS), à Talence. En débat lors de cette soirée, la transformation des entreprises et des organisations.
José Milano, Dominique Martin, Hubert de Marcellus, Antoine Chotard

Avec Le Book Eco, le guide "va s'intégrer à l'ensemble des publications du groupe La Tribune" comme l'a précisé Mikael Lozano, rédacteur en chef de La Tribune à Bordeaux. Cette soirée était organisée par notre titre en étroit partenariat avec Kedge Business School et avec l'appui de la Banque populaire Aquitaine Centre-Atlantique (BPACA). José Milano, directeur général adjoint de Kedge BS, a rappelé que cette école, à la fois régionale et nationale, dont les campus historiques se trouvent aussi, en plus de Bordeaux, à Marseille et Toulon, sans compter Paris ou Bayonne, forme 12.000 étudiants par an et réalise 100 M€ de chiffre d'affaires.

"Kedge BS s'est classée comme la première école de recherche en gestion en France l'an dernier, devant HEC. Vous êtes ici chez vous", a déclaré en guise de bienvenue José Milano aux 380 personnes qui s'étaient pressées pour découvrir l'édition 2017 du Book Eco. Totalement adapté au format de la Nouvelle-Aquitaine, le Book Eco 2017 présente, avec son partenaire Altarès, spécialiste de l'information économique, le classement par ordre décroissant de chiffre d'affaires des 3.500 entreprises les plus importantes ayant leur siège social dans la région. Classement qui est aussi un véritable outil, puisque chaque entreprise classée fait l'objet d'une fiche bien renseignée. Le Book Eco dévoile aussi le top 100 des plus grands employeurs et des plus importants exportateurs de Nouvelle-Aquitaine. Il comprend enfin un trombinoscope des responsables des principales structures d'appui à l'économie de la région.

"Aider à la transformation des individus"

La soirée a commencé par deux masterclass qui se sont simultanément tenues dans deux amphithéâtres. Elles étaient respectivement consacrées à la résilience des entreprises avec Christian Maviel, PDG de Cacolac, et Xavier Hollandts, professeur de stratégie à Kedge Business School, et à l'innovation avec Eric Stempin, PDG de la société EVTronic, et Ludovic Favarette, directeur prestations clientèles et informatique à la BPACA.

La table ronde qui a suivi était consacrée à la transformation des entreprises sous toutes ses formes. Antoine Chotard, chef de projet Transformation digitale de l'Agence de développement et d'innovation (ADI) Nouvelle-Aquitaine, Hubert de Marcellus, directeur des ressources humaines et de la communication à la Banque populaire Aquitaine Centre Atlantique, Dominique Martin, directeur de la transformation pour le campus de Thales à Bordeaux et José Milano ont dans ce cadre balayé le champ des transformations, des organisations mais aussi et surtout des individus. Une thématique entamée par José Milano qui a souligné que le métier de Kedge BS était bien "d'aider à la transformation des individus, qu'ils soient jeunes" ou plus largement issus de la formation continue, un panel où figurent également les entreprises.

Numérique, décomplexer les PME

L'excellence de la formation délivrée par Kedge BS, dont témoignent les brillants parcours de nombreux étudiants, notamment grâce à la "Business nurserie" installée dans l'école, et la coopération de l'école avec les entreprises sont les meilleures armes pour éviter "d'être ubérisé" a jugé José Milano. Kedge Business School développe une approche scientifique dont les objectifs sont très pratiques et qui a permis il y a peu de temps à un grand opérateur de "réinventer sa chaîne logistique", en envoyant notamment des cadres de haut niveau dans l'école pour y faire leur recherche et développement. Le directeur général adjoint est également revenu sur un changement de perspective dans la pédagogie puisque "grâce à  l'informatique, la pédagogie personnalisée n'est plus réservée aux petits groupes" et peut se décliner à grande échelle.

Antoine Chotard a de son côté expliqué qu'au sein de l'Agence de développement et d'innovation de Nouvelle-Aquitaine, il était au contact de nombreuses PME et que le premier travail à faire avec ces petites et moyennes entreprises sur ce terrain était de les décomplexer.

"Le numérique est un outil, c'est un prétexte pour parler de relation client, de valorisation. L'économie numérique n'est pas le fait des geeks, dont la plupart n'y connaissent rien", a tranché avec humour Antoine Chotard. La transformation numérique, c'est l'occasion d'identifier des poches de valeur au sein de l'entreprise qui peuvent être développées."

Et cela sans sous-estimer l'impact de ce qu'il considère comme de robustes nouveaux standards (marchands) apportés par des entreprises toujours susceptibles de disparaître rapidement. Là aussi Uber, qui n'a pas encore disparu mais dont le modèle non stabilisé est déjà remis en cause, reste une référence. Notamment par sa capacité à avoir exploré des brèches que les acteurs traditionnels du secteur n'avaient pas vu.

A Thales on favorise l'impromptu

Dominique Martin, directeur de la transformation pour le campus de Thales à Bordeaux, a confirmé que le discours d'il y a quelques années sur la compétitivité est désormais remplacé par celui sur la transformation "car c'est toute l'entreprise qui doit bouger", a-t-il illustré. Le mouvement de bascule historique d'un monde industriel vers un univers immatériel a, selon Dominique Martin, reformaté la topographie des entreprises.

"Au-delà d'une distance de 50 mètres il n'y a plus de collaboration naturelle entre les individus, a-t-il observé. La plupart des salariés ne sont plus à leurs postes de travail car ils vont collaborer avec d'autres."

Pour en revenir au méga campus de Thales qui émerge à Mérignac, à l'ouest de Bordeaux Métropole, Dominique Martin a confirmé qu'avec 2.600 personnes et un site de 50.000 m2 il ne pouvait plus y avoir de relations au-delà de ces fameux 50 m. Ce qui a obligé à développer des tiers lieux et à bien comprendre les activités des salariés dans la journée, en puisant notamment son inspiration dans ce qu'on mis en place les géant de la Silicon Valley.

"C'est ainsi que nous allons créer une cafétéria ouverte 24 heures sur 24, une bibliothèque pour s'isoler, et de nombreux endroits non réservables pour faciliter les rencontres fortuites, l'impromptu, et donc l'innovation qui en découle", a éclairé Dominique Martin. Même les managers ont dû se préparer à ne plus avoir leurs propres bureaux et ont rejoint les open spaces !

La règle des "trois ou quatre cons"

Revenant sur les importantes et complexes opérations de fusion-absorption et migration informatique qui ont permis de finaliser la création de la BPACA, entamée en 2011 et bouclée en 2015, Hubert de Marcellus a précisé que la banque avait gardé tous ses sites, à un moment où les autres banques taillaient dans le vif, tout en créant à Limoges le plus gros site central. "Il s'est écoulé 14 mois entre la pose de la première pierre et la livraison du bâtiment. Tout a été construit avec les collaborateurs" a expliqué Hubert de Marcellus. La fin du papier a pris des allures dantesques, avec la dématérialisation de 660.000 dossiers clients ou la création d'un bureau virtuel en ressources humaines. Face à une concurrence rendue multiforme par la technologie, avec par exemple l'émergence de Paypal, et à la menace potentielle que fait courir Facebook, qui pourrait rapidement se transformer en établissement bancaire s'il le décide un jour, Hubert de Marcellus a expliqué pourquoi le secteur bancaire devait absolument se transformer. C'est ainsi que le groupe Banque populaire a signé (en juillet dernier) avec Apple pour être le premier en Europe à adopter le nouveau moyen de paiement numérique porté par Apple, l'Apple Pay.

A bout du compte, comme l'a synthétisé Hubert de Marcellus, la banque doit être capable de gérer un large spectre d'usages, qui vont du traditionnel couple espèces et papier, à la digitalisation extrême où le paiement passe par le téléphone. Face à l'accélération des processus, la BPACA décline en interne la règle des "trois ou quatre cons", une revisite des Mousquetaires qui se traduit par "Conscience, confiance, compétence" et "conquérant".

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