R&D, marketing et com : Jock, la crème bordelaise au goût de conquête

Dirigeant de l’entreprise bordelaise Jock SAS, connue depuis 1938 pour sa crème dessert du même nom, et Prépat 33 (préparations liquides pour gâteaux), Jean-Philippe Ballanger, interviewé par Jean-Philippe Déjean, était l’invité du Petit Déjeuner de La Tribune - Crédit agricole Aquitaine au Mercure Cité mondiale de Bordeaux. L’occasion de parler de la stratégie offensive tous azimuts du groupe bordelais… et de ses ambitions personnelles dans le business du whisky.
Jean-Philippe Ballanger, PDG de Jock

La crème dessert Jock, comme beaucoup de Bordelais, Jean-Philippe Ballanger est "tombé dedans quand il était petit".
La différence avec les autres Bordelais "élevés au Jock" c'est que lui a été élevé par les descendants de son arrière-grand-père, l'inventeur en 1938 de la formule secrète de la crème. Secrète et pionnière car déjà à l'époque, sa formulation remplaçait 30 % de sucre par des glucides à digestion lente, et se composait de farines de céréales ce qui donne à ce véritable aliment de l'effort un goût unique.

Jock

25 M€ de CA pour les MDD

Quatre générations plus tard, dans la lignée de ses aïeux, Jean-Philippe Ballanger met sa formation commerciale (Inseec) au service d'un petit groupe familial, regroupant Jock SAS qui exploite la marque du même nom et Prépat 33, société spécialisée dans la production, en marque de distributeur, de préparations liquides gâteaux sous la holding Twinus.

"Twinus, qui détient 100 % de Jock et 100 % de Prépat33, est elle-même détenue par mon épouse Carole à 15 %, moi-même à 60 % et le reste appartient à deux fonds locaux, Grand Sud-Ouest Capital (filiale de cinq caisses régionales de Crédit agricole, NDLR) et Société générale Equity", explique Jean-Philippe Ballanger.

L'ensemble ainsi constitué emploie 70 personnes et réalise 26 M€ de chiffre d'affaires annuel.
"Un chiffre stable depuis deux ans", glisse le PDG.

Un aiguillon nommé Nestlé ?

Stable parce que l'activité de production de recettes en marque de distributeur est freinée par l'érosion des ventes enregistrées par la distribution sur ses marques propres.

"Les parts de marché de la MDD sont en recul depuis plusieurs années. En innovant en permanence, en anticipant sur le recul de certains produits et proposant des alternatives qui leur conviennent, nous jouons un rôle intéressant dans l'animation du rayon et en leur permettant de communiquer sur autre chose que du prix. Mais il faut être clair, sous la houlette d'acteurs majeurs, notamment l'arrivée de Nestlé, le leader mondial de l'agroalimentaire dans le rayon qui nous concerne, nous avons dû nous remettre en cause. Nous avons vu ce concurrent dépoussiérer le rayon, anoblir la gamme avec des produits à valeur ajoutée. Résultat en trois ans ils sont passés de 0 à 15 % de parts de marché et sous leur impulsion, les marques reprennent du poil de la bête", assure Jean-Philippe Ballanger qui ajoute, "cela nous a donné des idées..."

2017 : une nouvelle stratégie pour la marque Jock

L'idée principale, c'est la relance de la marque Jock au capital sympathie énorme dans le Sud-Ouest de la France. Et si son patron reconnaît que pour le moment la marque Jock ne représente que 1 M€ sur le chiffre d'affaires annuel, et "qu'il n'est pas question de changer la stratégie qui fonctionne bien en MDD", la marque Jock devrait connaître une nouvelle heure de gloire.

"Nous retravaillons totalement la marque et ses produits sur le plan marketing. Nous l'adaptons aux habitudes des consommateurs, sans rien changer au goût qui a fait le succès de la crème Jock sur tout le périmètre géographique de la Nouvelle-Aquitaine."


Un travail qui se fait avec un partenaire historique, la plateforme Agir (AGro Innovation Recherche) installée à Pessac en Gironde. "Depuis 10 ans nous payons 48.000 euros chaque année pour avoir recours à leurs compétences. Grâce aux ingénieurs d'Agir, nous sortons 7 ou 8 produits nouveaux chaque année, qui génèrent environ 1 M€ de chiffre d'affaires annuel... C'est un très bon investissement !"

Jock petit déjeuner

Jock veut s'imposer en région... et à Paris

2017 sera une année d'accélération en matière d'investissements. En termes de marketing, Jock travaille donc à la mise au point d'une nouvelle gamme de recettes de préparation de gâteaux, qui sera lancée en janvier prochain. "Elle sera simple, moderne et hyper pratique", promet Jean-Philippe Ballanger. Le packaging de cette nouvelle collection est en cours de réalisation sous la houlette de la société parisienne Pixelis. Paris, il en sera question aussi au moment de distribuer cette nouvelle ligne de produits sous marque Jock.

"Nous allons d'abord tenter de redevenir incontournables dans la Nouvelle-Aquitaine, ensuite nous testerons ces produits en région parisienne", précise le dirigeant.

Sa société travaille en ce moment, toujours avec Agir, sur la mise au point d'un innovation au service de son historique crème Jock qui, sans renier l'originale, doit être adaptée, dans son élaboration, à nos rythmes de vie.

"Qu'on le veuille ou non, aujourd'hui, trouver les 3 minutes de touillage en casserole de la recette qui garantissent la réussite de la crème Jock, ce n'est pas si évident que cela", souligne le PDG. "Nous mettrons le temps qu'il faut pour parvenir à proposer la solution qui facilite tout. Nous prévoyons un lancement en 2017, s'il faut attendre jusqu'à l'été prochain, nous attendrons, nous ne pouvons pas nous permettre de décevoir."

4 M$ de ventes conclues avec Kroger aux USA !

En plus de tenter de gagner des parts de marchés dans le rayon des préparations de desserts avec sa marque ou en MDD, en France, le patron bordelais a tenté d'en gagner aux USA... avec succès.

"Je suis parti pendant deux ans à New York, avec la ferme intention de convaincre la distribution de la pertinence de nos recettes de pâtes liquides. Il m'a fallu beaucoup écouter, attendre aussi de comprendre les vraies attentes et exigences de ce formidable marché. Nous n'avions pas les moyens de payer des frais de référencement, ce qu'ils appellent les Sloting Fees, mais nous avons réussi, dans un pays qui aime beaucoup les desserts et notamment les gâteaux, à trouver 2 ou 3 enseignes qui acceptent de nous référencer et même 5 chaînes qui distribuent des produits de Prepat 33 en MDD"

En réalité il a fait mieux que cela. Une des plus grandes enseignes de distribution, le groupe Kruger, qui connaît une progression de ses ventes depuis 60 trimestres, de quoi faire rêver notre grande distribution, va accoler son nom sur quatre produits réalisés à Bordeaux par Jock et qui seront écoulés dans 2.600 magasins.

"Pour nous c'est un contrat à 4 M$ !", souligne Jean-Philippe Ballanger.

Une contrat qui porte sur la production de 3 millions de poches de préparation qui vont s'ajouter aux 5 millions de poches produites par Prepat 33 dans l'usine de Bordeaux.

"Nous avons de la marge car nous pouvons produire 12 millions de poches annuellement avec l'outil dont nous disposons actuellement."

Une marge qui pourrait fondre encore si une autre approche US se concrétise avec un autre acteur majeur de la distribution outre-Atlantique : Whole Food, la chaîne de distribution de produits bio la plus en pointe dans ce secteur d'activité aux USA...

Faire de Bordeaux une ville de whisky avec Moon Harbour

On aurait tort de croire que Jean-Philippe Ballanger se contente de développer sa marque phare et son unité de production en marque blanche. Outre sa passion pour l'entreprise familiale, le Bordelais est aussi un passionné de whisky. Avec un ami, il est à l'origine de la marque Moon Harbour (port de la Lune) qui distribue sa première production élaborée à base de whisky écossais vieilli en fûts ayant accueilli du Sauternes au préalable.

"Il nous faut trois ans pour aboutir à notre vrai projet : élaborer, dans une distillerie installée à Bordeaux et qui sera visitable dès le mois de juin 2017, au Bassins à flot, dans un ancien bunker allemand, un whisky 100 % bordelais, à base d'orge et de maïs local, distillé dans les deux alambics que nous faisons faire à Bègles, près de Bordeaux. Un whisky qui vieillira dans des fûts bordelais ayant servi à élaborer de grands vins bordelais. Nous ne nous interdisons rien dans ce domaine. Nous planchons même sur un whisky 100 % maïs malté. Nous prévoyons 6 et 7 produits Moon Harbour, le premier c'est Pier 1, mais la gamme va rapidement s'étoffer", raconte Jean-Philippe Ballanger. "C'est un projet fou, un rêve de passionné, qui est en train de voir le jour."

Un projet à 2,5 M€ qui vise à faire de Bordeaux, capitale du vin et de la crème Jock , un haut lieu du whisky français artisanal.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.