Comment le Chinois Huawei IN-Pulse l’innovation française

Trois startups de Nouvelle-Aquitaine viennent de se voir récompensées par le Chinois Huawei et l’écosystème numérique français pour la qualité de leurs innovations et le potentiel commercial en Chine. Une action qui illustre la volonté clairement affichée du Chinois de renforcer son poids économique en France.
Direction de Huawei France, lauréats et jury réunis dans les salons de la mairie de Bordeaux à l'occasion de la première édition du Huawei Digital IN-Pulse Bordeaux.

"Nous contribuerons, à la moindre occasion, à développer l'économie de la France" : cette phrase n'est pas issue d'un discours de candidat à la futur présidentielle, d'un dirigeant de banque, ou même d'un haut fonctionnaire de Bpifrance, mais elle a été prononcée, il y a moins de 48 heures, dans les salons de l'Hôtel de Ville de Bordeaux, en présence d'Alain Juppé, son maire, par le représentant français du géant... chinois des télécommunications Huawei.
William Liu, directeur de Huawei France, faisait étape dans la capitale de Nouvelle-Aquitaine à l'occasion de la première édition bordelaise du programme Huawai Digital IN-Pulse qui soutient financièrement des PME innovantes françaises et les accompagne dans leur internationalisation.
Créé en 2014, ce programme est uniquement déployé en France, avec l'aide de l'écosystème French Tech, Business France, le Comité Richelieu et Bpifrance. Jusque-là, seules les villes des Lyon, Lille et Nice avaient pu mettre en avant leurs champions du numérique. L'écosystème numérique de Bordeaux est désormais dans la boucle et a pu soumettre 11 dossiers au jury qui en a distingué trois (lire plus loin).

Huawei France : 734 collaborateurs

Au-delà des mots introductifs de William Liu, il faut bien reconnaître que Huawei est assez présent dans le paysage économique français. Le Chinois compte 734 collaborateurs à ce jour, répartis sur les sites de Paris, Boulogne-Billancourt, Bordeaux, Issy-les-Moulineaux, Lyon et Sophia Antipolis. 137 de ces collaborateurs (dont 122 chercheurs) travaillent dans les quatre centres de R&D dédiés au design (Paris), aux mathématiques, algorithmes (Boulogne-Billancourt), objets connectés (Boulogne-Billancourt) ou encore chipset ou composants électroniques, puces... (Sophia Antipolis). Il faut noter que 38 brevets ont été déposés, en une seule année, par l'équipe de mathématiciens "Huawei" dans le domaine de la future 5G.
Chacun des centres de R&D français intervient au niveau mondial dans l'amélioration des produits Huawei, marque très jeune dans le monde des smartphones, qui ambitionne clairement de bousculer les iPhone d'Apple (qui emploie 2.400 personnes en France) en termes de qualité de production et de performance.

1,5 Md€ d'investissements programmés en France d'ici à 2018

Trois de ces brevets sont développés avec Centrale Supelec et Eurocom.
Côté investissement, en ligne avec un plan lancé en 2013, Huawei, qui a prévu de dépenser 1,5 Md€ d'ici à 2018 auprès des fournisseurs français, à l'image de STMicroelectronics, revendique depuis deux ans avoir dépensé 540 M$ auprès de groupes industriels français.
Cette "contribution" à l'économie française vise, bien sûr, à ancrer la marque de Shenzhen toujours plus fortement auprès de la clientèle française, gagner des parts de marché dans le mobile haut de gamme où depuis trois ans seulement elle s'est donné comme objectif de détrôner Apple et Samsung  (déjà 8 % de parts de marché actuellement, contre 16 % pour Apple et 29 % pour Samsung sur ce marché). Pour autant, cette contribution économique est réelle, et elle a connu une accélération radicale depuis 2014.

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  • Huawei Digital  IN-Pulse : GreenMe, Cogniteev et Qucit sur le podium final

Depuis sa création en 2014, le programme a distingué 29 startups. Les trois startups distinguées reçoivent une dotation financière (50.000 euros pour le vainqueur, 20.000 euros pour le second et 10.000 euros pour le troisième lauréats).
Outre cette dotation, le 1er lauréat se voit convier à un voyage d'affaires de 15 jours en Chine car ce programme a été pensé pour permettre la rencontre de l'écosystème de l'innovation chinois avec celui de la France.
A Bordeaux, pour cette première édition, le jury a examiné 11 candidatures jugées viables, à savoir susceptibles de trouver un marché à l'export en général, et en Chine en particulier.
Le jury composé de Virginie Calmels (1re adjointe au maire de Bordeaux), Didier Casas (Fédération française des télécoms), Viviane Chaine-Ribeiro (présidente du Syntec), Nicolas Corouge (CEO de Connectiv IT, vice président du Comité Richelieu), Pierre Dejean (CCI de Bordeaux), Xavier Lainé (DG de French Tech Bordeaux) et Robin Rivaton (économiste) a désigné lauréats à Bordeaux. Il s'agit de (du troisième au premier lauréat) :

  • Qucit, startup bordelaise créée en 2014, développant une intelligence artificielle, des applications basées sur des modèles prédictifs pour une gestion optimisée de la mobilité urbaine. La société compte 12 collaborateurs et déploie ses solutions sur les marchés européens... et en Asie. Elle bénéficie d'une enveloppe de 10.000 euros en décrochant la troisième place du palmarès Huawei Digital IN-Pulse.
  • Cogniteev, startup bordelaise qui est spécialisée dans le traitement des big data ainsi que l'analyse du trafic et des performances des sites Internet et moteurs de recherche, bref, un spécialiste de la SEO (Search Engine Optimization). Sa solution Oncrawl, qui offre la possibilité d'étudier la qualité html, les balises méta et sociales, l'architecture, le contenu, les liens et les performances des sites web décroche donc la seconde place du palmarès et une enveloppe de 20.000 euros.
  • GreenMe, société landaise, est à l'origine d'un objet connecté dédié à la qualité de vie au travail. Il permet une mesure individuelle et en continu de la température, de l'humidité, de la qualité de l'éclairage, du bruit et des besoins de renouvellement de l'air. GreenMe et son "cube" connecté vont bénéficier d'une enveloppe financière de 50.000 euros et d'un voyage d'affaires de 15 jours en Chine... "qui va nous permettre d'accélérer notre développement international et d'évaluer la faisabilité d'aborder ce marché avec un produit adapté en termes de prix et de fonctionnalité", expliquait, après avoir reçu le premier prix, Alexandre Dugarry, président de GreenMe.

GreenMe

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