Presse, comment préserver la liberté d’informer

Représentants du Syndicat de la presse hebdomadaire régionale, de La Tribune Bordeaux, Rue 89 et Sud Ouest ont débattu hier en début de soirée sur les contraintes économiques et la liberté d’informer.
Jongler avec les nouvelles contraintes économiques numériques demande de l'agilité.

C'est dans le cadre du "Printemps du club", organisé par le Club de la presse de Bordeaux, que s'est tenue jeudi, à l'auditorium de la Bibliothèque de Bordeaux, la conférence-débat "L'économie des médias menace-t-elle la liberté d'information ?". Animée par Marie-Christine Lipani, sociologue à l'Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine (Ijba), de l'Université Bordeaux Montaigne, cette conférence-débat réunissait Cendrine Martinez, directrice générale déléguée de La Tribune Bordeaux, Vincent David, directeur des éditions du Courrier français, président du Syndicat de la presse hebdomadaire régionale (SPHR), Walid Salem, directeur de la publication de Rue 89, et Stéphane Vacchiani, directeur de la communication et du développement événementiel du quotidien Sud Ouest.

Nouvelle souscription

Une des questions était de savoir comment les logiques économiques des organes de presse impactent le travail des journalistes, dans un contexte où les revenus ne sont pas forcément au rendez-vous. Prêchant pour sa paroisse, Vincent David a tout d'abord souligné que les 254 publications du SPHR, qui cultivent "une hyper proximité" avec leurs lecteurs, avec de nombreux titres cantonnés à des microrégions, comme le Médoc, souffrent relativement moins de la crise que les quotidiens régionaux.

Ce n'est pas pour autant que le SPHR échappe au choc numérique. Au lieu de brader son savoir-faire, Vincent David a souligné qu'il fallait au contraire miser sur la qualité et la plus-value rédactionnelle apportée par les journalistes.

Créateur à Bordeaux du site d'information Rue 89, Walid Salem a estimé qu'il vivait une expérience éditoriale réussie malgré une forte pression sur le plan économique. L'information gratuite étant "partout" la question du financement se pose avec acuité. Et la construction d'une communauté, d'une audience, ne suffit pas forcément à décrocher un soutien économique.

"Celui qui doit payer l'information c'est celui qui la lit" a-t-il commenté.

La première souscription lancée pour relancer le site de "Rue 89" n'a pas abouti au résultat attendu, mais Walid Salem va repartir en campagne pour lever les fonds nécessaires.

Le "France 3" de la presse éco

"Premier média économique des métropoles", comme le souligne l'accroche de notre groupe de presse, La Tribune Bordeaux serait-elle "une singularité éditoriale ?". Si La Tribune Bordeaux a une forte visibilité territoriale, c'est qu'elle n'est pas un média émergent mais le nouveau visage du magazine Objectif Aquitaine, "bien ancré" dans le paysage. Pour autant le titre, comme les autres "est très impacté" par la violente mutation de la presse qui l'a poussé, sous l'impulsion de son nouvel éditeur, Jean-Christophe Tortora, à combiner le local, incarné par d'autres médias, comme Objectif News, à Toulouse, et le global, rendu possible par le rachat en 2012 du quotidien économique La Tribune.

"Ce qui nous permet d'être dans le glocal, le global et le local, nous sommes le France 3 de la presse économique et sommes déployés dans le print, le digital, avec nos sites en ligne, et le live média", a expliqué en substance Cendrine Martinez.

Une transformation d'autant plus réussie que 50 % du lectorat de La Tribune Bordeaux est désormais parisien.

Les attentes des lecteurs

La puissance quasi instantanée du choc digital sur les structures traditionnelles de la presse papier crée une situation génératrice de schizophrénie, a estimé Stéphane Vacchiani. Dans ce contexte tourmenté, "la vraie réponse est de rester journaliste", a-t-il tranché. Malgré la crise, Sud Ouest, qui dispose d'un envoyé spécial à Bruxelles ou encore d'une équipe de trois journalistes sur le Tournoi des six nations, continue à exister, tout en se développant en simultané sur le web. Qu'importe le temps passé sur le portail du journal quand l'essentiel est de répondre aux besoins des lecteurs, qui veulent mieux vivre l'agglo, être guidés pour échapper aux bouchons, etc., a relevé Stéphane Vecchiani. Pour coller à la vitesse du numérique, le nombre de conférences de rédaction est passé à Sud Ouest de une à cinq par jour, "afin de rester au plus près de l'actualité".

Pour éviter la confusion des genres, Cendrine Martinez a notamment souligné, dans le cadre de la question "journal d'annonceurs ou journal de lecteurs ?", que La Tribune Bordeaux s'attachait à toujours bien identifier le contenu des suppléments achetés par les annonceurs.

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