Cyril Dané avait prévenu. Le dirigeant, depuis 2008, de la société AIO annonçait, en octobre 2015, alors qu'il venait de déménager sa société de Léognan à Pessac, près de Bordeaux, dans des locaux dédiés à son activité, que dans les trois ans, les 2.000 m2 du lieu seraient rapidement remplis.
Il faut dire que sa société, AIO, connaît des croissances annuelles à deux chiffres depuis qu'il a décidé d'en faire un acteur majeur des systèmes mécaniques simples, des astuces et des simplifications de process que les Japonais appellent karakuri kaizen, une marque désormais déposée par le Français.
Une stratégie qui s'est avérée payante alors que la plupart des acteurs de l'industrie européenne cherchent à adapter leurs outils de production aux nouvelles contraintes des consommateurs, des salariés et des démarches RSE.

Toyota, Mercedes, BMW parmi ses clients

En 8 ans seulement, AIO est devenu le chouchou des industriels de l'assemblage installés en Europe. Avec une vraie accélération ces 18 derniers mois puisque dans ce délai pas moins de 6 constructeurs automobiles, dont le japonais Toyota, BMW, PSA ou encore Mercedes, on fait d'AIO leur fournisseur unique de systèmes d'assistance, de "cobotique zéro énergie" puisque tous ses équipements de support de geste et d'ergonomie reposent uniquement sur l'énergie cinétique, la gravité, l'élasticité des matériaux...
Résultat de 25 salariés en 2012, la société est passée à 43 en 2015, puis 60 aujourd'hui. 30 postes seront créés d'ici à fin 2017.
Un rythme de croissance qui va être accélérer par l'entrée, au capital d'AIO, sous la houlette d'Alienor Partners (cabinet de conseil bordelais) et de vectis, du fonds d'investissement Audacia. Créé en 2007 par Charles Beigbeder, Alexis Dyèvre et Pierre-Guillaume Véron Audacia, il accompagne les sociétés en croissance, principalement opérant sur des marchés traditionnels et réalisant une partie de leur activité à l'export. C'est précisément le cas de AIO qui exporte son Karakuri Kaizen en accompagnant, dans toute l'Europe, ses clients industriels déployant des usines du futur en Allemagne, au Royaume-Uni et en Turquie

Régner sans partage sur l'Europe de l'industrie du futur ?

"C'est sans doute moins vrai en France, et c'est dommage, qu'à l'étranger, mais le karakuri kaizen passionne les dirigeants des secteurs industriels de l'automobile et de l'aéronautique. Il permet d'améliorer les conditions de travail et la compétitivité grâce à des investissements qui ne sont pas lourds. Bref, à produire plus pour moins cher in fine", expliquait en 2015 Cyril Dané à La Tribune Bordeaux.

Néanmoins, et cela n'a pas échappé à Audacia, ni à Bpifrance et la Caisse d'épargne Aquitaine Poitou-Charentes qui ont également apporté leur soutien financier à l'opération, le marché potentiel d'AIO auprès des seuls industriels de l'automobile, de l'aéronautique et de l'électronique est évalué à 150 M€.
En entrant au capital de la société girondine, Audacia lui donne les moyens de ses ambitions. De l'aveu même de Cyril Dané, la société leader en Europe sur son marché "a fait le choix de rapidement prendre l'intégralité de ce nouveau marché et de suivre l'adage du winner take all."
En clair, si jusque-là la société avait assuré son développement sur fonds propres uniquement, désormais, cette première levée de fonds lui offre l'occasion de continuer de régner sans partage sur l'Europe de l'industrie du futur.