"On ne pourra plus manager comme avant les nouvelles générations"

[#Biznext] Oubliée, la sacro-sainte valeur travail. Aux orties, le rationalisme à outrance. Exit, les valeurs structurelles qui sont en vigueur depuis des décennies. Place à de nouvelles pratiques managériales qui redonnent de la place à l’humain, pour le plus grand bien économique de l’entreprise. C'est le point de vue d'Arnaud Lacan, professeur associé de management à Kedge Business school, qui animera la masterclass "Travailler autrement" lors de Biznext Bordeaux le 17 décembre.
Arnaud Lacan, professeur associé de management à Kedge Business school

Après une expérience managériale de 15 ans en entreprise dans le domaine du marketing relationnel puis de la distribution, notamment au sein du groupe Maif, Arnaud Lacan a rejoint Kedge Business School en tant que professeur associé de management. Il évoquera les nouvelles pratiques managériales et les impacts du numérique sur le management lors de la masterclass "Travailler autrement" durant la 1re édition de Biznext, le 17 décembre à Bordeaux. Inscrivez-vous et venez lui poser vos questions !

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Il faudrait donc tirer un trait sur toutes les valeurs en vigueur dans l'entreprise depuis des décennies, voire des siècles ?

"Le constat que je fais avec mon équipe, notamment au sein de la Villa Kedge Maffesoli, c'est qu'effectivement les valeurs structurelles de la modernité dans l'entreprise, que sont le rationalisme, la valeur travail, le mode projet, l'optimisation sans fin des processus, les innombrables reportings ascendants, sont saturées et appelées à être remplacées par des valeurs émergentes que l'on peut nommer post-modernes. Ces dernières s'appuient entre autres sur la création plus que le travail, remettent en scène la personne plus que l'individu, donnent de la place à la méditation, au yoga et plus généralement au corps comme outil de la réalisation, du présentéisme où le temps présent est celui de l'action, à l'esthétisation c'est-à-dire au retour de l'émotionnel... C'est le règne du vivre ensemble, du vibrer ensemble, le règne du kiff. Si on ne kiffe pas, ça ne marche pas."

Quel changement pour les managers...

"Ces derniers doivent apprendre à devenir plus leaders que petits chefs. Leur légitimité passera par la capacité à entraîner, à impulser, et plus par le contrôle des tâches effectuées et des objectifs atteints. Ces ruptures envoient l'entreprise vers de nouveaux modes organisationnels, avec l'appui d'outils collaboratifs numériques notamment."

Les managers sont-ils prêts ?

"Oui et non. Oui car certains ont compris ces bouleversements. Des Stéphane Richard chez Orange, des Henri de Castries chez Axa qui dit que "le rôle des patrons aujourd'hui n'est pas de faire des one-man-shows, mais d'être des chefs d'orchestre". Nous allons vers des entreprises plus libérées. Des Harley Davidson, Poult, Chronoflex... Elles sont peu nombreuses, peut-être 5 ou 6 en France aujourd'hui, mais on sait que ça peut marcher. Non car la principale difficulté, c'est que le dirigeant peut le vivre comme un traumatisme, surtout dans le cadre d'un management patriarcal par exemple. Le point crucial ne se situe pas au niveau des managers de proximité, qui s'adaptent facilement, mais plutôt dans l'encadrement supérieur, dans la strate des directions opérationnelles qui auront plus de mal à lâcher prise."

Cette révolution est-elle d'ordre générationnel ou contextuel ?

"Elle prend sa source à l'émergence, il y a une vingtaine d'années, de nouveaux modes de gouvernance des entreprises, de la RSE... bien plus que dans l'arrivée de la sympathique génération Y. Mais il faut bien avoir en tête que ces modifications managériales se font dans l'intérêt de l'entreprise. On ne pourra plus manager comme avant les générations qui arrivent et qui cherchent de nouveaux moteurs, dont le rapport au monde a changé."

Biznext, 150 minutes pour décoder l'économie 4.0, le 17 décembre à partir de 18 h à la Cité mondiale de Bordeaux. Au programme : une keynote sur la transformation numérique des entreprises par Nicolas Gaume, directeur de la division DX de Microsoft France, 5 masterclass durant lesquelles le public pourra directement poser ses questions aux experts, et une remise de prix. Inscription gratuite et obligatoire.

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