Urabaila, l’hydrolien fluvial à l’heure du business ?

L’Aquitaine ressemble de plus en plus à une place forte des hydroliennes fluviales. Les projets s’accumulent, les techniques aussi et, à Bordeaux, un site d’essais, unique au monde, SEENOEH, devrait voir jour. Mais au-delà de l’aspect technique, ces projets doivent se trouver un modèle économique. Et pour cela, c’est du côté du Pays basque qu’on pourrait bien avoir eu la bonne idée. Le projet est à la fois technique : Urabaila, et stratégique : Uramapan. Explications.
Le prototype de l'hydrolienne Urabaila été mis à l'eau dans le port de Bayonne

Il y a trois jours, dans le port de Bayonne, un prototype d'hydrolienne issue d'un projet collaboratif a été immergé. Baptisée Urabaila ("l'eau qui danse" en basque), cette hydrolienne fluviale à flux transverse a été développée dans le cadre d'un projet collaboratif mobilisant des entreprises et des bureaux d'études de l'Aquitaine, à l'image de Bertin Technologie, filiale du groupe parisien CNIM (qui a développé le prototype) ou Energie de la Lune, Grand Port Maritime de Bordeaux, ICnergie, Cerenis, Epoc, mais aussi de la région PACA comme UFO Boat, K-epsilon ou M2P2.
L'originalité de ce projet, soutenu par le Conseil régionale d'Aquitaine et celui de PACA; ne réside pas seulement dans son aspect collaboratif. Démarré en mars 2013, à l'initiative de Bertin Technologies, le projet Urabaila n'est pas uniquement concentré sur la technologie qui est actuellement, et jusqu'en février prochain, mise à l'épreuve des courants bidirectionnels des fleuves et estuaires.

"Nous partons tous de zéro et les moyens humains et financiers consacrés à l'hydrolien sont très faibles encore, tout comme le nombre de sociétés présentes, mais nous sommes en effet un certain nombre à travailler sur des technologies différentes en matière d'hydrolienne fluviales", explique Pascal Brunet, chef de projet Urabaila pour Bertin Technologies.


Semblant lui donner raison, des spécialistes de la filière hydrolienne fluviale estiment à 150 le nombre de technologies différentes actuellement en cours de développement.

"L'enjeu, le vrai, c'est le modèle économique"

"Il est clair que nous, Urabaila, Hydrotube Energies, HydroQuest... sommes tous à la recherche de la meilleure réponse technique et qu'il n'y en aura sans doute pas une seule et unique réponse. Avec Urabaila, nous avons fait le choix d'une hydrolienne produite quasi essentiellement localement, à partir de techniques éprouvées et extrêmement solides. Mais en vérité, l'enjeu principal de l'hydrolienne fluviale ne réside pas uniquement dans la technologie. L'enjeu, le vrai, c'est le modèle économique", ajoute Pascal Brunet.
Et c'est là que semble résider la vraie originalité du projet Urabaila... Parallèlement au travail réalisé sur l'hydrolienne, les sociétés associées dans l'aventure Urabaila planchent aussi sur ce modèle économique.
Comment ? En développant le projet "Uramapan".

Urabaila


Gros plan sur les pâles de l'hydrolienne fluviale Urabaila

Uramapan, cartographie mondiale de la ressource réelle

"L'hydrolien fluvial, pour chacun des acteurs engagés dans son émergence, reste un pari. Potentiellement un challenge porteur d'espoirs économiques et environnementaux, mais un pari risqué tout de même pour les investisseurs nécessaires à son développement. En effet, aujourd'hui nous manquons totalement de moyens pour consolider les chiffres espérés, voire estimés par les acteurs de la filière. On parle parfois d'emplois que pourrait générer ce marché, on évoque aussi des chiffres d'affaires potentiels, mais pour le moment, nous ne pouvons pas consolider ces chiffres. Nous sommes tous des pionniers qui avançons dans l'inconnue des chiffres."

C'est précisément dans le but de corriger cette très grande inconnue que, parallèlement au projet Urabaila, a été développé un projet R&D de création d'un logiciel "atlas du monde" de la ressource hydrocinétique.

"Nous devons savoir où sont les marchés potentiels de notre hydrolienne. Mettre en corrélation les sites potentiels de production et les environnements énergétiques locaux. Nous sommes en train de mettre au point un logiciel pilote, qui est actuellement en version beta, baptisé Uramapan, la carte de l'eau."

Ce "mapping" de localisation des sources potentielles de marchés détermineront alors le réel potentiel du marché de Urabaila... et de la plupart des hydroliennes en cours de préparation.

A la recherche du modèle économique

"C'est d'autant plus important que dans un premier temps, Urabaila visera des pays ou zones du monde où l'électricité est payée chère par le consommateur, environ 40 centimes d'euro le kilowattheure. Si Urabaila est un jour produite en série, ce qui est l'objectif, l'hydrolienne devrait pouvoir ensuite conquérir des marchés où l'électricité est vendue 20 centimes d'euro le KWH", analyse Pascal Brunet.
"Une fois que nous aurons une cartographie précise des zones de production idoines, des environnements règlementaires et tarifaires de ces marchés locaux, nous pourrons évaluer notre taux de pénétration potentiel et bâtir des business plan à l'échelle mondiale, mettre en place une stratégie commerciale", assure encore le chef de projet.

Sur le front de la technique, du rendement et de l'acceptabilité environnementale aujourd'hui, la bataille mobilise pas mal d'acteurs de l'hydrolien fluvial, mais sur le front de la validation du modèle économique, pour le moment, Urabaila et Uramapan semblent naviguer seuls.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.