Après dix années d'Idef, salon B to B consacré aux acteurs de l'industrie du jeu vidéo, à Cannes, Bordeaux a été choisi par le Sell (Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs) et Comexposium pour accueillir l'évènement "trade" français du jeu vidéo.
A Bordeaux, dans le hangar 14 situé sur les quais, on est très loin du grand show international qu'est l'E3 (Electronics Entertainment Expo) qui s'est déroulé du 16 au 18 juin au Convention Center de Los Angeles.

C'est derrière les murs des stands que les acteurs de la filière rencontrent les distributeurs

Certes, tous les grands acteurs sont là, les stands sont beaux et de désemplissent pas, mais là, à Bordeaux, pas de "touristes gamers" dans les allées devant les consoles de jeux qui, bien sûr, sont quand même là, et pas seulement pour faire décor.
"L'Idef est à 100.000 lieues de l'E3", explique Emmanuel Martin, délégué général du Sell. "Ici, les professionnels du jeu vidéo viennent finaliser, par des contrats généralement, les contacts qui ont été pris tout au long de l'année avec les distributeurs des jeux et consoles vidéos."

Los Angeles pour le fun, Bordeaux pour affaires

Le moins que l'on puisse dire c'est que, cette année, les stands et leurs espaces de réunions confidentiels dans lesquels on entre que si l'on figure dans le listing des rendez-vous d'affaires, n'ont pas désempli pendant trois jours. "Le marché du jeu vidéo, qui a connu un trou d'air économique entre 2010 et 2013, période de transition entre deux générations de consoles, a rebondi pour atteindre, en 2014, un chiffre d'affaires français de 2,7 Md€. Nous sortons d'un E3 qui a été hyper enthousiasmant, avec beaucoup de nouveautés, de nouveaux jeux... on est clairement dans un nouveau cycle économique à la hausse et cela se ressent ici à Bordeaux où les rendez-vous d'affaires, dans un cadre plus serein, loin des tumultes de Los Angeles, sont nombreux. On sent une grosse envie de business. Nous attendons, pour le secteur, une croissance de CA de 8 % en 2015," assure Emmanuel Martin.

CA 2008, la référence à battre

Économiquement, la filière qui, parce qu'elle est dépendante des nouveautés techniques, des générations de consoles et des nouveaux jeux "blockbusters", connaît des soubresauts réguliers, tous les quatre ans en moyenne, profite de chaque rebond pour doubler de chiffre d'affaires. "Cette règle est valable depuis 1990. Le chiffre d'affaires de notre industrie double à l'apogée de chaque nouvelle génération de consoles de jeu", analyse le délégué général du Sell.
La huitième génération de console actuellement sur le marché ne semble pas vouloir faire exception... même si l'activité du secteur (étude Gfk de 2014) ne semble pas tout à fait sur le même rythme de progression que celle qu'avait générée, à partir de 2007, la sortie de la génération (7e) précédente de consoles et qui avait vu l'activité battre tous les records en 2008 (33 Md€ de CA mondial, 3,3 Md€ en France).

A l'Idef, on ne joue pas, on signe

Des chiffres que l'on scrute avec beaucoup d'attention dans une filière qui emploie, en France, environ 3.000 personnes dans les studios (le Canada, acteur majeur du monde du jeu vidéo et qui emploie beaucoup de Français, compte lui 16.000 salariés dans plus de 340 studios) et 5.000 autres personnes dans l'édition et la distribution et enfin, 15.000 personnes en emplois indirects. "La France est, c'est vrai, un gros pourvoyeur de talents pour les concurrents étrangers, mais parce qu'il est un très bon acteur mondial de la formation ! C'est aussi pour cela que la France reste une terre fertile pour la création de jeux. Je rappelle d'ailleurs que le jeu vidéo fait partie de son histoire industrielle et culturelle. Il faut savoir qu'au MoMa, musée d'art contemporain de Manhattan, sur les 12 jeux mythiques exposés, trois sont français" souligne Emmanuel Martin.

Championne du jeu... et des joueurs

La France championne du jeu, mais aussi championne des joueurs. Un français sur deux est aujourd'hui joueur, on devrait même dire joueuse car les femmes représentent 50% des joueurs de jeux vidéo. Avec l'Angleterre et l'Allemagne, la France figure, grâce à 31millions de joueurs entre 6 et 64 ans, dans le top 3 des marchés européens. Un classement que l'Idef qui pourrait bien s'installer durablement à Bordeaux, entend bien conforter.

Signe que la France compte commercialement pour les géants du secteur, au mois d'octobre, le 28, en ouverture du prochain Paris Game Week (du 28 octobre au 2 novembre 2015 - 270.000 visiteurs en 2014, ce qui en fait le 3e salon mondial du jeu vidéo), également organisé par le Sell, la direction de Sony, présentera en avant-première mondiale les grandes nouveautés de sa console PlayStation.