Le CJD Bordeaux valorise l'entrepreneuriat

La garden party du Centre des jeunes dirigeants (CJD) Bordeaux a attiré la foule hier soir au Rocher de Palmer, à Cenon. Les débats, passionnés, ont tourné autour de l'envie d'entreprendre et de l'image du patron avec quatre intervenants de qualité, aux parcours radicalement différents mais partageant une envie similaire d'aller de l'avant en faisant bouger les lignes. Morceaux choisis.
Xavier Fontanet, Julien Leclercq, Alain Tesson, Virginie Calmels, Calixte de Nigremont
Xavier Fontanet, Julien Leclercq, Alain Tesson, Virginie Calmels, Calixte de Nigremont (Crédits : Agence Appa / Anael Barrière)

Une première garden party dans les jardins du Rocher de Palmer, deux heures de conférence spectacle puis une seconde garden party une fois la nuit tombée. Le CJD a opté pour un format original, hier soir, remplissant la célèbre salle de concert de Cenon. A l'animation, bonne pioche : l'humoriste Calixte de Nigremont, maître de cérémonie maniant l'humour avec adresse, cabotine à merveille. Sur scène, quatre orateurs se sont succédé, leurs propos étant "résumés" par les interventions brillantes de la BIP, la ligue d'improvisation professionnelle de Bordeaux.

Grand témoin de la soirée, Xavier Fontanet a déroulé un parcours professionnel extrêmement dense. Aujourd'hui vice-président du Boston Consulting Group, membre du conseil d'administration de L'Oréal et de Schneider Electric, il est longuement revenu sur les enseignements tirés du temps où il était le PDG d'Essilor (70.000 emplois). Sus au french bashing : on ne le dit pas assez mais dans le classement mondial des 100 entreprises à la plus forte croissance, mais observées sur de longues périodes, la France place 11 représentants. Non, l'Hexagone n'est pas allergique à la mondialisation et à l'expansion internationale de ses pépites : "Tout part d'une graine locale, d'une petite idée que vous universalisez", affirme Xavier Fontanet. Rompu à l'hyper-croissance, lui qui a piloté des entreprises qui ont pour la plupart centuplé de taille, il donne sa clé du succès :

"Créer de la confiance. Confiance en soi d'abord, sur le fil entre la flagellation et l'arrogance. Confiance en les autres, ensuite : dans l'entreprise, les loups solitaires, ça ne marche pas. Le troisième point, c'est adopter la bonne stratégie et dire la vérité." Pour Xavier Fontanet, il faut récompenser ceux qui réussissent. "Et quand ça rate, il ne faut pas casser les gens. L'échec doit être un élément d'apprentissage, qui passe par une responsabilisation des employés."

Xavier Fontanet

Xavier Fontanet, grand témoin de cette soirée (crédit Agence Appa / Anael Barrière)

Salaud de patron

Xavier Fontanet a été rejoint, le temps du débat, par trois autres intervenants. Julien Leclercq, directeur de l'agence Com'Presse (48 salariés, 4 M€ de CA) à Astaffort (47), est aussi connu sous le sobriquet de "Salaud de patron", du nom du livre qu'il a écrit. Revenant sur la crise, qui a fait perdre 1 M€ de CA entre août et novembre 2008, il a expliqué à l'auditoire comment le sauvetage de l'entreprise s'était opéré. Ses mensonges aux établissements de crédit à la consommation, à qui il annonçait vouloir partir en voyage de noce alors qu'il cherchait à collecter 250.000 € pour sauver sa boîte, ont fini par payer... Un sauvetage qui est aussi passé par des sacrifices de tous. "J'ai mis à contribution les salariés, qui ont accepté de baisser leur salaire de 15 %. L'entreprise a été sauvée", a témoigné le jeune dirigeant, pour qui "ce n'est pas les patrons contre les salariés. Il faut casser la lutte des classes."

Apporter un autre regard

Insistant sur l'importance de "montrer des success story", notamment aux jeunes, et qu' "on peut réussir, et ce n'est pas sale", Virginie Calmels a évoqué "la césure séparant le monde politique et le monde économique, qui se regardent souvent en chiens de faïence alors qu'ils poursuivent les mêmes buts d'intérêt public, l'emploi et la croissance". Adjointe au maire de Bordeaux en charge de l'Economie, de l'Emploi et de la Croissance durable, mais aussi présidente du conseil de surveillance d'Eurodisney, l'ex-DG d'Endemol a plaidé pour que davantage de personnes issues de la sphère privée s'impliquent en politique, évoquant le groupe Michelin qui favorise cet aspect. Des novices de la chose publique susceptibles d'apporter "un autre regard sur la gestion, sur le management, sur le pilotage des projets..." Inversement, elle pousse pour "des périodes obligatoires dans les PME pour ceux qui sortent de l'ENA en début de carrière". Cette incompréhension entre le politique et l'entreprise, Julien Leclercq en fait part, citant en exemple son député lot-et-garonnais, qu'il apprécie malgré tout :

"Je lui ai dit que je ne comprenais rien à ce qu'il faisait. Il m'a dit qu'il ne comprenait pas ce que moi je faisais. Ok, mais moi je ne fais pas des lois qui vont régir sa vie."

De l'autre côté de la barrière

Déplorant, comme les autres acteurs présents, "la vision caricaturale" qu'a la presse économique des patrons et de l'entrepreneuriat, Virginie Calmels a souligné qu'il est "très difficile de changer les mentalités. Si le monde politique et le monde médiatique ne changent pas, ça prendra énormément de temps."

Virginie Calmels a plaidé pour davantage de nouveaux venus issus de la sphère privée dans le jeu politique (crédit Anael Barrière)

Alain Tesson, lui, a fait part de sa trajectoire atypique, qu'il considère pourtant comme "allant de soi". Commercial dans l'automobile, il a parallèlement grimpé les échelons syndicaux jusqu'au poste de n°2 de sa branche au sein de Force ouvrière. En 2010, il bascule "de l'autre côté de la barrière" en rachetant, à 54 ans, une concession Renault au Taillan-Médoc (33). L'ancien syndicaliste et devenu patron, "une suite logique" pour lui qui raconte avoir vécu une de ses plus belles émotions au moment où il a embauché quelqu'un pour la première fois.

Le consensus est clair entre les 4 intervenants sur plusieurs points : l'attachement des Français à leur entreprise, la capacité à créer en France, mais aussi l'image relativement médiocre qu'ont les patrons, "la démagogie qui veut que les gens soient compétents sur tout mais payés trois francs six sous".

Le mot de la fin, volontariste, est revenu à la présidente du CJD Bordeaux, Odile Candessanche, patronne de Tourism & City Tours, citant Albert Guinon : "Les passionnés soulèvent le monde, les sceptiques le laissent tomber".

CJD Bordeaux

La garden party s'est poursuivie dans les jardins du Rocher de Palmer (crédit Anael Barrière)

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