SRCE : élus et industriels renvoient la Dreal à ses études

Le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE), soumis à enquête publique jusqu’au 5 juin, suscite une levée de boucliers de la part des élus d’Aquitaine, à commencer par ceux de Bordeaux Métropole, du bassin d’Arcachon et du Val de L’Eyre. Ils reprochent au SRCE d’être établi à partir de données et de cartes anciennes. Ils estiment aussi que les travaux de la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) nient les efforts mis dans l’élaboration de leurs Schémas de cohérence territoriale (Scot). Elus et décideurs économiques veulent que la Dreal Aquitaine retravaille son sujet.
Les élus et les décideurs économiques craignent que les imprécisions de la cartographie du Schéma régional de cohérence écologique Aquitaine n'ouvre la porte à de nombreux recours et ne freine, voire ne stoppe, des projets de développement industriels.

"Entendons-nous bien, tous les acteurs aquitains de l'aménagement du territoire s'accordent sur la pertinence d'un SRCE pour enrayer la perte de biodiversité. Ces SRCE que la loi Grenelle instaure", explique Michel Labardin, maire sans étiquette de Gradignan président du Sysdau syndicat mixte référent pour la planification de l'aménagement du territoire dans l'aire métropolitaine de Bordeaux, soit 98 communes. "Dans le faits,  nos Scot respectifs sont déjà pétris de cette nécessaire obligation : concilier environnement et développement. Or, nous, élus, déplorons le fait que le SRCE se soit construit sans aucune concertation avec les acteurs de l'aménagement du territoire et sans que les Scot aient été interrogés."

Une document imprécis qui pourrait générer 10 ans de litiges

Les élus dénoncent donc méthodologie et les résultats des études qui ont permis à la Dreal Aquitain d'élaborer ce Srce qui, ne peut recevoir leur assentiment.
"Nous sommes tous convaincus du rôle clé des SRCE", ajoute Jean-Guy Perriere, président du Sybarval, syndicat mixte du Scot du Bassin d'Arcachon et du Val de L'Eyre, "mais je rappelle aux services de l'État que nos Scot ont été validés par les autorités environnementales... les mêmes qui les remettent en question avec les conclusions de ce SRCE !"
Pointant du doigt les services de la Dreal pour avoir utilisé des cartes obsolètes qui ont permis de classer de vastes pans du territoire en réservoirs de biodiversité, les élus assurent que la superposition de leurs cartes et celle du SRCE montrent des disparités graves.
"Ces différences, qui mettent par exemple des zones comme le terminal du port d'Ambès en réservoir de biodiversité, ou encore l'intégration totale du massif forestier des Landes en réservoir de biodiversité, vont à l'encontre d'un aménagement équilibré du territoire", assure de son coté Michel Labardin. "Le SRCE tel qu'il est proposé montre des imprécisions, voire des erreurs qui vont provoquer de graves failles juridiques. Nous allons, de fait, pour chaque projet de développement qui sera proposé, vers des recours. Si nous validons ce SRCE, nous allons vers 10 ans de contentieux !", poursuit le maire de Gradignan.

Des zonages qui pénalisent les projets industriels

Les acteurs économiques et leurs représentants comme  l'Union Maritime et Portuaire de Bordeaux, l'Union des industries chimiques (UIC Aquitaine), le conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, les chambres consulaires sont montées au front du refus de ce SRCE.
"Les industriels de la chimie s'accordent sur la nécessité de préserver la biodiversité, assure Pascal Lefevre, président de l'UIC Aquitaine mais les erreurs de cartographie de ce schéma peuvent remettre en cause nos activités, nous privent d'éventuels projets d'agrandissements. L'activité industrialoportuaire est tout particulièrement concernée à Bordeaux. Certains industriels, comme Yara à Ambès voient leur propriété directement impactée. Les entreprises de ce secteur comptent 450 salariés. Leurs activités, en forte hausse devraient entraîner la création de 200 emplois supplémentaires à l'horizon 2020... encore faut-il que la réserve foncière qui les concernent ne soit pas sanctuarisée... Les services de l'État , ne tiennent comptent que de l'existant, ils n'ont pas pris en compte les projets qui eux, sont pris en compte par les Scot", poursuit l'industriel. 
Sensibilisé vendredi dernier, le commissaire enquêteur semble s'être montré attentif aux attentes des élus et des acteurs économiques.

Élus et décideurs économiques demandent l'enquête publique

"Nous demandons l'arrêt de l'enquête publique, et une remise à jour de l'étude. Pour le moment, les représentants de l'Etat n'ont pas tenu compte de nos travaux", déplore Pierre Ducout, maire PS, de Cestas. "Il est quand même singulier de voir les services de l'Etat refaire, dans le cadre du SRCE, des études qui ont déjà été réalisées par nos services dans le cadre des Scot...", regrette Alain Mangon. "Le plus surprenant c'est que, pour le moment, cette situation, cette différence de cartographies n'a pas été rencontrée dans les autres régions, Rhone-Alpes, Bretagne au moment de l'élaboration de leur SRCE... Il faut dire que les Scot ont été vraiment consultés par les services de l'Etat dans ces régions... Nous demandons plus de coopération ici en Aquitaine entre nos services et ceux de la Dreal", ajoute Pierre Ducout.
Pour le moment, la balle est dans le camp du commissaire enquêteur et d'une préfecture à qui les élus et décideurs économiques aquitains demandent de s'exprimer sur le travail réalisé par la Dreal... en vain jusque-là.

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