Le Girondin GT a signé avec Lidl

GT, à Bassens (33), vient de conclure un accord avec l’enseigne Lidl qui va lui permettre de pallier la fermeture de la base logistique de Quiksilver en Isère que gérait le groupe girondin. Malgré une évolution positive, le groupe GT a dû surmonter de nombreux obstacles l’an dernier.
Eric et Michel Sarrat

Le groupe GT, à Bassens, a réalisé un exercice 2014 positif, avec un chiffre d'affaires consolidé en hausse de 12,6 %, à 187 M€, avec 2.300 salariés. Dans un contexte passablement compliqué, le groupe girondin, où l'actionnariat salarial joue un rôle significatif, n'a pas hésité à investir 21 M€ l'an dernier.

Les frères Eric et Michel Sarrat, qui codirigent ce groupe familial, ne communiquent jamais sur leur résultat net. Mais hier, lors de la présentation de l'exercice 2014, Eric Sarrat a levé un petit coin du voile.

"Notre secteur d'activité ne permet pas de dégager de marges élevées. Pendant une bonne année, notre résultat oscille entre 2 et 3 %. Quand on se rapproche des 3 %, on est fou de joie, mais il y a des pépites dans ce métier qui cachent leurs résultats...", a malicieusement commenté Eric Sarrat, qui a démenti être fou de joie...

Le départ choc de Na Pali

Spécialiste de la location de véhicules avec chauffeurs (GT Location), par le biais de l'externalisation - avec reprise et gestion des salariés de ses clients -, de la logistique (GT Logistics) et de la logistique spécialisée en e-commerce (L4), le groupe girondin est présent dans toute la France et travaille pour de nombreux poids lourds internationaux.

Le groupe GT a dû faire face l'an dernier à la réorganisation de Na Pali, filiale Europe (basée à Saint-Jean-de-Luz) du géant australien (détenu par un fonds californien) du surfwear : Quiksilver. Depuis 2008, GT logistics gérait ainsi la base logistique de Na Pali à Rives (Isère), un site de 30.000 m2 et 90 salariés, que Quiksilver a décidé de fermer pour la réinstaller, à partir de cet été, au port d'Anvers (Belgique).

"Nous en avions parlé début 2014, ce départ était très inquiétant pour nous. Nous nous sommes mis en chasse pour trouver un repreneur : on s'est adressé à la presse, on a envoyé un mailing sur le sujet à 2.000 entreprises, avec 5.000 noms, contacté le Medef local, la Direccte (Direction régionale de l'entreprise, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi - NDR), etc. Et finalement, nous avons eu de la chance. Grâce aux articles publiés dans la presse, nous avons attiré l'attention de Lidl, qui était en train de modifier sa propre logistique et qui nous a contacté", explique Eric Sarrat.

Un pied dans la grande distribution

Mis par Lidl en concurrence avec d'autres grandes entreprises, comme Dentressangle, GT a convaincu.

"Notre équipe a été remarquable, tous les salariés se sont mobilisés à fond. En plus du travail pour Na Pali, ils ont réussi à traiter 6.000 palettes et 30 camions par jour dans le cadre du test pour Lidl. J'ai signé l'accord ici il y a une heure", précisait hier en début d'après-midi Eric Sarrat.

Poussé par ses actionnaires allemands, Lidl a été tenu d'externaliser sa logistique. Pour faire face à ce nouveau défi, GT va investir plus de 3 M€ à Rives dans l'achat d'une machine de tri automatique et la formation des salariés. Du sèche-cheveux au salon de jardin, il s'agit notamment de reconditionner et de changer les étiquettes de milliers de produits non alimentaires qui n'ont pas été vendus pour les remettre en rayon le plus vite possible.

"La mécanisation était nécessaire car l'effectif ne suffisait pas et nous ne pouvions pas lancer de recrutements. Avec la machine de tri automatique, nous allons pouvoir traiter 10.000 colis à l'heure" relève Eric Sarrat.

L4 s'agrandit à Ris-Orangis

Paradoxalement, le départ de Na Pali a participé à la forte hausse du chiffre d'affaires de GT Logistics (600 salariés à durée indéterminée) l'an dernier, soit + 17 % à 59,2 M€, à cause des clauses de ce contrat à 8,5 M€ qui était renouvelé tous les deux ans depuis 2008. Le contexte semble aussi avoir joué dans le bon sens.

"On était parti pour un plan social à Rives mais vous savez, vu de l'étranger, un plan social en France ça fait plutôt peur. Na Pali a préféré trouver une solution négociée satisfaisante", évoque le patron de GT Logistics.

Le nouveau contrat va graduellement monter en régime et la base Lidl de Rives sera pleinement opérationnelle cet automne.

L4 (110 salariés en CDI), la division logistique spécialisée en e-commerce du groupe GT, a vu son chiffre d'affaires progresser de 19 %, à 11,7 M€.

"L4 est redevenue bénéficiaire et devrait maintenir son résultat entre 2,5 et 3 %. Cette entreprise dispose à Ris-Orangis (91) d'une base de 20.000 m2 au sol et 30.000 m2 déployés (avec les mezzanines). Nous allons l'agrandir de 10.000 m2 pour la porter à 30.000 m2 au sol et 45.000 m2 déployés" annonce Eric Sarrat.

30 % de CA lié au Bâtiment

Pièce maîtresse et socle historique du groupe, GT Location (1.525 véhicules, 1.590 salariés) n'a pas échappé à la hausse, avec un chiffre d'affaires de 114 M€, à + 11 %. Mais là aussi les difficultés n'ont pas manqué, dont certaines vont durer.

"30 % de l'activité de GT Location est centrée sur le transport de béton prêt à l'emploi - avec par exemple les toupies -, de matériaux, et donc liée au secteur du Bâtiment. Ce marché va mal, l'an dernier la construction de logements a même atteint un plus bas historique, et ça ne repart pas vraiment en 2015. Mais nous sommes convaincus que quand le marché va repartir à la hausse le mouvement sera brutal et les entreprises auront besoin de nous", explique Michel Sarrat.

En particulier parce que le gel des investissements dans ce secteur va renforcer l'obsolescence des matériels, ce qui a poussé GT Location à signer avec Tratel, l'opérateur transport d'Italcementi (5e producteur mondial de ciment).

Hausse avec Euralis

Le marasme dans le Bâtiment a été compensé l'an dernier en particulier par la montée en puissance de la collaboration de GT Location avec le groupe coopératif Euralis, à Pau, dans le transport de canards gras (de l'éleveur au gaveur et du gaveur à l'abattoir) pour les territoires Vendée, Deux-Sèvres (Poitou-Charentes) et Bretagne, avec un nombre de conducteurs qui est passé de 12 à 30. GT Location a également contracté avec 2B Energies, entreprise qui collecte de la biomasse forestière pour approvisionner de grosses chaudières, en Charente, Deux-Sèvres et Vendée. La division dirigée par Michel Sarrat a Michelin comme client numéro un et accompagne le leader mondial du pneu dans sa réorganisation logistique. Michelin va ramener le nombre de ses bases logistiques en France de six à deux, dont une pour le sud, à Clermont.

"Nous gérions deux bases, celles de Beauvais et La Brède, près de Bordeaux. La base de La Brède, qui compte près de 35 personnes, sera peu impactée, car l'usine de Michelin à Bassens (33) va permettre de continuer. Nous sommes en pleines négociations avec Michelin pour la base de Beauvais", résume Michel Sarrat.

GT recrute pour faire face aux commandes

Pour la première fois, le groupe s'est résolu à investir en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), une région qui n'a jamais vraiment attirée les dirigeants de GT.

"Sur les conseils d'un de nos grands clients, Saint-Gobain, nous avons racheté le fonds de commerce d'une entreprise d'Aix-en-Provence, qui s'appelle Asencio, à la barre du tribunal de commerce. C'est vraiment une première. L'entreprise, qui emploie une centaine de salariés s'appelle désormais GT Asencio et nous allons accompagner leur rebond", analyse Michel Sarrat.

Pour passer un cap 2014 chargé de mauvaises nouvelles dès la fin 2013, le groupe GT a initialement tablé sur une chute de 30 % de son budget et réduit ses frais de structure de 25 % : suppression du poste de directeur général, gel des salaires et des embauches, suppression du poste d'ingénieur méthodes, changement de la gamme des voitures utilisées... le groupe a réussi à économiser 1 M€, souligne Eric Sarrat.

Le gel des recrutements a été stoppé d'autant que l'année 2015 s'annonce comme bien meilleure que 2014 et Eric Sarrat a lancé un appel pour l'embauche d'une cinquantaine de salariés, dont quatre managers de sites. Le groupe girondin a signé pour 2015 une série de contrats, en particulier avec Michelin (Imeca), la Biscuiterie Poult, pour la réalisation d'une nouvelle base logistique de 14.000 m2 à Montauban, avec un second entrepôt en projet (Poult est présente à Aire-sur-l'Adour dans les Landes) qui sera financé et lancé par GT, Arkema, et l'AIA (Atelier industriel de l'aéronautique) d'Ambérieu-en-Bugey (01). En attendant encore mieux, GT s'assure une nouvelle bonne année.

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Commentaires 2
à écrit le 22/05/2015 à 10:49
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C' est moins la classe que les elicoptaires de turbomeca. Mais bon il va bien remplir ses poches .

le 26/05/2015 à 11:04
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Mdr

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