"En Afrique, on n’entreprend pas parce que c’est hype ! "

La Ville de Bordeaux accueillait samedi 25 avril la 3e édition de la Journée nationale des diasporas africaines. Un jour plus tôt, l’association Bordeaux Entrepreneurs réunissait une vingtaine de startups françaises et africaines dans les locaux de ConcoursMania. L’occasion d’apprendre des expériences des uns et des autres et de tendre à créer un pont entre ces deux continents.
Sename Koffi présente WoeLab, le premier fab lab du Togo qui a vu naître dans ses locaux la 1re imprimante 3D fabriquée en Afrique

Entrepreneurs africains et français s'étaient donnés rendez-vous vendredi soir dans les locaux de ConcoursMania, répondant à l'invitation de Samir Abdelkrim, fondateur de StartupBRICS, le 1er blog en français 100 % dédié à l'actu Tech et Startup des pays émergents, et de l'association Bordeaux Entrepreneurs. La mission de ces entrepreneurs : profiter des deux minutes imparties pour exposer leur projet. Au total, ce sont une vingtaine de startups qui se sont présentées et ont expliqué le chemin parcouru. Un chemin mené sur les routes françaises ou en Afrique, un continent où l'innovation est une nécessité et non un luxe, comme l'a souligné Samir Abdelkrim de retour de 10 mois passés en Afrique où il est parti à la rencontre de startups, d'incubateurs dont certains étaient présents à Bordeaux.

"En Afrique, on n'entreprend pas parce que c'est hype. On entreprend parce qu'on en a besoin. En France, on le fait car il y a une demande. Aujourd'hui, 30 % du PIB du Kenya provient du paiement mobile. L'Afrique anglophone a un temps d'avance mais l'Afrique francophone rattrape son retard. L'Afrique n'est pas le continent du futur, c'est le continent du présent. Après avoir passé du temps aux Etats-Unis, je peux dire qu'il n'y a pas que dans la Silicon Valley qu'il y a un mindset (un état d'esprit - NDLR) pour entreprendre" a expliqué Samir Abdelkrim.

Le numérique comme outil de développement

Pour l'Afrique, continent en pleine ébullition (dans 20 ans, il comptera 25 % de la population active mondiale), le numérique peut être créateur de richesses, d'emploi, d'insertion sociale (accès à la santé, à l'éducation) et économique.

Le Cardiopad est un de ces projets qui feront avancer l'Afrique. Arthur Zang, jeune ingénieur camerounais présent à Bordeaux, a mis au point une tablette avec électrodes qui permet de mesurer les données physiologiques cardiaques de toute personne. Le principe est simple : un ou une infirmier(e) fait l'examen cardiaque avec la tablette. Les résultats sont transmis à un des 50 médecins cardiologues que comptent le Cameroun et ses 22 millions d'habitants, et permettent au patient d'éviter un long déplacement du village à la ville. Le projet est soutenu par le président camerounais Paul Biya et a été remarqué par la Fondation Rolex, qui a remis à Arthur Zang en 2014 un Rolex Award accompagné d'un chèque de 48.000 €. Aujourd'hui, le début de la production en Chine est lancée et une centaine de tablettes sont prêtes et devraient être commercialisées au prix d'environ 3.000 €. Arthur Zang cherche encore des financements et entrevoit une nouvelle aventure : celle d'une tablette permettant la réalisation d'une échographie à distance.

Autres projets présentés : WoeLab, 1er fab lab du Togo qui a vu naître dans ses locaux la 1re imprimante 3D fabriquée en Afrique à partir du recyclage de déchets électroniques ; Eyolab, un tech hub qui a pour but de rapprocher les technologies des populations de Bonoua (Côte d'Ivoire) et des villes environnantes ; Cipmen, premier incubateur de l'histoire du Niger ; Yuv Smart, startup à l'origine du 1er smartphone conçu au Mali ; eMoneySolution, qui permet aux épiciers de se transformer en guichet de banque afin d'éviter les nombreux déplacements occasionnés pour réaliser de petites opérations bancaires...

Côté français, se sont succédées : JeLoueMonCampingCar, Fabzat, IdeoKub, Loisirs enchères, Switcharound.com, Captiz, Les Sales Gosses, Kasual Business, Monsieur Tshirt, U'r self... Des startups qui, même si elles ont fort à faire en France, pourraient trouver des opportunités de développement sur le continent africain.

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