Bordeaux-Angoulême : un nouveau pôle jeu vidéo entre dans la partie !

Le pôle image Magelis, qui, à Angoulême, en Charente, regroupe des sociétés, studios, écoles et centres de formation autour de l’image, l’animation, le jeu vidéo et la bande dessinée, est à l’initiative d’un rapprochement avec les acteurs du jeu vidéo de Bordeaux et de la région Aquitaine. En s’unissant à Bordeaux Games, association qui regroupe les développeurs de jeux aquitains, Magelis veut donner les moyens à la filière qui implique les acteurs de la future grande région administrative de rayonner dans le monde entier dans le domaine du jeu vidéo.
Le studio Normaal est un exemple des talents de l'animation et du jeu video que Bordeaux et Angoulême entendent mettre dans la corbeille du futur pôle sur le jeu vidéo

À Angoulême, en Charente, le pôle de développement de la filière image Magelis recense neuf écoles supérieures de l'image mais aussi la seule école publique française du jeu vidéo (Ecole nationale du jeu vidéo). Au total, 90 sociétés de l'image sont installées à Angoulême, 10 d'entre-elles sont dédiées à l'activité de création de jeux vidéos.

Depuis 1997, la capitale charentaise tente de capitaliser, économiquement, autour de son expertise dans la BD (150 auteurs ainsi qu'une quinzaine de collectifs sont installés dans ce département), mais aussi dans la réalisation de films d'animation, 26 studios y produisent des films d'animation pour le cinéma ou les principales chaînes de télévision, ce qui en fait d'ailleurs le deuxième plus important pôle de production d'animations après l'Ile-de-France. Ces activités liées à l'image exploitée sous toutes ses formes y génèrent plus de 1.300 emplois à l'année.

Magelis a la culture de la chasse en meute

Et si certaines de ces "pépites" rayonnent à l'international, comme Solidanim, petite PME locale dont le process de Motion Capture (capture et numérisation des mouvements) unique au monde vient de séduire James Cameron pour le tournage des prochains opus d'Avatar, la réussite économique du modèle "Imagis" repose dans le fait qu'il existe beaucoup de synergies entre écoles et entreprises des différents secteurs du pôle.

"Mon rôle est précisément de faire en sorte qu'il existe un dialogue permanent entre les différentes entreprises, qui sont généralement de taille très modeste, afin qu'elles mettent en commun leurs compétences respectives pour faire des offres de services aux entreprises. De transformer ces compétences, parfois uniques au monde, en contrats et en développement économique", explique Mary Simonet, directrice du marketing et de la communication de Magelis. "Cette stratégie de chasse en meute, de synergies de compétences, bref de conquête des marchés en avançant en consortium, séduit les entreprises, les boîtes de production. Elle a fait ses preuves au niveau de Magelis, mais désormais, pour voir plus loin, nous devons voir plus grand."

Lutter contre la "fuite" des jeunes talents

Et voir plus loin pour Mary Simonet, c'est regarder du côté de Bordeaux.

"Avec Frédéric Rorai, président de l'association Bordeaux Games, nous avons décidé d'additionner nos forces en matière. Chacun de notre côté, nous comptons des locomotives importantes dans le monde de l'entertainment numérique, le jeu vidéo, les serious games, la simulation. Bordeaux héberge le grand studio de création de jeux vidéo Asobo, ou encore Motion Twin, un acteur majeur du jeu marketing avec ConcoursMania, des acteurs de la simulation sportive comme BeTomorrow, de la réalité virtuelle, comme Be View par exemple... Mais séparément, nous restons, au moins en termes de rayonnement, de notoriété, des petits sur un marché planétaire qui génère plus d'argent que toute l'industrie du cinéma !"

Un "nain" qui est capable de former les plus grands professionnels du secteur, mais qui n'arrive généralement pas à les retenir.

"Que ce soit à Bordeaux ou à Angoulême, nous voyons trop souvent nos jeunes talents être littéralement aspirés par les grands acteurs US ou canadiens du jeu vidéo directement à la sortie de leur formation", déplore Mary Simonet.

C'est d'abord pour lutter contre, ou freiner, cette fuite des talents que Magelis s'est initialement tourné vers Bordeaux Games afin d'évoquer une union plutôt bien reçue en bord de Garonne.

"Nous avons besoin de signer de beaux projets qui donnent envie à nos développeurs, nos codeurs... de rester à Bordeaux, ou à Angoulême. En faisant des propositions qui mettent en commun nos différentes compétences et aussi nos innovations, nous seront toujours plus crédibles et compétitifs pour nos éventuels clients. C'est pour cela que nous avons fait se rencontrer les entreprises de Bordeaux et d'Angoulême afin de mieux comprendre l'environnement de chacun et d'identifier au mieux les compétences
nous avons déjà intégré le gaming comme offre de service pour l'industrie aéronautique, culturelle, des services nous accompagnons les sociétés du pôles dans la mise en réseau avec les producteurs de TV et les chaîne de TV"

"Animation, motion capture, jeu vidéo... rien à envier au reste du monde"

Des clients comme les sociétés de production de Christophe Dechavanne ou encore d'Arthur se sont déjà montrées intéressées par la démarche de mutualisation puisqu'elles ont récemment rencontré lors d'un même rendez-vous des sociétés bordelaises et angoumoisines susceptibles de répondre à leurs besoins.

"Groupés, nous seront toujours plus séduisants, plus rayonnants... plus présents sur la scène nationale et internationale. Nous n'avons rien à envier au reste du monde dans l'animation et le jeu vidéo qui sont deux mondes très proches l'un de l'autre, aussi, quand nous voyons sortir un film comme "Pourquoi j'ai pas mangé mon père", de Jamel Debbouze, et que nous constatons que la Motion Capture a été réalisée au Royaume-Uni et que l'animation a été faite en Inde, nous nous disons que nous avons raté quelque chose ! Nous pouvons, en France, proposer le meilleur dans ces domaines et, visiblement, certains producteurs ne le savent pas ! Nous devons corriger cela pour ce qui est de l'animation. Et pour le jeu vidéo, marché global et non local, nous devons prendre l'initiative pour démarcher l'industrie avec ce qui fait nos forces en Charente et en Aquitaine."

Rapprochement et marque unique très rapidement

Cela passe, notamment, pour Mary Simonet et Christophe Rorai, par le rapprochement encore Bordeaux Games (23 sociétés, environ 250 salariés) et Magelis sur la partie jeu vidéo. La création d'une marque commune est à l'étude.

"Sous une seule bannière, nous pourrons proposer tout ce dont a besoin l'industrie... et pas seulement celle du cinéma, de l'animation et du jeu. L'image numérique se met au service de nombreux secteurs de l'industrie. Une de nos jeunes pousses, Polm, fondée en 2010 à Angoulême, collabore depuis deux ans avec le géant de l'industrie de défense, DCNS."

A Bordeaux, c'est aussi le cas de Be View par exemple.

"C'est bien, à Bordeaux comme à Angoulême, de former des talents, d'aider à faire émerger des sociétés, mais il faut aussi faire des affaires ! A notre échelle, au sein d'Imagis, nous y parvenons en mutualisant les moyens des sociétés du pôle. En associant l'image et les compétences des sociétés de Bordeaux à nos propositions de services, nous serions beaucoup plus efficaces encore !"

Pour cela, il faudra juste convaincre, au moins à Bordeaux puisqu'il semble qu'en Charente le réflexe soit plus "naturel", les différents acteurs du secteur du jeu vidéo bordelais que la chasse en meute, en réseau, est plus efficace que le parcours solo sur le terrain de jeu de l'économie.

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Commentaire 1
à écrit le 15/04/2015 à 10:32
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Pour retenir les jeunes talents il faut simplement les payer correctement. Pour un poste Junior aux US le salaire d'entrée est de 90 000$/an contre 30 000€/an en France. De plus le coût de la vie est au final moins bien moins chère là bas (Carburant...

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