Bordeaux : le négoce répond à la grogne des viticulteurs

Accusé hier par les viticulteurs représentés par les Jeunes Agriculteurs de Gironde de profiter de leurs difficultés financières pour acquérir, à bas prix, la bonne production 2014, le négoce bordelais répond aujourd’hui par la voix d’Allan Sichel, président de l’Union des Maisons de Bordeaux.
Président de l'Union des Maisons de Bordeaux, Allan Sichel estime injustifiées les attaques lancées contre l'ensemble du négoce bordelais par les JA 33. Il explique pourquoi

"Ce qui fait le plus mal dans le communiqué réalisé par les Jeunes Agriculteurs de Gironde où il est question d'hypocrisie, de mensonges, c'est la volonté de généralisation, et donc de stigmatisation globale de toute la place bordelaise du négoce et du courtage sur les négociations d'achats de la production 2014. Je ne peux l'accepter."

C'est par ces mots qu'Allan Sichel qui, outre la casquette de négociant, porte aussi celle de propriétaire (il est notamment copropriétaire du Château Palmer) a tenu, ce matin, à répondre aux attaques des représentants des viticulteurs appartenant au syndicat agricole Jeunes Agriculteurs (JA) de Gironde.

Pas d'entente sur les prix entre acteurs du négoce et du courtage

"Le simple constat des transactions réalisées à ce jour, dont plus de 50 % au-dessus de 1.200 voire 1.300 euros le tonneau, montre qu'il n'y a pas d'entente entre acteurs de la place pour faire pression sur les prix d'achat, contrairement à ce que suppose la communication des JA de Gironde. Et puis, franchement, nous sommes de très nombreux acteurs du négoce et du courtage, vous croyez qu'on serait capables de s'entendre tous pour influer sur les prix ?"

Même s'il se dit contrarié par la manière et les mots des JA, le président du négoce bordelais ne veut semble-t-il pas négliger ce que sous-entend cette attaque.

"Cette interpellation s'inscrit dans le cadre de la négociation commerciale du moment... mais elle est surtout le signe d'une méconnaissance de la place bordelaise. C'est un peu de notre faute, il nous faut mieux expliquer ce qu'est notre métier, aller plus régulièrement à la rencontre des producteurs pour faire de la pédagogie. Sans balayer d'un revers de main les éventuels comportements douteux qui pourraient exister dans nos rangs, je rappelle que c'est le marché et non le négoce qui fixe les prix. La place bordelaise compte de nombreux acteurs, et c'est ce qui fait sa richesse. Il y a parmi les 300 négociants et les 90 courtiers des acteurs qui s'intéressent à toutes les gammes, toutes les qualités de vins produits à Bordeaux et donc tous les segments de marché. C'est une chance pour notre filière !"

Export tendu et tensions financières sur le négoce = retard des transactions

Face au retard des sorties de chais du 2014 par rapport aux années précédentes, Allan Sichel met le point sur les i. "Il n'y a pas, je peux le garantir, d'attentisme calculé de la part de l'ensemble de la place. Il n'y a pas de temporisation volontaire dans l'attente d'une baisse des cours." Le retard aurait une toute autre explication.

"Encore une fois, c'est le marché qui l'explique, surtout le marché à l'export. Il connaît des difficultés, et comme nos trésoreries sont affaiblies, nous, négociants, devons être très prudents, maîtriser nos coûts, surveiller de manière très fine nos volumes en stock. Je comprends la frustration des producteurs qui savent que le millésime 2014 est d'une bonne qualité, et ce, de manière très homogène, mais je le répète, il n'y a pas, pour nous, de volonté de spéculer sur ce millésime, de jouer la montre pour influer sur les cours."

Dans un contexte de négociation autour des prix de sortie de chai des vins, il est normal que tout le monde veuille, surtout après des années très difficiles, tirer son épingle du jeu de la négociation. Mais Allan Sichel l'assure, "il n'est pas de notre intérêt de voir les producteurs travailler à perte. Sans viticulture solide, pas de négoce. Nos destins sont liés, cela nous échappe pas, croyez-moi."

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 05/03/2015 à 16:26
Signaler
Que de bon sens. Pour un oeil exterieur a ces metiers, je comprends les mots ci dessus.

le 06/03/2015 à 10:15
Signaler
Bonjour Fred, j espère que tu vas bien si la santé des viticulteurs étaient au cœur des préoccupations du négoce, cela se saurait. Les commerçants font du commerce, le reste c est de la poésie....

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.