Si dans l'ensemble des Lianes, qui drainent un important trafic quotidien, seuls les numéros 2 et 11 sont à l'arrêt, les 14 autres voient leur cadencement sérieusement affecté. Par ailleurs, 22 autres liaisons (lignes, Corols, Citéis, Flex48) sont également à l'arrêt. Dans certains cas, les rythmes de passage des bus des liaisons restant ouvertes reculent de 10 à 30 minutes. Les trois lignes de tram (A, B, C) fonctionnent mais là aussi avec un recul marqué du cadencement, dans une fourchette comprise entre 8 et 16 minutes. D'où des trams bondés en début de matinée.

"La direction annonce 50 % de grévistes en intégrant dans l'effectif les conducteurs en congés. Ce qui en réalité doit faire une mobilisation de pas loin de 54 % de l'effectif, d'autant que des commerciaux et des agents de maîtrise ont rejoint le mouvement par solidarité", résume Xavier Sanchez, délégué syndical CGT.

Les syndicats CFDT et CGT de Keolis Bordeaux ont obtenu un rendez-vous cet après-midi à 16 heures avec Hervé Lefèvre, directeur général de Keolis Bordeaux. Un groupe de grévistes a manifesté en début de matinée devant l'antenne Keolis Bordeaux de la place Gambetta pour faire connaître ses revendications.

Des enquêtes anonymes

Dans l'interview qu'il nous a accordée en fin de semaine dernière, Jean-Louis Baujard, directeur des ressources humaines, mettait en avant le fait que la VEE à Keolis Bordeaux repose sur le volontariat. Une notion à géométrie très variable selon Xavier Sanchez.

"Ceux qui n'osent pas appliquer la VEE au départ parce qu'ils ne sont pas à l'aise ou qui font un lâcher prise ponctuel n'auront pas d'ennuis. Mais ceux qui s'opposent frontalement à la VEE sont sûrs d'avoir des problèmes avec la direction", avertit le syndicaliste.

Le cégétiste remet en cause les résultats positifs annoncés par la direction sur les trois premières lignes (lianes 1, 4 et 16) passées à la VEE. "Nous avons encore peu de recul, mais les validations de titre ont progressé de 15 %. On sait maintenant que la lutte contre la fraude fait reculer les incivilités et les agressions" assurait de son côté Hervé Lefèvre, directeur général de Keolis Bordeaux.

"Au lieu d'envoyer des personnels en chasuble marqué Keolis Bordeaux dans les bus pour voir comment ça se passe pour les conducteurs, la direction ferait mieux de faire une enquête avec des personnels anonymes", estime Xavier Sanchez.

Le préavis de grève court sur neuf mois, jusqu'à septembre, mais la CGT, tout comme la CFDT, ne compte pas foncer dans le tas sans réfléchir.

"Nous avons appelé à la grève aujourd'hui et nous comptons garder la mobilisation. Mais nous ne pourrions pas tenir un mouvement de grève de plusieurs jours et nous allons cibler nos actions si les négociations avec la direction n'avancent pas", explique le délégué syndical.

A la mi-mars, la VEE devrait être étendue aux Lianes 2, 3, 8 et 10. Il y a fort à parier que la rencontre de la direction avec les syndicats de cet après-midi ne modifiera pas la donne et le plan stratégique de Keolis Bordeaux qui s'inscrit directement dans le contrat liant l'opérateur avec son délégataire, Bordeaux Métropole. Un contrat qui stipule que la fraude doit baisser de 0,5 % par an pour atteindre 7 % en 2010 alors qu'elle atteint 10,80 % actuellement.

"Nous avons prouvé que la VEE fait baisser les incivilités. La surenchère syndicale électoraliste ne change rien au fait que la VEE remet le conducteur - receveur dans un rôle de chef de bord. Nous ne lui demandons pas de faire la police, mais d'inciter à la validation avec des formules de type : pensez à la validation, merci de valider... Nous les épaulons dans cette démarche. Au printemps, nous ouvrons un PC sécurité à Bastide. 6 postes supplémentaires y seront créés" assurait Hervé Lefèvre quelques minutes avant cette rencontre avec les syndicats.