"Qu'est-ce que ça peut te foutre si je valide ou pas, à toi ?" Xavier Sanchez, chauffeur de bus et délégué syndical CGT à Keolis Bordeaux qui gère le réseau TBC (tram et bus de Bordeaux Métropole), est formel. "J'ai eu droit à cette réplique après avoir conseillé à une dame d'une cinquantaine années, accompagnée d'un enfant, de ne pas oublier de valider son titre de transport", souligne-t-il. Cette anecdote illustre selon lui la difficulté à laquelle va se heurter l'application, à compter du 2 mars prochain, de la validation encouragée à l'entrée (VEE).

La direction de Keolis Bordeaux veut ainsi impliquer les chauffeurs de bus dans la validation des titres de transport. "Je fais mes petites expériences depuis un moment et quand je leur demande de ne pas oublier de valider, les gens me regardent avec des yeux écarquillés et me font remarquer que je ne suis pas contrôleur", insiste le chauffeur. Le fait qu'il travaille sur la Liane N° 8, qui dessert le centre pénitentiaire de Bordeaux - Gradignan, ne change selon lui rien au problème.

L'effet de surprise

"Je ne dis pas que cette mesure ne portera pas de fruits, mais ça va mal se passer. Il y a des lieux et des horaires où ce sera dur. Quand les chauffeurs vont dire "Bonjour madame, pensez à valider votre ticket de transport s'il vous plaît", ils vont bénéficier de l'effet de surprise. Mais comme je vous l'ai dit, il y a des gens qui réagissent à ça. La direction nous conseille de lâcher prise si quelqu'un refuse de valider après qu'on le lui ait demandé, mais certains chauffeurs vont mal le prendre", pronostique Xavier Sanchez.

C'est principalement à cause de la VEE que les syndicats CGT et CFDT de TBC appellent à un mouvement de grève à durée illimitée à compter du 2 mars.

"La direction dit qu'il ne faut pas crier avant d'avoir mal et FO attend de voir comment ça va se passer avant d'appeler à la grève. Les trams ne sont pas concernés et la CFTC, qui est majoritaire dans cette partie du réseau, ne participe pas au mouvement" précise Xavier Sanchez.

Selon le secrétaire de la CGT, il n'y a pas de négociations en cours avec la direction.