A Ford Aquitaine, les salariés vont débrayer

L’intersyndicale de Ford Aquitaine Industries (FAI), à Blanquefort (33), dénonce la pression exercée par la direction sur les prêts de salariés à Getrag Ford Transmissions et appelle à débrayer demain.
Le passage de 30 salariés de FAI à GFT fait grincer des dents

L'intersyndicale CFDT - CFTC - CGT - FO appelle à un débrayage demain mardi, de 13 à 15 heures à FAI. Le 1er janvier dernier, les personnels de FAI sont sortis d'une longue période d'APLD (activité partielle de longue durée). Avec la fin de ces mesures de chômage technique aidées par les pouvoirs publics, l'effectif présent dans l'usine est passé d'une moyenne de 200 à 300 salariés jusqu'à fin 2014 à 980.

"Tout le monde ou presque a du travail puisque les postes sur le double embrayage ont été doublés, précise Gilles Lambersend, secrétaire (CGT) du comité d'entreprise de FAI. L'arrêt pendant deux mois de l'activité rack implique le reclassement d'une vingtaine de collègues. La direction, poursuit-il, qui estime que nous sommes en sureffectif, veut prêter une trentaine de salariés de FAI à GFT (Getrag Ford Transmissions) avec un risque de sanction pour ceux qui refuseraient. Ce qui pourtant n'est pas prévu dans "l'accord flexibilité" de la direction et qui est inacceptable puisque ces prêts sont censés reposer sur le volontariat."

8.000 € pour les transferts

En plus de cette revendication, l'intersyndicale réclame une réorganisation du travail. Créée à Blanquefort (banlieue de Bordeaux) en 1973 pour fabriquer des boîtes de vitesses automatiques à destination des usines américaines de Ford, FAI a vu ensuite son activité complétée par la construction de l'usine GFT, dans la même zone industrielle. Cette seconde usine, spécialisée dans la fabrication de boîtes de vitesses manuelles pour le marché européen, appartient à GFT, coentreprise formée par Ford et l'équipementier allemand Getrag. Mais alors que FAI manque actuellement de perspectives de développement à long terme, GFT (plus de 700 salariés), qui a décroché le programme de fabrication des nouvelles boîtes de vitesses Mx65, a besoin de nouvelles recrues. Pratiqué depuis des années, le prêt (provisoire) voire le transfert (définitif) de main d'œuvre entre FAI et GFT devient plus pressant pour préparer le lancement, d'ici 2017, de la Mx65. Au point que les salariés de FAI volontaires pour leur transfert à GFT se voient gratifiés d'une prime de 8.000 €.

Résistance au changement ?

Le point de tension actuel se focalise donc sur les prêts de main d'œuvre de FAI à GFT. Les syndicats de FAI critiquent ainsi les pressions exercées par la direction sur les salariés susceptibles d'être prêtés à GFT. Avec la perspective d'être employés, en cas de refus de transfert, en "journée normale" à des tâches d'intérêt général, comme la peinture, avec perte de leur prime d'équipe.

"La distance entre les deux usines est très courte, quelques dizaines de mètres. Il ne s'agit pas de traverser le pont d'Aquitaine pour aller travailler ailleurs... C'est culturel, les salariés résistent à la mobilité, alors que le principe de la flexibilité entre les deux sites a été adopté. Et puis jusqu'à la fin de l'an dernier, les salariés étaient en APLD, il y avait beaucoup moins de monde à l'usine qu'aujourd'hui, ce qui change la donne, les gens discutent, analyse cet interlocuteur proche de la direction. GFT, poursuit-il, a déjà accueilli 30 salariés de FAI et la demande de 30 nouveaux prêts est très récente. Pour faire face à ses besoins, GFT a aussi recruté un certain nombre d'intérimaires."

Comité de pilotage en attente

L'an dernier, le préfet de Gironde et d'Aquitaine Michel Delpuech avait annoncé une réunion avant fin novembre du comité de pilotage de FAI, où se retrouvent élus, dirigeants de l'entreprise et syndicats. Le comité de pilotage, qui a toujours été une instance de concertation majeure, est aussi un symbole. Les syndicats, qui ont lutté à une époque pas si lointaine - avec l'appui des élus - pour que Ford redevienne propriétaire de l'usine, qui avait été vendue à fonds de retournement allemand, s'estiment oubliés.

"Nos contacts avec les politiques et pouvoirs publics sont aujourd'hui inexistants. On leur a écrit plusieurs fois par rapport à la réunion du comité de pilotage mais nous n'avons reçu aucune réponse, ce qui est très inquiétant" juge Gilles Lambersend. Une absence d'information qui semble être également le lot de la direction de FAI.


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Commentaires 3
à écrit le 16/02/2015 à 21:27
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La subtilité de votre commentaire est l'indéniable signe d'une rare qualité de management...Les salariés peuvent aussi rester dans l'entreprise et la couler tranquillement, le résultat final ne sera peut être pas celui souhaité mais cela prendra plus...

à écrit le 16/02/2015 à 21:16
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Si ces salariés ne sont pas content, qu'ils quittent donc l'entreprise et aillent voire ailleurs!

le 18/02/2015 à 4:31
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je pense que ce commentaire vole très bas après avoir était le numéro 1 ou 2 de la région il ne faut pas baisser les bras et il faut le fermer et faire ce que veut la direction encore un pour le patronat et de droite pauvre classe ouvrière son pére u...

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