François Asselin, CGPME : "Un peu moins de sécurité pour plus de liberté"

Quelques semaines avant de prendre la succession de Jean-François Roubaud à la présidence de la CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises), François Asselin, dirigeant d’Asselin SAS, à Thouars (Deux-Sèvres), président de la CGPME Poitou-Charentes, vice-président de la Fédération française du bâtiment (FFB) et alors unique candidat déclaré, s’était confié à La Tribune - Objectif Aquitaine. Rencontre avec celui qui est, depuis mercredi 21 janvier, le nouveau patron de la CGPME.
François Asselin, dirigeant d’Asselin SAS et nouveau président de la CGPME

- L'entreprise familiale, que vous dirigez, a été étroitement liée à la construction de la frégate L'Hermione, de quelle façon ?
"Asselin SAS emploie 140 personnes, menuisiers, charpentiers, ébénistes. Elle dispose d'une filiale aux Etats-Unis. Elle est spécialisée dans la restauration du patrimoine et travaille à 50 % pour le secteur public. Sur L'Hermione, nous avons construit tout ce qui est en bois. La construction de L'Hermione, c'est un chantier de 17 ans, qui a exigé une véritable intelligence collective. La coque d'un bateau n'est pas carrée mais arrondie et il a fallu cintrer d'énormes poutres de chêne, alors que cette technique était perdue. Je suis allé voir mes menuisiers et je leur ai demandé de concevoir une machine pour y arriver. Ils l'ont dessinée puis nous l'avons faite construire par une entreprise spécialisée, ce qui a donné lieu au dépôt d'un brevet.
Le projet de L'Hermione était géré par une association et n'a jamais été remis en cause à l'issue des différentes élections. Ce qui montre que quand les énergies vont dans le même sens, on arrive à tout."

- Que pense le futur président de la CGPME (au moment de l'interview, François Asselin n'était encore que l'unique candidat déclaré à la présidence de la CGPME - NDR) des mesures du gouvernement favorables aux entreprises ?
"Le gouvernement est dans une situation paradoxale, avec un discours pro-entreprise, des actes tardifs et l'allumage de contre-feux qui font perdre toute envie d'aider le secteur marchand. La relance de l'offre, nous l'encourageons. Tout comme l'abaissement des charges, avec notamment le CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) et l'allègement de charges sur les allocations familiales. Mais à côté de ça, les entreprises françaises ont les marges les plus faibles d'Europe. Et elles vont subir de nouvelles contraintes, avec la première salve de mesures liées à l'application de la loi sur la pénibilité, au 1er janvier 2015. De nouvelles contraintes qui vont nous exposer au risque social. Nous ne sommes pas opposés à la lutte contre la pénibilité. Nous disons oui à la prévention et non à la façon dont le gouvernement essaie de répondre à la question."

- D'où vient, selon vous, la faiblesse des marges des entreprises françaises ?
"Elle est liée à de nombreux facteurs, et d'abord à l'organisation sociétale. L'assiette de nombreuses taxes repose sur le travail, l'outil de production, les salaires. C'est ainsi que l'on se retrouve avec des entreprises aux marges insuffisantes, qui ne peuvent plus investir."

- Vous êtes lié à la commande publique, qui est plutôt en berne, est-ce que vous ressentez cette pression sur les marges ?
"On ne fait plus de marge en France, nous n'y gagnons plus d'argent. Notre activité se développe essentiellement aux Etats-Unis. En France, les offres de chantier sont faites à des prix anormalement bas. Il n'y a plus de réalité dans les prix. Cela me fait presque penser à une situation de suicide collectif."

- Le pays évolue dans un contexte économique difficile, que vous inspire-t-il ?
"Nous avons besoin de réformes structurelles. Ces mesures, des pays comme la Suède ou le Canada, les ont déjà adoptées. Nous avons besoin de plus de flexibilité, il faut pouvoir licencier rapidement pour recruter aussi vite quand la situation l'exige. Le pays ne s'en sortira pas sans le secteur marchand, qui crée la richesse, qui paie tout. Près de 30 % des effectifs dépendent de la sphère publique. Il y a trop de déséquilibres en France, ce qui va nous obliger à pousser tous les curseurs en même temps pour rééquilibrer la situation et en revenir au principe de réalité. Croyez-moi, dans les pays où ce virage a été pris, les fonctionnaires n'ont pas regretté de passer sous un statut privé."

- Quelles seront les lignes directrices de votre mandat ?
"Il sera axé sur trois principes. Premièrement : encourager le risque plutôt que de sanctionner, deuxièmement : aller vers un peu moins de sécurité pour plus de liberté, et troisièmement : remettre la valeur travail à sa place. Il faut arrêter de n'y penser qu'en termes de pénibilité ou de 35 heures, sous un angle négatif, car le travail peut être une source d'épanouissement."

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