Le transport sanitaire, blessé, n’attend plus l’ambulance

Bordeaux a accueilli la 17e Université du transport sanitaire. Tous les acteurs publics, privés et associatifs de la santé se sont portés au chevet d’un secteur qui souffre. Président de la Fédération nationale du transport sanitaire (FNTS), Thierry Schifano n’espère plus "l’ambulance" des pouvoirs publics.
Economiquement, le secteur du transport sanitaire marque un stop, mais la profession ne s'en remet plus seulement aux pouvoirs publics pour sortir des difficultés

Et si l'image communément diffusée d'un secteur économique du transport sanitaire largement rentable appartenait au passé ? C'est en tout cas la conviction de Thierry Schifano, président de la FNTS, qui regroupe l'essentiel des 5.000 entreprises françaises du secteur. Des entreprises qui comptent 46.201 salariés, qui transportent 5 millions de personnes et effectuent 65 millions de trajets par an.

"Une étude Xerfi  - KPMG, réalisée cette année, montre que notre secteur souffre. Il n'est plus la niche économique où les gens gagnent beaucoup d'argent ! Au contraire, les défaillances d'entreprises, depuis 2008, sont de plus en plus nombreuses. Le nombre de personnes à transporter augmente, c'est vrai, mais les charges des entreprises s'aggravent, les cotisations sociales sont devenues lourdes", assure le président de la FNTS.

De fait, si structurellement le secteur progresse (+ 3,04 % de CA en 2013) puisque le vieillissement de la population tire l'activité, ses performances ne semblent pas au rendez-vous.

2016 : 61 % des entreprises en risque élevé de défaillance ?

Pire, l'indicateur Xerfi Risk prévoit que si, à ce jour, le risque de défaillance d'entreprise est peu élevé pour environ 50 % des sociétés du secteur, ce risque de défaillance va grimper brutalement d'ici 2016. Plus de 61 % des sociétés françaises du transport sanitaire devraient atteindre l'indice : risque élevé de défaillance.

"Nos marges fondent d'année en année. Il fut un temps où, quand nous connaissions des difficultés, nous allions voir Bercy et des revalorisations tarifaires corrigeaient le tir...  Désormais, l'Etat est en dépôt de bilan et l'assurance maladie en faillite, ce n'est plus possible", reconnaît Thierry Schifano.

C'est vrai que les années 2010 et 2011 ont été marquées par une absence d'évolution des tarifs des transports en ambulances et en VSL (Véhicules sanitaires légers) et l'impact de la valorisation tarifaire de 2013 représente 1,97 % sur les 3,03 % de croissance constatée dans le secteur. En dehors de l'effet prix, les activités ambulances et VSL n'ont évolué que de + 0,45 % en 2013. Par contre, l'activité taxi progresse, elle, de 5 %.

Les taux de résultats net oscillent, selon les différentes tailles d'entreprises, entre 3,60 % (pour les plus petites) et 5,64 % (pour celles de plus de 50 salariés). En moyenne donc, ce résultat net plafonne à 4,22 % du CA. C'est mieux que lors des deux années difficiles traversées par le transport sanitaire français, mais...

"Désormais, les hausses de tarifs ne compensent plus les hausses de nos charges", soutient le président de la FNTS qui note que "14 % des sociétés du secteur ne comptent pas de salarié en dehors du créateur, 15 % ont moins de cinq salariés, ce qui en dit long sur l'éclatement de la profession. Ces petites structures ne sont pas les mieux armées pour résister à la baisse des marges, à la hausse des charges et à l'indispensable mue que notre secteur va devoir entamer."

Le covoiturage sanitaire en solution économique ?

Une évocation d'une mue en cours qui semble prouver que la profession n'a pas l'air de se contenter d'un rôle de victime expiatoire de la crise qu'elle traverse.

"Une convention comme celle de Bordeaux doit permettre en discutant avec tous les acteurs publics, privés et associatifs concernés de refonder les modalités du transport sanitaire. L'événement va aussi nous permettre de montrer que nous transporteurs, sommes prêts à nous adapter. Nous ne sommes pas seulement enfermés dans un constat de difficulté. Nous sommes aussi apporteurs de solutions. Notre secteur va entamer et réussir sa révolution industrielle et va le montrer à tous les acteurs de la santé qui sont présents", assure Thierry Schifano qui évoque notamment parmi les pistes qui seront évoquées à Bordeaux, le covoiturage. "L'arrivée du high-tech dans nos véhicules, le développement de la dématérialisation sont des pistes d'amélioration de nos performances de nos services et de l'impact économique et social de nos entreprises. Certaines sociétés nous fournissent des solutions de plus en plus pointues de gestion de nos courses qui permettent de réduire, grâce au covoiturage, les coûts de transport de plus de 50 %. Résultat, nous sommes en mesure de faire économiser 600 M€ à l'Assurance maladie !"

Comme quoi, on aurait quand même tort de tirer trop tôt sur l'ambulance.

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