Mardi 11 novembre. Les joueurs de l'équipe de France de Coupe Davis foulent les courts de la Villa Primrose pour le deuxième jour de leur stage. Un stage de "mobilisation" à double objectif : rassembler et fédérer l'équipe et la préparer au mieux sportivement pour la mener à la victoire finale. Mais en cas de victoire, que pourrait rapporter le saladier d'argent à la FFT ?

"La Fédération française de tennis ne gagne pas d'argent sur la Coupe Davis. Ce n'est pas l'objet. Nous tirons des moyens des résultats de nos bénéfices de Roland Garros. On a cette chance d'avoir un tournoi du Grand Chelem, contrairement à d'autres fédérations qui n'organisent pas l'un des quatre tournois majeurs. Celles-ci voient la Coupe Davis comme une clé et vont donc devoir trouver un moyen de récompenser ses joueurs tout en augmentant son train de vie et en se donnant des moyens supplémentaires. C'est pourquoi un pays comme l'Espagne a vu comme une aubaine cette série prolifique de victoires ces dernières années (vainqueur en 2000, 2004, 2008, 2009 et 2011 - NDLR)", raconte Christophe Fagniez, directeur général délégué de la FFT.

Pour autant, la Coupe Davis permet de dégager des bénéfices à condition d'accueillir une rencontre et ainsi de tirer profit des recettes de billetterie. En cas de déplacement à l'étranger, les revenus ne seront pas suffisants pour couvrir les dépenses et la fédération sera privée des recettes de billetterie. Et quand la Fédération accueille la rencontre comme ce sera le cas les 21, 22 et 23 novembre à Lille, les bénéfices dégagés seront reversés aux joueurs selon une équation mathématique propre à la FFT.

Pas de négociation en amont

Entre les joueurs et la FFT, point de négociation sur les primes versées en cas de victoire comme on peut le voir dans le milieu du football. La prime est reversée selon 3 critères sportifs : le nombre de sélections en équipe de France du joueur en question, le nombre de matchs joués et le nombre de points apportés à l'équipe (uniquement pour les matchs à enjeu). Des critères réclamés par les joueurs il y a un peu plus de 20 ans afin de mettre en place un système équitable et d'éviter que le prize money ne soit une condition sine qua non à la participation d'un joueur. Une façon aussi de motiver le joueur car "plus il est sélectionné, plus il joue et mieux il joue et plus il est récompensé".

Christophe Fagniez, DG délégué de la FFT, devant les courts de la Villa Primrose

"Les joueurs savent pertinemment que s'ils font une campagne prolifique, notamment quand il y a des rencontres à la maison qui permettent de dégager le plus d'argent, ils peuvent s'attendre à avoir un prize money relativement important. Mais la difficulté est qu'il y a des bonnes et des mauvaises années. L'année dernière n'a forcément pas été une très bonne année avec une victoire à la maison et une défaite en Argentine. Par définition, ils ne se sont pas beaucoup partagés d'argent. Cette année, nous devons attendre la fin de l'exercice. Nous n'avons pas encore les comptes de Roland Garros, on a encore sur Lille pas mal d'inconnues, pas tellement sur les recettes mais sur les charges donc c'est une fois que la rencontre sera terminée, que les comptes seront consolidés, qu'on sera en mesure de donner un ordre d'idée du prize money ", explique Christophe Fagniez.

Le prize money touché par les joueurs sera donc très loin de ce qu'ils peuvent gagner en Grand Chelem (1,650 M€ pour chacun des vainqueurs - homme et femme - de Roland Garros) ou sur le tour ATP (Association des joueurs professionnels de tennis). Cinq semaines auront été consacrées par les joueurs à la Coupe Davis, soit une durée équivalente à deux tournois du Grand Chelem et un Masters series. Des prize money face auxquels la Coupe Davis ne peut pas rivaliser.

Finale = 7,5 M€ de chiffre d'affaires

L'arrivée des joueurs à Lille est prévue pour dimanche. Les Bleus tenteront de décrocher leur 4e Saladier d'argent (victoires en 1991, 1996 et 2001) depuis l'ère open dans un stade Pierre-Mauroy de 27.000 places, complet. Le chiffre d'affaires de cette finale franco-suisse représente environ 7,5 M€.

La répartition du CA  est la suivante : 67 % du CA provient de la billetterie, 13 % des relations publiques, 9 % des droits TV et de prize money (ITF), 8 % de subventions et 3 % proviennent de produits divers tels que les partenariats.

Y a t-il un effet Coupe Davis ?

Après avoir connu trois campagnes victorieuses, la FFT n'a jamais remarqué d'évolution significative du nombre de licenciés après un succès.

"Aucune étude n'a été faite. Nous n'avons par le passé jamais enregistré de phénomène avec une augmentation importante du nombre de licences. Naturellement, on peut imaginer qu'à chaque fois qu'une équipe de France brille, cela suscite des vocations. Mais cela est très difficile à mesurer. Quand vous parlez avec Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils ou Gilles Simon, ils vous disent qu'eux, les images qu'ils ont dans les yeux c'était la demi-finale de la Coupe Davis jouée par l'équipe de France contre les Etats-Unis en 2002. Et quand ils ont vu ça en 2002, ils se sont dits : « Ah, il faudrait qu'un jour on puisse vivre la même chose ! ». Donc par définition, on a suscité des vocations aujourd'hui et on a un retour sur investissement ! (rires)"

Une victoire le week-end du 21-23 novembre apportera peut-être de nouvelles graines de champion au tennis français et un prize money à la hauteur d'une campagne prolifique favorisée par 4 rencontres sur 4 à domicile grâce à un tirage au sort clément.