Bordeaux : L’Hermione invite le business français à bord

La première escale touristique de l’histoire de L’Hermione qui se déroule jusqu’à dimanche soir à Bordeaux, montre qu’au-delà de l’aspect historique et patrimonial de la reconstitution du navire, c’est peut-être un “potentiel économique flottant” qui est sorti en août des chantiers charentais de Rochefort. Explications.
Le succès populaire de l'escale bordelaise rend compte de ce que sera l'impact du séjour de L'Hermione et de ses éventuels partenaires sur la côte Est des Etats-Unis

En 1778, il avait fallu onze mois à l'arsenal de Rochefort (17) pour construire la frégate L'Hermione qui allait permettre en 1780 à La Fayette d'entrer dans l'histoire de France et des Etats-Unis. En août dernier, c'est à l'issue de dix-neuf ans d'un "chantier spectacle" suivi par 4,7 millions de personnes que la reproduction à l'identique de L'Hermione a pu prendre la mer.

Un authentique exploit qui témoigne, magnifiquement, de l'engagement humain et du savoir-faire de l'artisanat d'une région ainsi que de sa mobilisation financière. Les 25 M€ nécessaires à la construction de la frégate ont été apportés à l'association L'Hermione - La Fayette par la Ville de Rochefort, le Département de la Charente-Maritime, la Région Poitou-Charentes, les visiteurs payants et les donateurs.

5 M€ pour aller aux Etats-Unis en 2015

Grâce à ces accompagnements, l'association présidée par Benedict Donnelly a pu construire L'Hermione sans recourir à l'emprunt. Mais désormais, pour accomplir ce pour quoi elle a vu le jour, c'est-à-dire traverser l'Atlantique pour fêter, entre le 1er juin et le 20 juillet, à New York (du 2 au 4 juillet), Boston, Annapolis, Baltimore, Philadelphie... le périple déterminant pour l'indépendance nord-américaine de La Fayette, les choses ont changé. "Nous avons dû nous mettre en danger, explique Benedict Donnelly. Nous avons dû emprunter pour faire vivre L'Hermione qui compte 160 marins volontaires et bénévoles, mais aussi 15 marins professionnels, et pour préparer le voyage programmé en 2015."
Un voyage qui va mobiliser 5 M€. Côté US, une association est en charge de mobiliser 2 M€ pour bâtir le programme des festivités. Le 14 octobre, sur le porte-avions "Intrépide", stationné à New York, une soirée de récolte de fonds sera organisée. L'efficacité de l'organisation américaine dans ce domaine ne laisse pas planer beaucoup de doutes quant à sa capacité à recouvrer la somme. En France, en revanche, il reste à ce jour encore 500.000 € à trouver pour boucler le budget.

Le business français va-t-il monter à bord ?

"Pour le moment, outre les partenaires publics, trois partenaires privés nous accompagnent. Il s'agit de la Fédération française du bâtiment, de BTP Banque et de la SMA. Depuis que L'Hermione est rentrée, il y a quelques heures seulement, dans les eaux du port de Bordeaux, des dirigeants d'entreprise ont commencé à nous contacter. Il s'agit d'entreprises qui viennent de comprendre que si elles désirent développer leur business avec les USA, elles peuvent se servir de L'Hermione et des festivités américaines pour le faire. Pour les candidats à l'export aux USA, c'est maintenant !", assure Benedict Donnelly.

De fait, le succès populaire de l'escale bordelaise rend compte de ce que sera l'impact du séjour de L'Hermione et de ses éventuels partenaires sur la côte Est des Etats-Unis. "Ce sera l'année de la France aux USA l'été prochain !", assure le président de l'association. En quelques heures, 10.000 entrées de 5 € pour la visite de la frégate ont été vendues pour les seules journées de vendredi, samedi et dimanche qui affichent donc complet. Les deux journées d'aujourd'hui et de demain jeudi 9 octobre, ouvertes à ceux qui n'ont pas encore réservé, seront du même tonneau. La file d'attente mesurait plusieurs centaines de mètres à 9 h ce matin. L'escale bordelaise devrait rapporter plus de 75.000 euros à l'association.

L'argent ou l'histoire, L'Hermione ne veut pas tanguer entre les deux

De là à penser que ce succès populaire pourrait donner de bonnes idées à l'association dans sa quête de financement, il y a un pas que le président de l'association ne franchit que prudemment. "Ce succès nous fait plaisir mais n'avons pas prévu de multiplier les escales touristiques. L'Hermione est un projet culturel et historique avant tout. Un projet qui programme les évènements en référence à l'histoire originelle de L'Hermione. Chaque escale, jusqu'à la traversée de l'Atlantique en 2015, sera organisée en cohérence avec l'histoire... Pour autant, il faut faire vivre L'Hermione, l'entretenir en permanence. Depuis début janvier, la frégate a nécessité 30.000 heures de maintenance. Nous irons donc faire des escales qui rapporteront de l'argent, comme ici à Bordeaux, mais pas n'importe quand, ni n'importe où. C'est un projet culturel, personne n'est propriétaire de L'Hermione."
Ça, c'est l'histoire, justement, qui le dira.

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Commentaire 1
à écrit le 08/10/2014 à 18:25
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Il n'y a pas de gêne à avoir, à faire payer l'entrée (dont le prix reste modeste) pour visiter un navire ayant nécessité tant d'heures de labeur et de passion. L'arrivée de la frégate à Bordeaux, pile à l'heure prévue, a été un véritable succès. La ...

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