"La copropriété, un fait marquant de ces dernières années"

Maurice Goze, directeur de l’Institut d'aménagement, de tourisme et d'urbanisme – Bordeaux III, analyse les grandes tendances françaises en matière de propriété.
Maurice Goze, directeur de l’Institut d'aménagement, de tourisme et d'urbanisme – Bordeaux III

Vous appelez à manier la notion de propriété avec prudence ?
Oui car elle est fragile et relative. J'entends ceux qui disent que 6 personnes sur 10 sont propriétaires de leur logement. Oui, sauf que 36 % seulement le sont à titre définitif ! Les autres sont propriétaires avec leur banquier. Ca fait une grande différence.

Le développement de la copropriété fait-elle partie des grands faits immobiliers de ces dernières années ?
C'est effectivement vrai dans les grandes villes et sur les communes du littoral. Notons que ce n'est pas qu'un phénomène touristique : sur les 8 millions de logements français détenus en copropriété, 6 millions sont des résidences principales... On considère aujourd'hui que 15 % du parc de logement est placé sous le régime de la copropriété, un pourcentage qui est plus fort dans les centres urbains.

Comment expliquer cette progression ?
Les politiques de renouvellement urbain et de mixité sociale y contribuent mais il faut aussi souligner la disparition progressive des investisseurs institutionnels (sociétés d'investissements, compagnies d'assurance…) du marché immobilier, considérant qu'un rendement de 3 % est insuffisant. Leur patrimoine a été divisé par dix depuis le début des années 90, souvent vendu à la découpe pour réaliser des plus-values.

Quid des Monuments historiques ?
Avec l'acte II de la décentralisation, l'Etat a voulu transférer pour l'euro symbolique les Monuments historiques vers les collectivités territoriales. Mais ces dernières n'en ont souvent pas voulu ! La raison est simple : le transfert ne concernait pas l'Arc de triomphe ou le château de Versailles mais des immeubles où le coût de remise en état était très élevé. Aujourd'hui, les Monuments historiques sont détenus à 49,8 % par des personnes privées, à 44 % par les communes, à 4 % par l'Etat qui détient les plus attractifs, ceux qui rapportent.

Les congrégations religieuses et l'Armée bradent-ils leurs biens comme on l'entend parfois ?
Pas forcément. A Bordeaux, les congrégations possèdent des parcelles très bien situées, avec de grandes emprises sur les boulevards convoitées depuis longtemps par les promoteurs immobiliers. Confrontés à une baisse des dons, les religieux résistent pour le moment et gardent leurs biens. L'Armée, elle, dispose de terrains peut-être moins intéressants. Et elle a toujours veillé à ne pas perdre d'argent dans ses transactions.

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