C'est assez inhabituel pour être signalé, l'Agence aquitaine de promotion agroalimentaire (Aapra), dont le statut est celui d'une association loi 1901, fait l'objet d'un redressement fiscal pour un montant global de 501.000 €, dont 130.000 € de pénalités !

"Cette somme n'a pas été provisionnée dans le prochain budget car nous la contestons. Le litige porte sur la TVA. C'est un dossier à interprétation et nous ne partageons pas celle des services fiscaux. Nous nous appuyons sur un avocat fiscaliste et un expert comptable. Ce dossier va vers du contentieux car donner raison au fisc créerait un précédent qui toucherait l'ensemble des associations", a expliqué jeudi 9 juin Anne Placzewski, directrice de l'Aapra, lors de l'assemblée générale de l'agence, présidée par Jean-Pierre Raynaud, vice-président du Conseil régional. Le commissaire aux comptes Victor-Louis Cano (cabinet 3G Audit), qui a vérifié et certifié les comptes de l'association, a abondé dans le même sens.

Malgré les litiges des finances saines

Par ailleurs l'Aapra a provisionné 250.000 € suite à un différent avec le Service de contrôle de la régularité des opérations dans le secteur agricole (Scosa). Cet organisme remet en question l'utilisation faite par l'Aapra de subventions perçues en 2010 et 2011 dans le cadre de l'organisation commune de marché (OCM) et entend redresser l'association à hauteur de 248.000 €. Malgré ce contexte tendu, l'Aapra affiche un budget dont les fondamentaux semblent très solides. Ce budget a très légèrement baissé de 0,3 % entre 2014 et 2015, glissant de 4.917 à 4.901 K€. L'an dernier il se composait de 2.751 K€ de chiffre d'affaires (+ 0,6 %) et de 2.150 K€ de subventions (- 1,5 %), avec dix permanents. Son résultat net était positif à 59.983 €, malgré un fort recul par rapport à 2014.

Mais, comme l'a rappelé Anne Placzewski, les fonds propres de l'Aapra, enrichis des résultats accumulés depuis la création de l'association, atteignent 323.059 €, tandis que la trésorerie nette se monte à 875.000 €. Et le fonds de roulement de l'association est à la hausse, à 574.000 €, alors que le besoin en fonds de roulement est encore plus profondément négatif qu'en 2014, à - 301 K€ ! De quoi faire rêver dans les chaumières.

"La trésorerie paraît généreuse mais c'est une photographie au 31 décembre et ça ne dure pas plus de deux ou trois mois, le temps que nous lancions de nouvelles manifestations", a toutefois tempéré Anne Placzewski.

Le budget 2016 s'établit en retrait, à 4,5 M€.

Reconnaissance régionale avant fusion

Cette situation financière va de pair avec un dynamisme à la hausse.

"En 2015 il y a eu une reconnaissance des actions export de l'Aapra par CCI International, avec une hausse de 41 % de notre participation aux salons, et par la nouvelle Région Aquitaine. Maisons Sud-Ouest France est un modèle validé par la Région", résume Jean-Pierre Raynaud.

Organisation de journées d'information pays et marchés, coordination de la participation des entreprises aux salons et manifestations en France et à l'étranger, et programmation de rendez-vous d'acheteurs sont les trois expertises de l'Aapra à l'export. L'an dernier l'association a développé avec CCI International Aquitaine (l'outil export des CCI développé avec la Région) le programme "Agroalimentaire et vins et spiritueux". Reconnaissance indiscutable, l'Aapra a également été intégrée au Programme régional d'actions collectives (Prac), au Comité technique export (CTEX) et au Schéma régional de développement économique d'innovation et d'internationalisation (SRDEII)...

"Toutes les conditions sont aujourd'hui réunies pour réussir d'ici 2017 la fusion à trois régions", s'est ainsi réjoui Jean-Pierre Raynaud.

6e édition du Festival des vins de Bordeaux et d'Aquitaine à Wuhan en octobre 2015 (DR)

Poursuite des opérations en Chine

Il n'en reste pas moins qu'en 2015, et malgré son rayonnement régional, l'Aapra a surtout mobilisé les professionnels girondins des vins et spiritueux. Les entreprises de ce secteur ont ainsi été 409 à bénéficier du soutien de l'Aapra, sur 562 : les 153 autres venant de l'agroalimentaire. Globalement 355 entreprises girondines ont participé aux actions de l'Aapra l'an dernier, sur un total de 501, devant celles de Dordogne (57), Lot-et-Garonne (40), Pyrénées-Atlantiques (33) et Landes (16). Des accompagnements qui ont en particulier porté sur la participation à Vinexpo Hongkong et Prowein, à Düsseldorf (nord de l'Allemagne). L'Aapra soutient les filières agroalimentaires, par le biais d'actions de communication, mais s'implique aussi dans des opérations plus originales dont la création en 2013 de Maison Sud-Ouest France est emblématique. Développée en collaboration par les anciennes régions Aquitaine et Midi-Pyrénées, Maison Sud-Ouest (MSO) France promeut en Chine, où traçabilité et sécurité alimentaire sont devenues une préoccupation, les produits du terroir du Sud-Ouest (mets et vins), en s'appuyant sur Golden Leaves, opérateur chinois qui aménage sur place les structures immobilières nécessaires. La startup Beexi a de son côté développé un portail Internet sécurisé centré sur l'import/export des mets et vins du Sud-Ouest en Chine.

Partie de Wuhan, dans la province du Hubeï, où la Région Aquitaine est représentée depuis plusieurs années, cette initiative, qui est activement soutenue par la société franco-chinoise Chen di Partners, à Bordeaux, s'est étendue à Chengdu, au Sichuan. Ces deux capitales régionales ont vu se créer au total sept enseignes Maison Sud-Ouest : de grands restaurants chics centrés sur la découvertes des vins et mets des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. Tandis que six "corners" dédiés aux vins de Bordeaux ont été ouverts dans le Hubeï, chez des détaillants en alcool et tabac et dans des supermarchés à Wuhan, Shiyan et Jingzhou. Un terrain que l'Aapra va continuer à labourer : toujours avec des partenaires midi-pyrénéens ?