Demain, quel monde du vin ?

La remise des Talents du vin 2016 de La Tribune, à Bordeaux, a été l’occasion d’une table ronde autour de la question "Demain, quel monde du vin ?", où il a notamment été question d'innovation.
Dominique Forget (INRA), Philippe Rodhain (IP Sphère), Thierry Hiere (Banque populaire Aquitaine Centre Atlantique), Emmanuel Cruse, qui représentait Jacky Lorenzetti, Jacques-Olivier Pesme (Wine & Spirits Academy de Kedge Business School), Gilles Brianceau (Bordeaux Aquitaine Inno'vin), et Pascal Rabiller (La Tribune)

En ouverture de la remise des Talents du vin 2016, organisés par La Tribune à la Banque populaire Centre Atlantique à Bordeaux, une table ronde proposait aux quelque 150 invités de réfléchir à la question "Demain, quel monde du vin ?", autour des interventions d'Emmanuel Cruse, qui représentait Jacky Lorenzetti, lauréat du Prix Talent de l'année ; Gilles Brianceau, directeur de Bordeaux Aquitaine Inno'vin ; Dominique Forget, ingénieur de recherches, directeur de l'Unité expérimentale viticole de l'INRA de Bordeaux dont fait partie le Château Couhins, cru classé de Graves ; Thierry Hiere, responsable animation des partenariats à la Banque populaire Aquitaine Centre Atlantique ; Jacques-Olivier Pesme, directeur de la Wine & Spirits Academy de Kedge Business School ; Philippe Rodhain, conseiller en propriété industrielle, associé fondateur d'IP Sphère.

Ouvrant les débats, Jacques-Olivier Pesme, directeur de la Wine & Spirits Academy de Kedge Business School, rappelait la grande évolution déjà constatée ces dernières années, avec la multiplication des pays producteurs de vin (une centaine aujourd'hui dans le monde) :

"Toute région structurée se pose la question de la formation, c'est la résultante d'un secteur d'activité qui bouge, est moderne, et est perçu comme un secteur attractif. Seize ans après la création de la première formation vin par Kedge, des dizaines de formation existent : la demande est énorme. Aujourd'hui dans le vin, la demande dépasse largement le nombre de places. Les enseignements évoluent par rapport nouvelles attentes, à la connaissance du consommateur, au digital, aux nouveaux marchés, notamment en Chine, au changement climatique."

Cette question du changement climatique qui va forcément impacter la production dans les années à venir a été abordée par Dominique Forget, ingénieur de recherches, directeur de l'Unité expérimentale viticole de l'INRA de Bordeaux dont fait partie le Château Couhins, cru classé de Graves, au même titre que celle des pesticides :

"Il faut 15 ans pour sélectionner une variété, c'est très long, la difficulté pour un chercheur, c'est d'anticiper la demande des professionnels, de la société, on l'a eu fait. Cela explique pourquoi on n'a pas de variété résistante en catalogue, alors qu'ailleurs, c'est fait. A l'Inra, les chercheurs ont arrêté d'y travailler faute de soutien public et de la profession. L'intérêt d'avoir suspendu ces recherches, c'est que maintenant on a des connaissances en génomique par exemple qui permettent de développer des variétés multi-résistantes et d'évaluer la durabilité de ces résistances."

Il a témoigné des progrès dans ce domaine, tout en nuançant : "Si on met 20 % de variétés résistantes, cela fait baisser par 4 ou 5 la quantité des intrants. C'est la disponibilité du matériel, c'est-à-dire des plants de vigne, qui freine, il n'y en n'a pas assez pour tout le monde. Cela va évoluer très vite, il y a une telle demande..." avant de rappeler que si "cultiver la vigne sans pesticides est possible, il ne faut pas avoir l'ambition de faire du vin avec".
En matière d'innovation, Gilles Brianceau, directeur de Bordeaux Aquitaine Inno'vin, cluster de la filière en Aquitaine Limousin Poitou-Charentes, créé en 2010 à l'initiative de la Région Aquitaine et des acteurs de la filière pour accompagner l'innovation, a rappelé que "la plupart des projets concernent la partie technique que les institutionnels préfèrent financer car c'est plus générateur d'emplois. Tous les projets ne sont pas portés par des startups." Mais c'est à ces startups que Philippe Rodhain, conseiller en propriété industrielle, associé fondateur d'IP Sphère, a choisi de s'adresser.

"Notre métier, c'est de protéger l'innovation et les marques. Quand j'ai commencé j'étais tout seul, aujourd'hui c'est tendance. La propriété intellectuelle doit être au cœur des projets d'une startup, si elle ne se préoccupe pas de son capital immatériel, elle part très mal. La propriété intellectuelle doit être au démarrage de la startup, c'est le starter de la startup. Tout se protège, comme le packaging par exemple, encore faut-il en avoir conscience. L'idée n'est pas protégeable ce qui compte, c'est d'en protéger la paternité. La protection est nécessaire à l'international."

Emmanuel Cruse représentait Jacky Lorenzetti, lauréat avec son épouse Françoise du Prix Talent de l'année pour le château Pédesclaux mais bloqué à Paris par le mouvement de grève des aiguilleurs du ciel, a pu témoigner de l'intérêt porté par les viticulteurs aux progrès de la recherche, citant l'exemple de l'utilisation des drones :

"Nous sommes en contact avec une grande marque japonaise pour cela. Cela fait partie des choses que les Lorenzetti veulent développer, dans la droite ligne de ce qu'ils ont investi à Pédesclaux. L'innovation, c'est aussi améliorer ce qui a été fait dans le passé, car il est évident que tout n'était pas mauvais..."

Thierry Hiere, responsable animation des partenariats à la Banque populaire Aquitaine Centre Atlantique, qui compte 1.800 clients viticulteurs sur l'équivalent du nouveau périmètre Aquitaine Limousin Poitou-Charentes, n'a pas dit le contraire quand il s'attachait à parler du financement. Si le crowdfunding se développe dans tous les secteurs d'activité, il a rappelé que, dans l'esprit, il n'y a rien de nouveau :

"Cela existe depuis longtemps à Bordeaux en fait, c'est le GFA investisseurs. On perd beaucoup d'exploitations, il y a une concentration, ça nécessite beaucoup de capitaux, et le crowdfunding peut venir en complément."

Pour finir sur une note d'actualité, Emmanuel Cruse a salué la reconnaissance par la Chine de 45 appellations bordelaises, qui avait été annoncée le matin même :

"Ce marché aujourd'hui, nous n'avons même pas encore vu son potentiel, dit Emmanuel Cruse. Il faut tirer un grand coup de chapeau à nos instances du CIVB qui nous ont très bien défendu."

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Commentaire 1
à écrit le 06/06/2016 à 16:23
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Un plateau exclusivement masculin pour une réflexion sur l'avenir du monde du vin.. Pas très innovant tout ça..

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