La concentration qui coupe l’appétit à la filière alimentaire

1er employeur industriel français (495.000 emplois), fortement excédentaire commercialement (9,2 Md€), le secteur alimentaire, via l’Ania (Association nationale des industries Alimentaires) tire un signal d’alarme : la concentration des centrales d’achats de la distribution menacerait sa pérennité.
Selon l'Ania, la concentration des centrales d’achats de la distribution menacerait la pérennité de l'industrie alimentaire

En Aquitaine, le secteur de l'industrie alimentaire emploie 23.000 personnes, ses 700 entreprises génèrent 6,4 Md€ de CA annuel... sans compter les chiffres de la filière vin. A  l'image des performances à l'export de la filière nationale, l'industrie alimentaire aquitaine est forte, avec 2Md€, d'un excédent commercial. Des chiffres qui ne suffisent pas à rassurer l'Ania, Association des industries alimentaires qui rassemble 20 fédérations nationales, 23 associations régionales et, au total, 11.800 entreprises en France.
Face à la concentration, en cours, des centrales d'achat des grands groupes de distribution, avec le rapprochement, annoncé hier et qui entrera en vigueur dès les négociations d'achats 2015, entre Intermarché et Casino, d'une part et, d'autre part Auchan et Système U, qui ont initié le mouvement il y a un mois, l'Ania craint un renforcement de la course aux prix les plus bas qui pèse sur la rentabilité d'un secteur qui n'aurait plus beaucoup de marge de manœuvre.
Aux arguments de la distribution : "L'objectif des rapprochements vise à optimiser les achats réalisés auprès des grandes marques alimentaires uniquement  tout en améliorant l'offre de service aux fournisseurs", ces derniers opposent que "désormais quatre acteurs concentrent 90 % de parts de marché ce qui nous fait craindre une amplification de la guerre des prix."

Douche écossaise pour l'alimentaire ?

Les industriels de l'alimentaire estiment qu'au travers de ces décisions stratégiques prises par la  distribution, celle-ci "signe un fin de non-recevoir aux avertissements lancés il y a quelques mois par les ministres sur la spirale déflationniste dans laquelle est engagée l'alimentaire".
Ces rapprochements sont d'autant plus mal vécus qu'il y a quelques semaines, des déclarations positives de la distribution, alors que les négociations "2015" entre distributeurs et fournisseurs démarraient tout juste, donnaient l''impression d'une sortie de crise. "Nous espérions que la voie du prix le plus juste allait être choisie, mais nous voyons surtout que c'est celle du prix le plus bas qui est prise par la distribution" regrette Jean-Philippe Girard, président de l'Ania, qui, au travers de cette réaction pose aussi des jalons pour la réunion de concertation qui démarrera prochainement, à l'initiative des ministres Le Foll et Macron. Cette réunion, pour l'Ania, devrait être l'occasion de "construire un modèle économique alimentaire pérenne prenant en comptes les attentes des consommateurs, la préservation des emplois de la filière alimentaire et la compétitivité des entreprises".  
Le menu est appétissant, reste à savoir si tous les convives se tiendront bien à table.

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